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(Traduit d'anglais)
Quand j'étais petite, je parlais seulement islandais avant de commencer ma première année du primaire. J'ai grandi dans l'idée que les Islandaises devaient toujours se marier à des Islandais. Mon cousin a un jour organisé un rendez-vous surprise à une soirée de Noël entre moi et… un Ukrainien. En le voyant, j'ai eu le souffle coupé ! Le jeune homme m'a alors demandé : « Voulez-vous danser ? J'ai entendu dire que les Islandais aimaient la valse. » Rigide comme un poteau, remplie de peur au ventre, je me suis levée pour danser une valse avec lui… et c'est comme ça que ma nouvelle vie a commencé.
Quand j'ai dit à ma famille que nous sortions ensemble, ils étaient sous le choc. Ils m'ont dit : « Ne me dis pas que tu vas te marier avec un de ceux qui vivent dans le jardin et qui ont des chiens qui aboient à la porte ». Sa famille lui a dit : « À partir de maintenant, on ne parlera plus des guerres entre les Islandais et les Ukrainiens. » Nous faisions face à un grand défi !
Sur certains points, nos deux cultures pouvaient sembler très différentes. Déterminés à surmonter ces problèmes, nous avons décidé de travailler ensemble pour créer une famille unie.
La langue était le principal problème. Lorsque nous recevions de la visite de l'Islande, tout le monde parlait islandais, sauf mon mari. Ma famille l'avait accepté, mais avait oublié que la langue était une barrière. J'ai aussi été dans des situations où tout le monde parlait ukrainien, sauf moi. Je me suis vite sentie comme faisant partie de la famille, mais sans être totalement incluse. Après plusieurs expériences du genre, j'ai fini par m'enfuir de la maison en pleurant et j'ai dit à mon mari que je ne pouvais plus supporter ça.
C'est pour cette raison que nous avons décidé de parler seulement anglais avec nos enfants. Nous ne voulions pas d'un foyer divisé. Alors que j'ai grandi en apprenant des poèmes islandais et de la musique islandaise, ils ont suivi des cours de danse ukrainienne et de chant choral islandais. Les costumes étaient très différents les uns des autres, mais j'ai remarqué que les chaussures étaient les mêmes dans les deux cultures. Nous avons ensuite réalisé qu'en nous concentrant sur ces deux aspects, nous avons commencé à plus apprécier la culture de l'autre.
Nos enfants adoraient Noël. La veille de Noël, le côté ukrainien préparait douze plats sans viande pour le repas du soir. Le repas commençait toujours avant cinq heures ou lorsque la première étoile apparaissait dans le ciel. Après ça, tous les cadeaux étaient distribués et ouverts. Le dessert était principalement islandais et on le servait avec du chocolat chaud, de la vina terta, du rulapylsa et du jola kokur.
Mon fils s'est marié à une Islandaise. Je me suis donc occupée de lui faire connaître la culture ukrainienne. Les Ukrainiens préparent deux repas à Noël – un sans viande et l'autre avec de l'agneau fumé. Sans oublier une autre série de cadeaux !
Issus d'une famille à deux cultures, mes enfants ont appris à voir les points communs et non les différences. Ma fille est devenue professeure de musique. Quand elle a déménagé dans une région mennonite pour enseigner, elle a eu de la facilité à créer des liens avec des enfants de différentes langues, religions et coutumes. Mon fils est adjoint au maire de Gimli. Il y a 49 cultures différentes dans la région et il pratique la tolérance et l'acceptation avec tout le monde.
Mes premiers préjugés sont aujourd'hui tous disparus. Nous avons appris à nous adapter aux besoins des autres à travers les cultures. Les communautés et moi avons grandi ensemble.