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(Traduit d'anglais)
Quand j’étais jeune, chaque fois que j’en avais la chance, je suivais toujours maman. Elle travaillait pour l’Unicef et faisait souvent de petits voyages dans les zones rurales ou les villages. J’aimais faire mes bagages, me préparer, manger vite et sauter dans la voiture de l’Unicef. J’aimais regarder par la fenêtre de la voiture de voyage et voir toutes les belles terres, les fermes et les lacs. Maman aimait aider les autres, elle aimait son travail.
Je vivais avec ma mère à la maison et mon père vivait dans une autre maison. Il est venu au Canada alors que j’avais huit ans. J’avais une grosse famille du côté de ma mère. Nous étions toujours ensemble, les jours réguliers. Les jours fériés, nous avions de grandes célébrations qui duraient toute la journée : le petit-déjeuner se tenait chez grand-maman, le dîner chez le grand-père et le souper, chez mes tantes, mes oncles ou à la maison de ma mère.
Avant de déménager, j’ai essayé d’en savoir plus sur le Canada. Je me souviens avoir choisi des livres à la bibliothèque, je regardais beaucoup de films étrangers, et mon père m’envoyait des photos et des autocollants. Il était tard dans la nuit quand je suis arrivée à Guelph. Je venais de souper et mon père m’a appelée. J’ai regardé par la fenêtre et j’ai vu la neige, cette chose blanche duveteuse que j’avais seulement vue dans les films. Cette nuit-là, avant de m’endormir, j’ai cru que je me réveillerais dans ma chambre, en Éthiopie. Ce n’est pas cela qui est arrivé !
Je savais qu’il n’y aurait pas le rassemblement de famille du vendredi. Je ne verrais pas mes amis. Le petit-déjeuner avec ma mère et le jardinage avec elle me manquaient. La terre, la pluie, la nourriture, tout me manquait. Je ne pouvais pas en apporter avec moi… et je ne pouvais pas en faire emballer et m’en faire livrer. À partir de ce moment, le Canada est passé de « là-bas » à « ici »… de manière permanente.
Après avoir vécu quatre ans ici, je suis retournée à la maison l’été dernier. Pendant deux mois, j’ai passé mon temps avec la famille proche qui m’a tellement manquée depuis que je suis partie.
Un jour, ma mère m’a accompagnée alors que je faisais du bénévolat dans une école, pour une semaine. Je n’étais pas seule à le faire, ma sœur en faisait tout autant dans la classe voisine. Je me souviens que lorsque j’étais à l'école primaire, quand nous avions la visite d’un étranger, nous tournions toujours autour pour lui poser toutes sortes de questions. Même si je suis du même sang qu’eux, ils étaient contents de nous voir quand ils ont entendu que nous venions du Canada. Le dernier jour venu, nous ne voulions pas dire au revoir, nous leur avons donné de nouveaux livres, des crayons, des stylos. Ils étaient fous de joie. Ils nous ont suivies jusqu’à la sortie de l’école, jusqu’à ce que nous embarquions dans notre taxi et ils étaient toujours là, à nous faire bye-bye, jusqu’à ce que nous ne puissions plus les voir. Je faisais ce que je faisais jadis avec maman - cette fois, c’était par moi-même. C’était comme ces visites dans les villages autrefois, comme elle avait l’habitude de m’enseigner, comme elle-même avait laissé un sourire derrière elle.