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(Traduit d'anglais)
Je me suis retrouvé réfugié pendant 10 ans au Bénin, à la suite de ce qui m’est arrivé en tant qu’Ogoni par le gouvernement du Nigéria. Je suis à jamais un disciple de Ken Saro Wiwa, un leader du peuple Ogoni. Quand il était vivant, il parlait de la dégradation de l’environnement résultant de la prospection pétrolière par la compagnie Shell et qui durait depuis plusieurs années sur le territoire ogoni. Il a fondé le mouvement pour la survie du peuple Ogoni (MOSOP ou Movement for the Survival of the Ogoni People).
Je me suis joint à cette croisade de Ken Saro Wiwa et comme résultat de cela, je suis devenu une menace pour le gouvernement du Nigéria. J’ai été arrêté et détenu pendant plusieurs mois. Mon peuple a dû leur verser de l’argent pour me libérer. Même après avoir été libéré, je n’ai pas arrêté de suivre Ken Saro Wiwa. Encore une fois, ils ont commencé à me menacer. De ce fait, je suis entré dans la clandestinité. Je devais trouver un moyen de traverser en République du Bénin. C’est quand je suis arrivé au Bénin que j’ai fini par comprendre qu’ils avaient tué Ken Saro Wiwa, ainsi que huit autres personnes, le 10 novembre 1995. Cette date est célébrée chaque année en tant que Journée des héros tombés au combat par le peuple Ogoni du monde entier.
Quand je suis arrivé dans le camp de réfugiés au Bénin, je me suis inscrit au sein du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Dans le camp, nous vivions dans une pauvreté abjecte. Pas d’argent pour acheter du savon, pour acheter de la nourriture, pour acheter quoi que ce soit. Je n’ai pas vu mes parents pendant de nombreuses années. Lorsqu’ils sont décédés, je n’ai pas pu être là pour leur enterrement. J’ai continué de prier pour obtenir direction, patience et sagesse. Les Béninois me disaient que le Nigéria était leur grand frère. Ils ne participeraient pas à quoi que ce soit qui susciterait la colère du Nigéria. Il m’a donc fallu dix ans avant de sortir de ce camp et être en mesure de venir au Canada.
Je suis arrivé à St. John's de Terre-Neuve en 2008. Tout le monde disait qu’il n’y avait pas d’emploi à Saint-Jean. Je n’arrivais pas à payer mes factures. Je suis donc allé à Windsor. Mais je ne réussissais pas à payer mes factures là-bas non plus. Je ne pouvais pas rembourser l’argent que je devais au gouvernement du Canada pour mon billet d’avion. Je suis tombé en dépression. Dieu m’a dit : c’est parce que tu m’as désobéi – ce n’est pas là où je t’ai envoyé. Je suis donc retourné à Saint-Jean. Ma vie ici est absolument remplie de belles choses.
J’ai laissé mon peuple Ogoni dans le camp de réfugiés en Afrique de l’Ouest. À ce jour, ils sont toujours là. Je dois réfléchir à la manière de les aider. Peut-être cette histoire que je raconte aujourd’hui fera un long parcours afin de faire de bonnes choses pour le peuple Ogoni.