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(Traduit d'anglais)
J’ai déménagé à Halifax il y a six mois seulement... Il n’a pas été si difficile d’obtenir mon visa de travail au Chili. Là-bas, j’avais tous les documents, études, expériences et langue qui m’appuyaient. J’avais une histoire. Mais une fois arrivée au Canada, j’ai réalisé qu’ici, personne ne me connaissait et que je n’avais pas de passé. Ici, mes papiers étaient blancs, l’histoire de ma vie était une page blanche qui devait être réécrite, qui devait être remplie à nouveau… J’ai dû trouver des gens prêts à collaborer à ce processus de réécriture, prêts à faire confiance à quelqu’un qu'ils ne connaissaient pas—une personne qui n’avait pas de références—et qui accepteraient quand même de vous louer un endroit où vivre ou vous offrir un emploi.
Ma vie au Chili était sûre… confortable. C’était une vie académique. Je travaillais dans une maison d’édition, créant, rédigeant et publiant des manuels d’histoire pour des élèves du secondaire. J’aimais l’écriture, la richesse de la langue et rendre des idées complexes faciles à comprendre. Ma famille est très proche. J’ai des amis qui sont proches eux aussi.
Dans les domaines que je voulais développer professionnellement, vous avez besoin d’anglais. Dans ma famille, certains parlent anglais, mais je ne sais pas ce qu’ils disent lorsqu’ils pratiquent. J’écoute de la musique en anglais, mais je ne comprends pas. Après de nombreuses années à essayer de l’apprendre, j’ai pensé que la seule façon d’atteindre cet objectif serait grâce à une immersion totale. J’ai alors décidé de venir dans un pays où c’était la langue courante. L’idée était d’apprendre l’anglais en le pratiquant.
En ce moment, je travaille dans un restaurant. Nettoyer et laver la vaisselle, c’est du travail solitaire. Je ne peux pas pratiquer mon anglais comme je le voudrais. Mais ça me donne l’occasion de me forger une histoire ici. Peut-être que j’ai perdu mon passé… ou qu’il est en suspend, pour l’instant... Parfois, je voudrais reprendre ma vie d’historienne, de chercheure et d’enseignante en histoire. Parfois, j’aimerais être près de mon peuple... Mais en même temps, j’ai acquis de l’expérience à vivre à l’étranger, à connaître différentes cultures, à vivre ensemble, à apprendre une langue autre que la mienne et à reconnaître une nouvelle ville comme étant la mienne.