Robert Sapienza

J'avais sept ans quand j'ai fait la traversée de l’océan de Naples à Halifax à bord du Saturnia (de l'Italian Line). J'étais en compagnie de ma mère et de mon frère alors âgé de deux mois. Mon père avait quitté l'Europe l'année précédente à bord du Samaria (de la Cunard) depuis Southampton. Notre destination finale était Montréal, où je vis depuis. Je me rappelle encore de l'accueil que nous avons eu à Halifax en une chaude journée de mai. Venant de Rome, j'ai été plutôt étonné par la petite taille de la ville. Lors de notre passage aux douanes, mon petit frère a été placé dans une pouponnière tenue par ce qui semblait être du personnel de la Croix-Rouge. Je me souviens encore de la panique de ma mère pensant qu'elle avait perdu son petit bébé. Elle ne parlait pas anglais, mais heureusement, un peu plus tard grâce à l'aide d'un interprète, nous avons pu retrouver mon petit frère perdu.

Nous avons dit « au revoir » à Halifax avant d'être « chargés » à bord d'un train au charbon en mauvais état rempli d'immigrants qui allait nous conduire à Montréal. Nous avons été fort étonnés des conditions inhumaines à bord de ce train qui ressemblaient à celles que nous avions vues dans les films de cow-boys en Europe. Je me souviens être arrivé à la gare Centrale de Montréal couvert de suie !

Aujourd'hui, je repense à cette traversée de l'océan et à mon arrivée dans ce pays d'adoption avec amour et gratitude pour la vie que je me suis fièrement donnée à titre de Canadien.