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(Traduit d'anglais)
En 12e année à l’école, j’ai commencé à me chercher une université. Je souhaitais une expérience universitaire unique. J’ai trouvé une université d’état nationale qui se spécialisait dans les pêcheries, ce qui en soi est un domaine d’études assez rare. À ce moment-là, l’école était 100 % masculine, mais je me sentais capable de me mesurer aux garçons. J’ai alors reçu l’appel du doyen de cette école, qui me demandait de retirer ma demande ou de changer de faculté parce qu’il n’y avait aucune installation prévue pour les filles. Je lui ai répondu qu’aucune politique n’y interdisait la présence de filles et ils ont été forcés de m’admettre.
Le mariage ne faisait pas partie de mes projets. Mais tout a changé quand j’ai rencontré Hyo. Nous avions le même directeur et avons fait nos travaux de recherche ensemble. Les autres garçons me criaient des insultes, me lançaient des objets dans la salle de conférence et l’un d’eux me menaça même à la pointe du couteau. Mais Hyo m’a toujours traitée d’égal à égal. Tout de suite après notre mariage, mon beau-père nous a envoyés au Canada afin de poursuivre nos études. Je ne voulais pas y aller, mais je lui ai obéi. Une fois ici, j’ai pleuré chaque jour pendant toute la première année. Je ne connaissais pas la langue et j’avais perdu tous mes repères.
Heureusement, la science est une langue universelle. J’ai obtenu un poste à la faculté d’agriculture, au département de chimie des sols. Parmi la cohorte masculine et caucasienne des étudiants de troisième cycle, mon soutien n’était pas toujours souhaité. Et s’il y avait une erreur dans les données, on jetait toujours le blâme sur moi. Mais je savais que je n’y étais pour rien. Mon rendement scolaire avait toujours été irréprochable. Même lors des pauses café, jamais je n’étais invitée. Ce fut mon premier contact avec le racisme.
Au moment de ma première grossesse, j’ai dû abandonner mes recherches. Mais au fond de moi, J’étais féministe, chef de file et je commençais à m’impliquer. Souvent, lors des conférences de femmes, j’étais la seule parmi des femmes blanches. C’était comme si j’étais invisible. Ces expériences m’ont poussée à joindre le Comité antiracisme national de ma congrégation. Je suis devenue conférencière sur les questions des femmes à l’échelle nationale et internationale. Finalement, mon heure a sonné et je suis devenue la première femme à occuper la présidence nationale de la Korean Faith Association. Même à ce moment, des ministres masculins m’ont surnommée « le mouton noir ». Mais je me suis dit que je devais être moi-même et j’ai persévéré.
Après ma retraite, mon mari et moi avons fait une seule valise, apporté mon ordinateur portable et somme partis pour la Corée. Nous n’avions pas de projet. Nous ne savions pas ce qui allait se passer. Après deux semaines, une école m’a contacté. C’était un cadeau des cieux. Pendant les trois années suivantes, j’ai développé des programmes pour les écoles publiques. J’ai pu développer de nouveaux outils mettant l’accent sur le pouvoir d’influence des femmes et le multiculturalisme. À 72 ans, je suis devenue une toute autre personne, enrichie par le Canada et la Corée.