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(Traduit d'anglais)
Un après-midi, en me dirigeant à ma pratique d’athlétisme, je n’ai pas réussi à traverser la rue. Une voiture taxi a tourné et m’a fauché alors que je traversais. J’ai subi de graves blessures internes et des dommages permanents à la moelle épinière. Cet accident m’a enlevé la vie que je connaissais jusqu’alors. Pendant des mois, je me suis endormi en pleurant. Rien ne me préparait à ce qui allait survenir par la suite.
J’ai dû tout réapprendre depuis le début : comment m’habiller, aller à la salle de bains, mais chaque jour je m’apercevais que je pouvais en faire plus. Au printemps 1976, je me suis qualifié pour les Jeux paralympiques qui approchaient. Comme tous les jeunes de 20 ans, j’avais plus de confiance que d’expérience et j’ai immédiatement pris une décision qui allait changer toute ma vie. J’ai décidé de rester au Canada.
Cette année-là, les Jeux olympiques avaient lieu à Montréal et les Paralympiques, à Toronto. Avec l’aide de quelques policiers astucieux et d’un chauffeur de taxi parlant le Hongrois, en peu de temps j’étais entre bonnes mains. Les responsables de l’immigration m’ont caché dans un endroit secret et pris sous leur aile protectrice, comme dans les romans d’espionnage. Quand j’ai imaginé faire défection, je me voyais seul, incapable de parler l’anglais et dormant sur un banc dans un parc. Au lieu de tout cela, tout se déroulait tellement plus facilement.
Je me suis rapidement fait de nouveaux amis, j’ai appris l’anglais et j’ai posé mes pénates au centre-ville de Toronto. J’ai fréquenté l’école, j’ai trouvé du travail et j’ai vécu toutes sortes de nouvelles aventures que connaissent les nouveaux arrivants qui tentent de se faire une nouvelle vie. Ma défection en 1976 a provoqué une réaction en chaîne qui a fait que ma famille s’est toute établie dans l’ouest. La dernière à quitter la Hongrie fut ma grand-mère, qui a vécu jusqu’à 96 ans et est morte entourée de sa famille. Aujourd’hui je suis au Canada depuis 37 ans. Je vis simplement, mais bien. Je tente encore d’élargir mes horizons en lisant beaucoup, en faisant du bénévolat et en interagissant avec des gens de toutes sortes de cultures.
Rien ne m’avait préparé à devenir handicapé. Rien ne m’avait préparé à immigrer. Mais en quelque sorte, un nouveau départ m’a préparé pour un autre nouveau départ. Les possibilités sont immenses quand on débute une nouvelle vie.
J’ai été sauvé par mon corps jeune et en santé, par ma famille compréhensive et par mon ardent désir de vivre.