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(Traduit d'anglais)
Je suis venue ici au Canada en 1984 en tant que nounou. J’ai laissé ma fille aux Philippines. Je partais à l’étranger pour pouvoir donner une bonne éducation à ma fille. Chaque mois, j’envoyais à ma sœur dix mille pesos afin de prendre soin de ma fille.
En 1986, j’ai obtenu mes papiers. J’ai parrainé ma fille pour venir au Canada. Mais ma sœur ne voulait pas me la rendre. L’immigration ne cessait de me demander où était ma fille RosaLea. Puis, l’immigration m’a dit de retourner là-bas et d’arranger les papiers de ma fille. Ma sœur retenait ses papiers et ne voulait pas les apporter à l’ambassade. Je suis partie aux Philippines pour récupérer ma fille. Je l’ai ramassée à l’école et l’ai amenée chez mes amis et le lendemain, nous sommes allées à l’ambassade du Canada. Ils m’ont demandé où je la cachais afin de lui envoyer ses papiers. J’ai donné l’adresse de mon ami puis, j’ai arrangé son passeport et je suis revenue au Canada. Je lui ai acheté un aller simple et j’ai demandé à la compagnie aérienne que les agents de bord guident ma fille. Quand elle est arrivée, je l’ai inscrite en septième année. Elle a terminé ses études secondaires et est allée au collège.
En 1989, j’ai rencontré mon mari à Villa Colombo, une salle de danse. Il n’avait pas ses papiers. Nous nous sommes donc mariés rapidement afin qu’il puisse rester avec moi dans le complexe de logements sociaux. Quand il a obtenu ses papiers en 2008, il a retiré son nom du bail. Je l’ai expulsé parce que je ne voulais pas être une menteuse aux yeux du gouvernement.
L’année dernière, j'ai dû arrêter de travailler car mon employeur est décédé. J’ai subi une chirurgie oculaire, puis au genou, et maintenant, j’ai des maux de dos. Je suis en congé d’invalidité. Je vis seule dans un logement social. Mais j’ai toujours une bonne relation avec ma fille. Elle a un bon travail maintenant, une maison, un mari et deux enfants. Jerron est âgé de 16 ans et Maya, 11. Je dis à Lea que je n’ai plus d’eau, et elle vient m’en porter une caisse… Je dis que je n’ai plus de graines de lin, et elle m’en apporte, et du papier hygiénique, tout ce dont j’ai besoin. Elle me conduit à l’hôpital – tout ce que je lui demande, elle dit ok. Deux fois par mois, ils restent avec moi, et je suis heureuse parce qu’ils aiment ça, rester avec moi.