Longueur 0:02:51
(Traduit d'anglais)
Quand je vais faire un tour en Islande, je retourne chez moi et quand je reviens au Canada, je rentre à la maison. Il y a quelques années, mon fils m'a dit « maman, décide-toi. Où est notre chez nous ? ».
Quand mon mari et moi avons dit à nos familles et à nos amis que nous voulions aller au Canada pendant deux ou trois ans pour apprendre l'anglais, ils ne comprenaient pas pourquoi nous avions choisi l'Amérique. Il faut dire que des soldats de l'armée américaine étaient postés en haut de la colline de ma ville natale, et nous ne pouvions pas leur pardonner d'avoir clôturé nos meilleures terres de petits fruits.
J'ai grandi dans une petite ville de pêche en Islande, où j'ai commencé à travailler à l'âge de 10 ans à vider la morue et à saler le hareng. Nous avions même congé d'école quand les bateaux revenaient bien remplis. Personne dans notre famille n'avait jamais quitté la région.
Nous avons commencé notre aventure la veille du Jour de l'Indépendance de l'Islande, quittant ainsi notre pays, notre famille et nos amis.
Nous sommes partis avec des petits bagages à chaque doigt et notre fille avait même apporté sa grande poupée préférée nommée Ella. Nous étions pratiquement les seuls à ce moment-là à voyager avec des petits bagages à main.
Pendant que nous attendions en ligne pour passer le contrôle des passeports à New York, les pieds d'Ella se détachaient et tombaient par terre. Debout derrière ma fille, il y avait un homme très grand à la peau très noire.
Il ramassait chaque fois les pieds de la poupée pour les remettre en place. Ma fille, en souriant, lui disait « takk » (merci). Puis ma fille s'est tournée vers moi pour me dire : « Er thessi madur ekki godur altaf ad laga Ella min » (cet homme n'est pas très doué pour réparer Ella).
Quant à moi, je n'arrêtais pas de me retourner pour jeter un œil à cet homme. Je n'avais jamais vu de personnes de race noire avant, seulement dans les films.
Nous avons décidé de nous installer à Winnipeg, mais nous avons d'abord passé plusieurs jours à l'International Centre où nous avons rencontré et créé des liens d'amitié avec des gens de partout dans le monde.
J'ai passé les 23 dernières années seule et j'ai souvent voulu rentrer dans mon pays d'origine pour être avec mes sœurs et mon frère. Ils m'ont encouragée à le faire. J'ai même fait une offre sur un petit appartement. Mais les choses ne devaient pas se passer ainsi. Au lieu de cela, je retourne le plus souvent possible faire un tour dans mon pays natal.
Quand j'ai déménagé à Winnipeg, la première question que j'ai posée à une personne qu'on m'a présentée a été : « d'où es-tu ? ». Encore aujourd'hui, je pose la même question et si vous me répondez « je suis Canadien », je vais vous demander « mais quelles sont vos origines ? ».
Le Manitoba est une grande mosaïque culturelle où, tout comme moi, chacun vient d'ailleurs. Il m'a fallu 43 ans pour savoir où se trouvait mon chez-moi. Grâce à la liberté que j'ai et au pays d'où je viens, j'ai aujourd'hui la chance d'être citoyenne de deux pays.