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(Traduit d'anglais)
L’immigration n’a jamais été un sujet auquel je pensais beaucoup avant de commencer mon stage aux services aux immigrants de Guelph-Wellington. Après tout, je suis née et j’ai grandi au Canada.
En revanche, mes parents eux étaient des immigrants, nés et élevés sur l’autre côté de la planète, dans deux cultures très différentes. Une chose qui m’a fait sentir très différente dès mon enfance est mon nom unique : Roisin est un nom traditionnel irlandais qui signifie rose foncé. C’était un mot de code durant la résistance irlandaise. On le prononce d’une façon différente de son orthographe et jamais personne ne réussissait à le dire correctement : Royzine, Raisin, Royzen... J’étais tellement gênée. Je me souviens avoir pensé « mais pourquoi donc ma mère ne m’a-t-elle pas donné un nom populaire et normal comme Jennifer ou Kelly ? ».
Grandissant à Guelph, une ville majoritairement anglo-saxonne, je me sentais différente de la plupart des filles de mon école car mon père est noir, et ma mère est blanche. J’y ai cependant rencontré ma meilleure amie dès le primaire. Elle avait elle aussi des parents immigrés venus de l’Inde. Son nom était Arpana et comme vous pouvez vous en douter, ce nom traditionnel des Indes orientales était difficile à prononcer… ce qui était également un problème pour elle, durant son enfance. Nous étions toutes les deux timides quand nous nous retrouvions dans de grands groupes et nous avions des parents très strictes, en particulier quand il s’agissait de rencontres, de vie sociale et de sorties.
Quand je suis entrée au collège, au début, j’étais très frustrée avec tous ces exercices de conscience de soi que nos professeurs de travail social nous imposaient. Je ne comprenais vraiment pas l’intérêt. Ce n’est que lorsque j’ai entrepris mon stage aux services aux immigrants que j’ai commencé à apprécier tous les devoirs d’autoréflexion que j’avais eu à faire durant mon cours. Je pensais à mes parents et à la façon dont ils ont surmonté les nombreux défis en tant qu’immigrants et comme couple interracial vivant en Angleterre dans les années 1970. Mon père étudiait en médecine et ma mère était en formation pour devenir infirmière.
Ils poursuivaient leurs rêves à une époque où la fréquentation et le mariage interraciaux étaient réprouvés. Durant leurs années en Angleterre, mes parents ont fait face aux insultes et commentaires au sujet des fréquentations en-dehors de leur race. Ensemble, mes parents ont persévéré à travers cette période difficile de leur vie et sont donc mes plus grands mentors.
Auparavant, je ne savais pas que les mêmes questions qui me gênaient et me rendaient timide feraient qu’aujourd’hui je suis fière de qui je suis. Au cours de mon stage, de nombreux clients avaient des noms différents venant de partout dans le monde, et la couleur de peau n’a jamais été un problème. Pour la première fois, je me suis sentie acceptée et entourée.