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(Traduit d'anglais)
En janvier 1945, les membres de la famille de ma mère, en tant qu’Allemands, ont quitté la Pologne par l’Ouest afin de rentrer en Allemagne pour devancer l’arrivée de l’armée soviétique qui faisaient invasion par l’Est. La famille de ma mère a été obligée de ramasser tous ses biens afin de quitter les lieux sur-le-champ trois fois. La vie n’était pas facile dans les premières années qui ont suivi la guerre: la plupart des maisons avaient été grandement détruites, l’emploi se faisait rare et il y avait des pénuries de nourriture. Une des tantes de ma mère s’était rendue au Canada peu de temps après la guerre, et elle écrivait régulièrement aux membres de la famille restés derrière à quel point il faisait bon y vivre – elle écrivait : « Vous devriez venir! ». En 1951, ma mère et sa famille, n’ayant plus rien à espérer de l’Allemagne de l’époque, ont décidé d’immigrer au Canada.
Les membres de la famille de ma mère ont été parrainés afin de venir au Canada en tant que réfugiés par la Canadian Lutheran World Relief qui a notamment payé leur traversée en bateau et leur voyage en train de Halifax à Kitchener, en Ontario. Peu de temps après leur arrivée à Kitchener, la Lutheran Relief les a aidés à se trouver un domicile, et a présenté ma mère et sa sœur à des familles pour lesquelles elles ont accepté de travailler comme domestiques pendant un an. Ma mère s’était engagée à rembourser à la Lutheran Relief la somme de 265 $. J’ai été étonnée de découvrir le reçu original dans les biens de ma mère – ils n’avaient qu’un an pour rembourser une somme qui, à l’époque, représentait beaucoup d’argent! Pour rembourser cette dette, ma mère et les cinq autres membres de sa famille vivaient tous ensemble dans deux chambres louées. Ma mère et sa sœur travaillaient comme domestiques et mon oncle travaillait comme boulanger et dans la construction. Ils ont réussi à tout rembourser dans l’année.
J’ai grandi en étant consciente de mes racines allemandes – une de ces viles Allemandes qui avait causé deux Guerres mondiales, responsable de toutes les morts et de toute la souffrance qui en a résulté. Je savais, quand j’étais enfant, qu’il y avait beaucoup d’Allemands au Canada qui n’osaient pas admettre leur origine. Ils mentaient en disant qu’ils étaient Hollandais ou Suisses. Je n’appréciais pas cela. J’ai toujours admis que j’étais Allemande, et je suis même devenue défiante quand j’étais au secondaire et à l’université. Ce n’est que depuis les dernières années que je ne ressens plus une forte réaction chez les autres lorsque je leur dis que je suis de descendance allemande. Je ressentais souvent un malaise chez les autres, alors je changeais de sujet rapidement. In 2014, l’animateur américain Jimmy Kimmel a cité un sondage qui révélait que le pays où le plus de gens dans le monde voudrait émigrer est l’Allemagne. Il a rigolé en disant : « Quel retour! » Et je sais exactement ce qu’il voulait dire!