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(Traduit d'anglais)
Je suis venue au Canada et ensuite, j’ai choisi d’y rester. Je ne suis pas venue en tant qu’immigrante, mais j’en suis devenue une. Je réussissais bien et j’étais heureuse dans mon pays et j’aimais ma famille et mes amis. Qu’est-ce qui a bien pu me posséder pour que je laisse tout derrière et que je demeure au Canada ?
Peu après mon arrivée en tant qu’étudiante, la situation au Venezuela se détériorait rapidement. Comme j’étais mère célibataire, j’ai réalisé que si je voulais offrir à ma fille les mêmes possibilités que j’avais eues quand j’étais petite, le Venezuela n’était pas le meilleur endroit. Choisir de rester a été une décision facile. J’aimais le peu du Canada que je connaissais. Mais ce n’était pas facile.
J’ai dû me réinventer moi-même. Au lieu de suivre le chemin que je m’étais pavé en tant que professeure d’université, je suis devenue une professeure au primaire. J’ai eu beaucoup de chance d’obtenir un emploi rapidement. C’est un peu paradoxal car je l’ai décroché non pas à cause de tous mes diplômes en sciences, mais parce que je parlais espagnol !
Laisser ma famille a été beaucoup plus difficile. J’ai grandi dans une grande famille élargie. Je passais mes étés chez mes grands-parents, on avait souvent des réunions de famille et beaucoup de gens me connaissaient et se souciaient de moi. Ici, nous n’avions pratiquement personne. Grâce à mon choix, j’étais en mesure d’offrir de nombreuses possibilités pédagogiques et matérielles à ma fille, mais j’avais le sentiment que je lui « volais » l’expérience de la famille, telle que je la connaissais.
Quand je me suis installée, j’ai découvert tant de choses sur les autres cultures sans même avoir à quitter le pays. J’ai commencé à jouer du djembé dans un groupe de musique africaine. Je suis allée à un match de hockey. J’avais un groupe d’amis du Chili, du Mexique et de la Colombie. C’était tellement drôle parfois quand nous ne pouvions pas comprendre l’espagnol de chacun à cause de son jargon local bizarre. C’est à ce moment que j’ai vraiment compris ce que le Canada était.
Quelques années passèrent et j’ai rencontré un Canadien qui est aujourd’hui mon mari. Il ne parle pas un mot d’espagnol, et jusqu’à ce qu’il nous ait rencontrées, il n’avait jamais eu aucun contact réel avec des immigrants. Je suppose que nous sommes arrivées comme une surprise pour lui. Chaque jour est une aventure dans le malentendu culturel. Il est devenu le père que ma fille n’avait jamais vraiment eu et notre petite famille s’est élargie avec sa famille et ses amis. Naviguer dans les eaux entre nos deux mondes est parfois drôle… et parfois frustrant. Mais nous apprenons beaucoup l’un de l’autre et nous bâtissons une belle vie ici, au Canada.