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(Traduit d'anglais)
Le Canada recherchait des techniciens spécialisés. Mon mari a proposé sa candidature et a été admis. Je l’ai rejoint un an plus tard. Nous nous sommes mariés par procuration en 1955. Je suis arrivée en 1956. Le jour où j’ai quitté l’Italie, j’avais 24 ans. C’était une petite ville. Il était très tôt. Nous avions déjà pris notre café, et c’était l’heure d’y aller. J’ai embrassé mon père et il a dit : « Je vous bénis, où que vous alliez. » Ça me faisait pleurer de le quitter. Il était toujours un père gentil, il a pris tous les bagages pour nous… il était plus silencieux. C’est la première fois qu’il me serrait dans ses bras.
Quand je suis arrivée à Halifax, nous sommes allés dans une grande salle et nous ne savions pas ce qu’ils y faisaient. Ils ont essayé de me parler : certains mots, je comprenais, d’autres non. À ce moment-là, deux dames m’ont demandé de donner du sang. Je ne comprenais pas le mot « sang ». Je ne m’étais jamais fait piquer. J’avais peur. Je ne veux pas donner. Je ne comprends pas. J’ai pensé que c’était peut-être une politique canadienne. Sur le bateau, j’ai été correcte, j’étais capable de manger. Certaines personnes n’y arrivaient pas. Je pense que c’est peut-être pour ça qu’elles m’ont demandé du sang. J’ai dit « Non ». Elles ont dit qu’au Canada, ils avaient besoin de sang. Je comprends mieux maintenant.
Nous sommes arrivés à Kemptville, en Ontario… Nous sommes les seuls Italiens. Quand nous sommes arrivés, nous ne parlions pas anglais. Les gens étaient gentils avec nous. Nous n’avons jamais eu de voiture. Nous marchions à l’église le dimanche. Les gens s’arrêtaient et nous conduisaient. En 1957, nous avons déménagé à Sault Sainte-Marie. Il y avait des Italiens et des magasins italiens. Nous vivions sur la rue Wellington. Puis, nous avons acheté une petite maison sur la rue Huron. C’était un peu difficile parce que je devais trouver des sous de plus pour acheter une pinte de lait, qui coûtait 50 cents. Ça faisait une différence. Nous avions des problèmes d’argent. Tout le monde en avait, mais nous étions heureux. J’écrivais tout le temps des lettres à ma famille. Je ne leur ai jamais parlé de mes difficultés.
J’ai eu deux garçons et quatre petits-enfants et nous sommes une famille très unie.