Longueur 0:02:44
(Traduit d'anglais)
Quand nous sommes arrivés, ma compréhension de ce qui se passait n’était pas très claire… après tout, je n’avais que 8 ans. Tout ce que je savais, c’est que je venais au Canada, et que mon père m’avait dit qu’il avait un gros ours en peluche pour moi…il était aussi grand que moi! J’étais tellement excitée.
Lorsque nous sommes sortis de l’aéroport, la première chose que j’ai vue, c’est la neige et il faisait tellement froid, c’était en décembre.
Au début, ça n’a pas été facile, nous étions une famille de cinq et nous vivions dans un petit appartement.
Avec très peu d’argent, nos sorties en famille se résumaient à de très longues marches sur des pâtés de maisons, la neige allant jusqu’à nos genoux, mon père nous donnait des tablettes de chocolat Laura Secord pour nous faire tenir le coup.
C’est là l’époque que je chéris le plus : marcher, parler et jouer dans la neige sans aucun souci et sans avoir à regarder par-dessus nos épaules. Durant toutes ces années, j’étais comme un oiseau, je pouvais m’envoler où je voulais. Mais, je savais qu’il y avait quelque chose. Quand mon père parlait à ma tante, c’était de politique… et ils s’obstinaient. Chaque fois qu’ils parlaient de politique, la chicane poignait!
Quand j’avais 40 ans, j’ai demandé à mon père de me dire pourquoi nous étions venus au Canada. Alors que nous étions assis à la table de cuisine dans son chalet, il m’a raconté ce que sa vie était et combien notre famille était en danger. En 1973, le Chili vivait sous une dictature militaire. Mon père a dû se mettre à chercher une vie meilleure à l’extérieur de notre patrie. Il est venu à Toronto à la fin des années 70, sans connaître personne. Il a appris par lui-même à faire la lessive et la cuisine et il a travaillé dans n’importe quel domaine qui s’ouvrait à lui afin de pouvoir nous envoyer de l’argent pour vivre. Six mois plus tard, il envoyait l’argent nécessaire pour le rejoindre.
Je n’ai jamais remercié mon père et ma mère pour tout ce qu’ils ont abandonné en quittant leur patrie, leur famille, leurs amis, leur vie. Grâce à leurs sacrifices, j’ai eu un avenir. Une vie sans souci. À mon âge aujourd’hui, avec des enfants et des petits-enfants, je me rends compte de tout ce que mon père et ma mère ont abandonné pour moi, pour mes enfants et mes petits-enfants… qui n’auront jamais à vivre cela. Je suis bénie.