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(Traduit d'anglais)
La guerre civile faisait rage en Haïti pendant les années entourant ma naissance à Port-au-Prince, autour de 1990. Ma mère a été forcée de me confier aux soins d’un orphelinat appelé L’arc-en-ciel d’Amour. J’ai eu l’immense chance d’être adopté par deux parents formidables. Ils ont aussi adopté un autre garçon et une fille en Haïti, donc j’avais des frères et sœurs et nous sommes partis ensemble pour le Canada.
La vie au Canada était difficile; c’était comme un conte de fées, mais j’étais la bête étrange venue d’un lointain pays que les gens n’avaient vu qu’à la télé et dans les magazines de Vision Mondiale. Un été, nous sommes allés dans un camp pour les familles ayant adopté des enfants haïtiens. La plupart des parents étaient blancs et tous les enfants étaient noirs. J’étais ravi de voir autant de familles qui ressemblaient à la mienne. Je demandais aux autres enfants : « Est-ce que les gens veulent toujours toucher vos cheveux ? Est-ce qu’ils vous regardent fixement ? » J’ai découvert que ça n’arrivait pas qu’à moi et nous en avons tous ri ensemble. Après le camp, je me sentais comme dans un rêve.
En vieillissant, je me suis davantage intéressé aux personnes de diverses origines culturelles. En déménageant à Victoria, je me suis immédiatement impliqué dans le travail auprès des immigrants. Un jour que j’utilisais les services d’un bureau d’immigration où j’allais tout le temps, j’ai aperçu la photo d’un des travailleurs de soutien, qui m’a dit qu’elle avait été prise en Haïti. Je me suis aperçu que la photo avait été prise au même orphelinat où j’avais été adopté et qu’elle était une amie de la propriétaire.
J’ai commencé à poser plus de questions à mes parents au sujet de leurs raisons de m’avoir adopté et sur ce qu’ils savaient d’Haïti. Je me suis rendu plus souvent au bureau pour parler avec la travailleuse de soutien et lui poser de plus en plus de questions sur Haïti. Elle m’a dit qu’elle connaissait un autre garçon qui venait d’arriver d’Haïti avec sa famille et que je devrais le rencontrer. Quand je l’ai rencontré, je l’ai regardé et c’était la personne le plus étrangère que je n’avais jamais vue. J’avais de la difficulté à le comprendre car son anglais était vraiment mauvais. Mais nous nous sommes revus sur le terrain de basketball et par l’entremise de la communauté, nous avons appris à mieux nous connaître.
Peu de temps après, nous passions du temps ensemble tous les jours. Il me racontait tout d’Haïti, comment c’est maintenant, comment c’était quand il était petit, la magie noire, le vaudou. Il a commencé à m’enseigner le créole. Il me disait que ma gestuelle, ou ma façon de dire les choses, étaient courantes en Haïti. Il m’a fait sentir comme si j’appartenais à quelque chose de différent et qu’un pays entier quelque part me ressemblait.