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(Traduit d'anglais)
10 janvier 2010. Presque minuit, une famille de 5 arrive à Moncton au Nouveau-Brunswick et une fois que la porte principale de l’aéroport s’ouvre… Beaucoup de neige, une journée sombre et venteuse et peut-être à cause du stress du voyage, j’ai senti cette nuit comme la plus froide de toute ma vie. Ma première pensée a été : « Qu’est-ce que nous avons fait ? »
Plusieurs fois, les Canadiens et les Canadiennes nous demandent : « Pourquoi ? » « Pourquoi une personne décide de laisser sa vie derrière ? »
Nos vies n’étaient pas faciles en Bolivie. C’est un pays en voie de développement qui présente des défis à venir. Souvent les gens n’étaient pas d’accord avec les décisions du gouvernement et ils protestaient dans les rues. Ma femme Cinthia et moi étions propriétaires d’un restaurant au centre-ville de La Paz. Je me souviens qu’un jour, à cause des protestations, nous avons dû fermer les portes pour presqu’un mois. C’était difficile de maintenir notre affaire. Nous avions l’habitude d’acheter des boîtes de légumes pour le restaurant. Un jour le coût pouvait être de 20 dollars et la semaine suivante de 100.
Nous étions certains que nous voulions une autre sorte de vie, une meilleure vie, avec plus d’opportunités, une vie plus juste, pas seulement pour nos enfants mais aussi pour nous. Nous savons que comme première génération d’immigrants, nous allons en payer le prix mais le prix est bien peu en comparaison avec les grandes choses que nous recevrons chaque jour au Canada.
Tout d’abord, c’était vraiment étrange de voir des personnes sourire partout, des personnes qui vous souhaitent une bonne journée sans raison, des personnes qui sont toujours prêtes à vous aider.
Nous avons rencontré Bob et Carmen, le plus généreux et le plus charmant couple marié et maintenant, nous les considérons comme les grands-parents canadiens de mes enfants et Anne, une bénévole qui a donné son cœur et son temps pour aider mes enfants à l’école.
Je me souviens d’une journée après quelques mois que nous vivions ici, un de mes enfants m’a dit : « Papa, je m’ennuie vraiment de ma famille, je m’ennuie de ma grand-maman, je m’ennuie de mes amis. S’il vous plaît, pouvons-nous retourner en Bolivie ? » Mon cœur s’est brisé à ce moment. Je pouvais sentir que peut-être ils étaient en train de souffrir de ma décision d’avoir immigré au Canada. Nous venions de grandes familles, nous nous ennuyions de tous à chaque jour, et bien sûr nous nous ennuyions de notre pays d’origine et de nos amis. Mais, presqu’une année plus tard, mes enfants m’ont dit : « Papa, nous ne pouvons nous imaginer vivre ailleurs qu’au Canada. »
Maintenant, notre maison est ici, à cet endroit qui nous défie à chaque jour, qui nous offre un nouvel avenir à chaque moment. Nous apprécions l’amour et l’aide donnés généreusement par plusieurs amis et personnes que nous avons rencontrés. Nous remercions toujours Dieu de nous avoir donné le courage d’immigrer et la sagesse d’avoir choisi le Canada.
Je suis très fier de venir du beau pays appelé Bolivie parce que j’y suis né et j’adore le Canada parce que j’y suis né à nouveau.