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(Traduit d'anglais)
Mon professeur de gym de neuvième année a dit que j’étais une des filles les plus rapides qu’elle ait vues depuis des années. Quand elle m’a encouragée à me joindre à l’équipe de soccer, mon anxiété a presque tout de suite commencé à augmenter. Tout ce à quoi j’arrivais à penser, c’est : qu’allait en dire ma mère. Je savais par ma sœur ainée que ma mère n’acceptait pas que les filles fassent partie d’équipes. Ma mère avait pensé se réfugier temporairement au Canada, un pays calme, pour fuir la violence en Somalie. Elle ignorait que 20 ans plus tard, elle y serait toujours.
J’étais déterminée à convaincre ma mère de me laisser me joindre à l’équipe. J’avais des réponses à toutes ses questions. Mais maman ne voulait rien entendre de tout cela. « C’est non ! Fin de la discussion »… Je sentais monter la colère en moi. Les larmes me venaient aux yeux, et je m’enfermai dans ma chambre. J’étais frustrée qu’on ne me laisse pas la même chance qu’à mes frères, celle de faire partie d’équipes sportives, tant qu’ils auraient de bonnes notes.
J’étais passionnée de sport, alors j’ai décidé en moi-même que je jouerais, quitte à le faire en cachette de ma mère. C’était compliqué de trouver des excuses à mon absence chaque fois qu’il y avait une pratique ou une partie, mais le plaisir de me trouver sur le terrain de foot compensait largement.
Tout a changé le jour où ma mère est venue me chercher à l’école. J’étais en pleine mêlée d’une partie de soccer. Je l’ai vu à la porte. Un instant, j’ai eu l’impression qu’il n’y avait qu’elle et moi dans le gymnase. J’ai ressenti un accès de nervosité en tentant d’éviter le contact visuel, mais en même temps, j’avais envie de lui démontrer mes talents. Après la partie, à ma grande surprise, elle m’a complimentée sur mon beau jeu. Cette fois, elle a écouté mes arguments. Elle a accepté que je joue, tant que cela ne nuisent pas à mes études. Maman en a reçu la preuve lors de la remise des diplômes. J’ai obtenu de nombreuses récompenses pour avoir souvent été au tableau d’honneur durant toutes mes études collégiales, mais surtout, pour mes activités dans les comités et les SPORTS.
Aujourd’hui, ma mère appuie et encourage tous mes frères et sœurs dans toutes les activités qui les intéressent. Il lui aura sans doute fallu 20 ans et de nombreuses expériences personnelles pour l’aider à comprendre que nous partagions maintenant deux cultures, deux patries. Nous pouvions nous adapter à ce pays qui ne devait être qu’un asile temporaire. Cela n’enlève rien au fait que la Somalie est aussi notre patrie.