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(Traduit d'anglais)
Ma mère est originaire des Philippines, et mon père vient de la Pologne. Ils correspondaient par courrier. Ils sont tombés amoureux et ont déménagé au Canada pour recommencer à zéro. C’est aussi simple que cela ! C’est une histoire assez mignonne en fait et, à bien des égards, très romantique. Mais en grandissant, j’ai commencé à me demander si l’amour vrai pouvait vraiment durer éternellement.
Quand mon frère et moi étions jeunes, nous étions tous les deux attachés par la taille. Chaque fois que le festival polonais venait en ville, nous y allions tous ensemble. Je me souviens encore des couleurs vives, du chant et de la musique (musique polonaise : polka). Mon père nous racontait des histoires sur son enfance, et nous mangions des mets polonais. Et il en allait de même pour les fêtes philippines auxquelles nous étions aussi invités. Ma mère était très impliquée dans la communauté philippine. Mon père nous y amenait donc pour supporter les événements et participer à des danses qu’elle organisait. Nous passions la nuit à nous mêler aux autres et à jouer à des jeux… juste être une famille.
Pendant que les années passaient, j’ai lentement commencé à voir la distance grandissante entre mes parents. Puis, rapidement, cela a conduit à dormir séparément, étant chacun à un bout de la maison et ne se parlant presque plus. J’ai commencé à me demander qu’est-ce qui a changé ? Peut-être que le passé les rattrapait enfin ? ... Peut-être qu’ils se sont lancés dans une relation dont ils ne savaient rien ? Comment les couples peuvent-ils « tomber de l’amour » ? Serait-ce parce qu’ils étaient si différents, culturellement ?
Je me souviens encore quand mon père nous amenait, mon frère et moi, en Pologne tous les cinq ans afin de visiter sa famille. Puisque mon frère et moi ne connaissions pas le polonais, c’était difficile de parler avec mes cousins, mais nous nous amusions en nous balançant sur les arbres et en jouant avec les animaux. Ma mère n’est jamais venue avec nous en Pologne. Elle dit que c’est parce qu’elle ne parle pas du tout le polonais, qu’elle n’avait aucune raison d’y aller et qu’elle ne s’y sentait pas à l’aise. À l’époque, je ne m’en faisais pas avec ça.
Aujourd’hui, étant plus âgée et en mesure de voir le monde de mes propres yeux, les choses semblent bien différentes. J’ai commencé à remarquer toute les excuses qu’ils trouvaient pour ne jamais aller ensemble dans des endroits. Il n’y avait plus de festival polonais, plus de fête philippine, plus de danse, plus de jeux... nous avons cessé d’aller où que ce soit en famille.
J’ai peur que si je démontre trop d’intérêt envers une culture, je vais perdre l’autre. Par conséquent, ce que je fais, c’est essayer de ne pas pencher d’un côté ou de l’autre et au lieu de cela, je fais juste des choses typiquement canadiennes. Car, ce ne serait pas seulement de perdre la culture, ce serait de perdre un de mes parents.