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(Traduit d'anglais)
Je suis d’une petite ville typique dans une belle région des prairies de l’Alberta. Vous me connaissez peut-être, j’étais la fille qui avait peur des soirées pyjamas. Bien sûr, je m’intégrais aux soirées pyjamas. J’avais la même couleur de cheveux, la même peau blanche guimauve… ou rouge brûlée par le soleil, les mêmes valeurs familiales conservatrices, les mêmes bonnes notes et les mêmes intérêts envers le softball ou la crème glacée. Cependant, j’étais terrifiée car je pouvais être pointée du doigt, victime de mauvaise blagues ou de propos comme : « elle n’est pas comme nous ! ». À une soirée, toutes les filles étaient de mon école, mais appartenaient au club de l’Église Mormone. À l’autre soirée, la plupart des filles étaient de la même église Mennonite que moi, dans la ville voisine, mais avaient leur propre « vie secrète » dans leur groupe scolaire. Je voulais tellement m’intégrer que je me résignais avec horreur à dormir avec deux groupes différents, afin de consolider mon inclusion dans au moins l’un d’entre eux.
Mis à part cet embarras lié à l’appartenance, il y avait aussi quelque chose de plus profond, quelque chose qui faisait partie de mes antécédents familiaux, de quatre générations : c’était la persécution des Mennonites en Russie et en Europe de l’Est qui a mené ma famille à fuir leur ferme prospère. Ils ont dû émigrer, les mains vides, dans les Prairies canadiennes. Après s’être installés dans les fermes, mes grands-parents ont entrepris de fonder une nouvelle église Mennonite dans la ville, une église dans laquelle, lors de danses, ma grand-mère défendait ardemment l’inclusion des hommes et des femmes. Lorsque mes parents ont élu domicile dans une ville située dans la province voisine, ils ont joint l’église qui allait devenir celle de mon enfance. Quand j’étais adolescente, ils étaient en désaccord avec certains points de vue conservateurs de l’église Mennonite qui excluaient les membres de longue date. L’inclusion que je recherchais tant allait en fait bien au-delà des groupes de mon enfance.
Dès que j’ai pu le faire, j’ai réussi à « fuir » ma ville natale. J’ai dû procéder par étapes. Tout d’abord, je suis allée à seulement 50 km. Puis, en 2003, ma famille a visité l’Europe, ce qui a ouvert mon passeport et m’a dégourdie. Lorsque mes nouveaux amis de l’université m’ont invitée à une grande soirée pyjama à Beijing, en Chine, j’ai accepté. Je n’étais pas seulement invisible, mais visiblement différente. Malgré cela, je me suis sentie bienvenue et même comme en famille.
Depuis ce temps, j’ai eu le courage d’aller encore plus loin afin de travailler et d’expérimenter différentes traditions religieuses dans une grande ville canadienne, puis pour faire du bénévolat en Inde et compléter une maîtrise en Irlande, où ma communauté a grandi pour y inclure des personnes exceptionnellement généreuses et aimantes. C’est l’expérience des croyances et des idées d’autrui qui me permet de grandir et de faire mon propre espace.