Antonino Masciotra

Mars 1955

Mon nom est Antonino Masciotra. Ma sœur Giacomina et moi sommes arrivés à Halifax à titre d'immigrants avec nos parents le 7 mars 1955. Nous avons voyagé à bord du SS Saturnia depuis Naples, en Italie, jusqu’à Palerme, à Gênes, au Portugal et, enfin, à Halifax. Quand nous avons débarqué, nous avions l’air d’un troupeau. Mes parents se souviennent de cette journée-là et disent qu'ils ne l'oublieront jamais. Ils ne savaient pas à quoi s'attendre dans un nouveau pays, avec une nouvelle langue, une nouvelle vie… avec tout de nouveau. Et tout cela en seulement 15 jours ! Je me souviens de ma mère Ernestina qui s'inquiétait pour la nourriture, puis pour le boulot, puis pour la façon de payer la nourriture, puis pour savoir comment nous garder au chaud. C’était un mois de mars plutôt froid et nous n'avions pas de vêtements appropriés (l'Italie étant beaucoup plus chaude en mars !).

Nous avons attendu près de trois heures pour avoir notre carte d'embarquement qui allait nous permettre de monter à bord du train en direction de Montréal. Mais d'abord, nous devions obtenir l'autorisation de la douane. Finalement, un agent de la douane ouvrit nos deux malles et coupa la corde autour de notre sac qui contenait tous nos vêtements. La plupart de nos effets personnels se retrouvèrent éparpillés sur le sol (nous avions même une couverture grise avec l'aigle allemand cousu dessus) et l'agent nous posa des questions. Mon père s’est souvenu qu'il n'y avait pas d'interprète disponible; ils étaient tous occupés avec d'autres immigrants. Il avait des papiers à remplir, mais ne savait pas comment. Mon père s’est aussi rappelé qu'un haut responsable, tout souriant, les aida en utilisant le langage des signes.

Lors de notre voyage jusqu’à Montréal, nous avons vu des petits villages avec des petites maisons. Je me souviens de ma mère demandant « la casetta au Canada? ». Et elle s’inquiétait à propos du chauffage dans ces petites maisons. Je me souviens de mon père Vincenzo disant à ma mère : « Ne t’inquiète pas ! Regarde, ils ont des cheminées et il y a de la fumée qui en sort… il doit faire chaud à l’intérieur ! » Ah le Canada ! Mon grand-père nous disait toujours : « Un paradis et une terre d’opportunités ».