Mary Alati

Le 9 mai 1955

Ma mère, ma sœur, mon petit frère et moi sommes arrivés à Halifax le 9 mai 1955 à bord de l’Olympia en tant qu’immigrants admis parrainés par notre père. Je me souviens avoir regardé les tramways pendant de longues périodes de temps par la fenêtre de notre chambre sur la rue College – qui deviendrait, il y a plusieurs années, la « Petite Italie ». Il n’était pas facile pour mes parents d’élever cinq enfants. Nous nous en sommes bien sortis. Mon père a été très fier de devenir citoyen canadien en 1955 et ma mère, en 1957. Durant la vingtaine, j'ai donné moi-même des cours d'instruction civique.

Mon père a appris l'anglais très rapidement et nous avons bien réussi. Nous, les enfants, avons excellé à l'école, rendant nos parents très fiers. Nous n'avons jamais eu de vacances, de télévision ou de jouets, mais il y avait beaucoup d'amour et de rires; nous ne nous ennuyions jamais. Nos vacances consistaient à aller à Centre Island, au pied de la rue Bay, à High Park et au zoo. Ma mère organisait les meilleures fêtes d'anniversaire (comme tous mes amis canadiens aimaient la cuisine italienne, il n'était pas rare que 20 camarades de classe soient présents à mon anniversaire).

Malheureusement, mon père a eu une attaque à 54 ans et la vie est devenue difficile une fois de plus. Il est décédé d'une pneumonie en 1987 à l'âge de 69 ans. L'urgence de l'hôpital l’avait renvoyé à la maison un certain soir (en raison du manque de lits), mais l’avait réadmis le lendemain; il allait mourir quelques jours plus tard. C'était en 1987 et il n'y avait pas de lit.

Il nous a appris à être honnêtes, à travailler fort, à être fiers de ce grand pays et à nous souvenir de notre patrimoine. Je suis allée en Italie en 1969 pour ma lune de miel et pour rencontrer mon grand-père, mes tantes, mes oncles, ma belle-mère et mon beau-père. J’y suis retournée en 1981 avec notre fils de neuf ans pour lui montrer d’où ses grands-parents étaient originaires. Nous parlons tous couramment le français et l'italien.

Nous sommes TRÈS FIERS D'ÊTRE CANADIENS !

Je me souviens du long trajet en train nous menant à Toronto et de l’énorme gare Union. J'ai pleuré lorsque j'ai quitté notre belle ville en Italie. Je ne voulais pas perdre mes camarades de classe (j'étais alors en première année). La seule raison qui me motivait à partir est que j’allais pouvoir revoir mon père qui me manquait beaucoup. J'écrivais à mon père chaque semaine. J'avais aussi un oncle merveilleux qui était artiste et photographe. Il était comme un deuxième père. Il est venu vivre aux États-Unis de nombreuses années plus tard. J'étais heureuse que mon père ait choisi le Canada plutôt que les États-Unis. Il avait des frères et des sœurs qui vivaient aux États-Unis depuis 1929 et certains d’entre eux l'avaient parrainé après la guerre. Mon père avait dû se battre contre ses propres frères au cours de la Deuxième Guerre mondiale. La guerre est une chose terrible et c'est l’une des raisons pour lesquelles j'aime ce pays. Mon père avait dû quitter son pays à cause de la dévastation et de la pauvreté causée par la guerre. La vie et les conditions météo étaient difficiles pour lui. Il s'est retrouvé dans ce pays étrange avec seulement une valise et les souvenirs de ses enfants. Son premier fils est né après son arrivée au Canada. Il devait quémander du travail pendant la période économique difficile (il était ébéniste).

J'ai continué à étudier l'italien et le français durant toutes mes années d’école. J'ai enseigné les langues internationales, l’anglais langue seconde (ALS) et j’ai donné des cours d'instruction civique à la Commission des écoles catholiques, à temps partiel, pendant 20 ans.

Quand j'ai rejoint les Services correctionnels du gouvernement provincial en 1977, j'ai dû faire mon CIPC et mon père m'a alors donné les détails de l'endroit où nous étions arrivés, le nom de notre bateau, etc. Je vous remercie de m'avoir permis de partager ce récit avec vous.