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(Traduit d'anglais)
Je suis né sur une ferme dans une maison en bois rond, dans les bons vieux jours de 1925, dans le quartier Minerva près de Gimli. Quand les Islandais ont émigré au Canada, on leur promettait que ça serait la « Nouvelle-Islande ». Ils pourraient établir leur propre gouvernement, et garder leurs coutumes et traditions. Quand je suis allé à l'école, je ne parlais pas l'anglais, car la langue parlée dans le quartier était surtout l'islandais.
Une vieille coutume islandaise dit qu'il faut nommer sa ferme par le prénom du propriétaire. La ferme que mon grand-père a établie en 1897 portait le nom de Vidivollum. Il leur a fallu de nombreuses années pour défricher la terre et s'établir comme agriculteurs. Il était très difficile de transporter les produits jusqu'au marché, car il n'y avait pas vraiment de routes, seulement des sentiers qui avaient été frayés. Il y avait toujours de la demande pour de la crème et des produits laitiers, mais pas pour le lait entier en raison du volume et parce qu'il n'y avait pas de système de réfrigération. Il a fallu attendre que le chemin de fer se développe jusque-là pour que les entreprises laitières viennent offrir aux producteurs la possibilité d'envoyer du lait entier sur le marché par rail. Mon grand-père a commencé à envoyer du lait entier à Winnipeg en 1915. En raison de la guerre, des dettes des années 20, de la dépression et d'une sécheresse de dix ans, il est devenu presque impossible de faire des progrès avant la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
À cette époque, j'ai eu beaucoup de chance. J'étais alors en 9e année, mais je devais trouver du travail pour faire de l'argent. Les salaires sur la ferme, dans la ville ou sur le lac étaient de 15 dollars par mois. Je voulais devenir pêcheur, mais la pêche était mauvaise et les prix aussi. Comme j'étais le seul garçon de la famille, j'ai pu reprendre la ferme familiale. Dans les premières années, j'ai acheté du bétail (des vaches laitières noires et blanches) et j'ai eu la chance de bien réussir. Et parce que j'exerçais dans le domaine, je suis devenu un juge officiel de vaches laitières. Ça m'a permis de voyager dans d'autres provinces, en Amérique du Sud et aux États-Unis.
Il y a environ 15 ans, j'ai passé la ferme à mon fils et à sa femme. J'ai acheté quelques terres plus petites non utilisées et je les ai défrichées pour en faire des terres agricoles cultivables. J'avais bien sûr de meilleurs équipements que mes grands-parents pour le faire, mais je faisais tout comme ils avaient fait de nombreuses années auparavant. Je l'ai fait parce que j'adore cultiver et j'ai pu le faire parce que je me sens encore fort et en bonne santé. J'attribue cela au fait d'avoir consommé du lait entier et beaucoup de produits laitiers toute ma vie. Mon fils est la quatrième génération d'agriculteurs dans la famille Narfason. Dans deux ans, ça fera un siècle que ma famille produit du lait pour le marché de Winnipeg.