Stephen Csibor

Général

Navire : Saxonia. Quand nous avons quitté la Hongrie, nous avons dû tout laisser derrière nous et l'argent que nous avions n'avait aucune valeur à l'extérieur du pays. Les vêtements que nous portions ne nous allaient pas bien. Nous avions obtenu des vêtements et des chaussures usagés en Autriche, car les nôtres avaient été ruinés pendant notre évasion. Notre seule richesse, c’était les 15 dollars (5 dollars chacun) que nous avions reçus lorsque nous sommes arrivés à Halifax. Et nous ne connaissions que deux mots anglais : « Yes » et « No ».

Nous sommes restés à Halifax, dans un bâtiment gouvernemental, pendant environ six semaines. Pendant cette période, j'ai emprunté un dictionnaire hongrois-anglais et un livre de grammaire que j'étudiais le soir. Le propriétaire des livres les étudiait le jour. J'ai créé mon propre livre de grammaire et de mots appris. C’était, à mes yeux, essentiel pour une communication de base. Au milieu de mars, nous sommes partis pour Montréal et avons vécu dans un couvent. Mon anglais était maintenant assez bon pour être en mesure de rechercher et trouver un emploi par moi-même. À la fin de mars, j'ai commencé à travailler comme dessinateur au bureau technique de la Compagnie pétrolière impériale Ltée. En mai, nous avons loué un appartement. Enfin, nous avions un endroit que nous pouvions appeler la maison !

J'ai pris des cours du soir et étudié l'anglais à l'Université McGill. Au cours des années suivantes, tout en utilisant mon expérience passée en tant qu’ingénieur, j’ai continuellement amélioré mes compétences en ingénierie et progressivement, ma position professionnelle s’est élevée, tout comme mon niveau de responsabilité. Je suis finalement devenu directeur de département et ingénieur civil en chef et pendant 15 ans, j'ai dirigé un département de 60 ingénieurs et membres du personnel technique pour Ebasco/Ebastec Lavalin Inc. Ma femme n’a pas eu l’occasion d'aller à l'école et d'étudier l’anglais car elle avait un emploi durant le jour et s’occupait de toutes les tâches ménagères. Elle a appris la langue en parlant avec les gens. Durant les 17 dernières années de sa carrière, elle a travaillé comme employée de bureau dans un poste de responsabilité au siège social de la Compagnie d'assurances La Prudentielle, à Toronto. Notre fils Tom est devenu concepteur de programmes informatiques. Nous profitons aujourd’hui de notre retraite et regardons le passé avec nostalgie. Nous pensons à ce fameux jour où nous avons vu pour la première fois le Quai 21 et le Canada, une terre de promesses pour beaucoup de gens comme nous.