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(Traduit d'anglais)
C’était formidable de revenir au Mexique après deux ans de vie au Canada : nous avons revu notre famille, nous avons profité de notre maison avec notre fils… C’était un rêve devenu réalité, non ? Eh bien, la réalité nous a frappés de plein fouet ! Des soldats étaient dans les rues. Le gouvernement mexicain était en guerre avec le cartel de la drogue et nous avons trouvé une réalité bien différente de notre beau pays. Je vivais dans une maison, à la campagne, entourée d’arbres fruitiers et sans voisins proches. C’était un paradis. Mais maintenant, me rendre à ma maison chaque jour était différent : regarder dans le rétroviseur, prier pour que personne ne nous suive, prier pour que je ne sois pas kidnappée. Mon amie Laura… elle a quitté sa maison et elle n’est jamais revenue. Sa voiture a été retrouvée brûlée, personne n’a demandé de rançon… Sa famille est toujours à sa recherche.
Nous ne pouvons pas continuer à vivre de cette façon. Bien sûr, nous avions eu tout. J’avais deux emplois incroyables, j’étais architecte et travaillais également comme productrice radio. Mon mari était professeur à l’Université de Colima, et il aimait lui aussi son travail. Nous avions des personnes qui aidaient aux corvées de la maison. Nous vivions notre rêve américain, non ? Nos amis et la famille nous ont dit que les choses changeraient bientôt... mais quand ? Nous avons pris la décision de revenir au Canada.
Mon mari a été embauché par l’Algoma University, à Sault Sainte-Marie, en tant que professeur. Il n’a pas eu de grand changement dans sa vie professionnelle. Pour moi, ç’a été différent. Je ne peux pas travailler comme architecte au Canada sans obtenir ma licence, et travailler dans une station de radio en anglais, ce n’était pas facile non plus. J’ai donc décidé d’utiliser mes compétences et connaissances et de les appliquer dans une nouvelle profession au Canada. J’ai été vraiment chanceuse car j’ai trouvé un emploi comme conseillère en établissement. J’aide les gens et c’est quelque chose que j’aime vraiment faire.
La première fois que j’étais assise dans mon salon et que j’ai vu un groupe de cinq enfants marchant vers l’école tout en riant et en s’amusant, sans aucune supervision adulte parce qu’ils sont en sécurité dans les rues, j’ai su que c’était la vie que je voulais pour mon fils. Il a le droit de marcher librement et en toute sécurité dans la rue. Aujourd’hui, je n’ai plus le style de vie que j’avais au Mexique, mais j’aime beaucoup ma vie maintenant. J’ai retrouvé la paix.
La semaine dernière, j’étais au Mexique pour visiter ma famille. Je pense que maintenant, on s’en va dans la bonne direction. Pour la première fois, je me sentais en sécurité en marchant dans la rue. Mais j’ai réalisé que je n’appartiens plus au Mexique. Mon chez-moi est maintenant au Canada.