Le mois de novembre est l’occasion de se souvenir et d’honorer le sacrifice de ceux qui ont servi notre pays. Mais c’est aussi l’occasion de réfléchir à la guerre et à ses effets.
Différents impacts
Depuis bien avant la Confédération, les guerres affectaient les migrations vers le territoire aujourd’hui connu sous le nom de Canada. Pour commencer, les guerres et leurs conséquences ont poussé des centaines de milliers de personnes, y compris des réfugiés, à chercher une vie meilleure et plus sécuritaire au Canada. Certaines personnes cherchant à éviter le service militaire, que ce soit pour leur sécurité ou pour des raisons de conscience, sont venues ici lorsque le Canada leur a offert cette possibilité. La guerre a aussi influencé la politique en matière d’immigration : dans certains cas, les restrictions sont devenues plus strictes, dans d’autres, la politique d’immigration est devenue plus ouverte.
La guerre comme moteur des migrations
La guerre, et la nécessité d’y échapper, a été l’un des principaux moteurs des migrations tout au long de l’histoire de l’humanité. Dans le contexte canadien, les conditions d’après-guerre en Europe ont incité de nombreuses personnes à venir ici pour chercher une vie meilleure. Au cours de ce conflit, de nombreux soldats canadiens ont épousé des femmes qu’ils avaient rencontrées à l’étranger. Venues principalement de Grande-Bretagne, 48 000 femmes et 22 000 enfants sont ainsi arrivés au Canada.
Si l’on remonte dans le temps, après la Première Guerre mondiale, les programmes d’installation des soldats ont facilité l’arrivée des anciens combattants britanniques. Mais ces programmes n’étaient pas offerts à tous les vétérans. Les soldats originaires des Caraïbes qui avaient pourtant combattu pour la Couronne britannique ont été refusés en raison de leur race.
Si l’on remonte encore plus loin, au lendemain des guerres napoléoniennes, près d’un million de sujets britanniques ont émigré ici sur une période de 50 ans. Avant cela, la Révolution américaine (1775-1783) a poussé 88 000 loyalistes (dont 3 500 loyalistes noirs) vers le nord, de l’autre côté de la frontière.
Les réfugiés
La guerre oblige également les gens à quitter leur foyer et à devenir des réfugiés.
Après la Première Guerre mondiale, le Canada s’est opposé à l’admission de ces personnes déplacées et apatrides. Plus tard, au cours de la période précédant la Seconde Guerre mondiale, le Canada a refusé l’appel international à accueillir davantage de réfugiés juifs fuyant les persécutions nazies.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’approche du Canada en matière d’admission des réfugiés a considérablement évolué.
À la suite de la guerre du Viêt Nam, une crise des réfugiés a vu des millions de personnes fuir non seulement le Viêt Nam, mais aussi le Cambodge et le Laos voisins. Le Canada s’est distingué en accueillant plus de 100 000 réfugiés de cette région au cours de cette période.
Le Canada a réinstallé des réfugiés fuyant d’autres conflits, dont la Révolution hongroise de 1956, la guerre de libération du Bangladesh, la récente invasion russe de l’Ukraine et les guerres civiles au Sri Lanka, au Liban, au Salvador, en Somalie, en ex-Yougoslavie et en Syrie, pour n’en citer que quelques-unes.
Pacifisme et résistants à la guerre
À différentes époques, le Canada a été un havre de paix pour les objecteurs de conscience.
Pendant la guerre du Viêt Nam, de nombreux Américains ont traversé la frontière. Au plus fort de la guerre, environ 40 000 Américains sont venus au Canada, dont beaucoup d’objecteurs qui échappaient à la conscription.
Près d’un siècle auparavant, dans les années 1870, des milliers de mennonites russes pacifistes se sont installés dans l’ouest du Canada après que le tsar Alexandre II eut révoqué leur exemption du service militaire. Le gouvernement canadien a donc signé un accord leur garantissant la même exemption. Cette exemption est devenue impopulaire lors de la Première Guerre mondiale, lorsque le sentiment populaire et la propagande ont encouragé les hommes admissibles à s’enrôler et ont fait honte à ceux qui ne le faisaient pas.
Guerre et changements politiques
La guerre peut entraîner des changements de politique susceptibles d’accroître ou de restreindre l’immigration.
Les soldats rentrant chez eux après la Première Guerre mondiale ont créé un excédent de main-d’œuvre et l’immigration n’a plus été nécessaire pour combler les postes vacants. C’est en partie pour cette raison que la politique d’immigration est devenue beaucoup plus restrictive. . Des groupes comme les mennonites ont été exclus; ce changement de politique a été effectué pour diverses raisons, mais en partie parce qu’ils étaient considérés comme n’ayant pas contribué à l’effort de guerre.
En revanche, le service militaire a été un moyen d’ouvrir l’immigration à des groupes spécifiques. Les Canadiens d’origine chinoise qui ont servi pendant la Seconde Guerre mondiale ont joué un rôle déterminant dans la revendication de droits (notamment le droit de vote) et dans la levée de ce qui était essentiellement une interdiction de l’immigration chinoise.
Pour ne pas oublier
La guerre, la paix et l’objection de conscience au service militaire ont longtemps été des facteurs importants pour les personnes qui ont choisi le Canada. Alors que nous nous souvenons et rendons hommage à ceux qui ont servi le Canada au combat, il convient également de rappeler que le Canada a également été, et continue d’être, un refuge pour ceux qui fuient la violence et les bouleversements de la guerre.