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(Traduit d'anglais)
Maman me parlait souvent de l’endroit où je suis né. Elle me disait que j’étais né au Bhoutan, qui est un beau pays de l’Himalaya. Je ne me souviens pas d’y avoir vécu, mais je me souviens du jour où nous sommes partis, alors que je pleurais parce que j’avais faim. Mes parents n’avaient rien avec eux. Ils n’avaient rien à me donner pour manger sur le chemin du camp de réfugiés. Je peux encore ressentir la douleur de la faim.
Avec l’aide de l’UNHCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et de CARITAS-Népal, j’ai eu la chance d’étudier dans le camp de réfugiés. Quand je suis arrivé à la septième et la huitième année, ils m’ont enseigné l’histoire du Bhoutan. Nous avons appris les changements à la Loi sur la citoyenneté de 1985 : le gouvernement a interdit de se rendre dans les temples et l’enseignement de la langue népalaise. Tous les livres écrits en népalais ont été brûlés. Les citoyens s’y sont opposés et le gouvernement a utilisé les forces armées pour pousser les gens hors du pays. Plus de 70 000 personnes ont fui. Quand je pense à ce moment, ça me fait encore mal.
Les gouvernements du Bhoutan et du Népal ont tenu 15 réunions pour résoudre le problème des réfugiés, mais ils n’ont jamais réussi. Un jour, j’ai entendu les nouvelles à la radio disant « L’UNHCR et les autres pays appuyant les réfugiés bhoutanais vont voir à leur relocalisation ». J’étais tellement excité d’entendre ça. J’ai parlé à mes parents du processus, mais ils ne voulaient rien entendre d’une relocalisation dans un pays occidental. J’ai donc fait la demande sans en avertir mes parents.
Un jour, alors que j’étais en-dehors du camp, j’ai entendu les nouvelles à la radio qui disaient que la moitié du camp de réfugiés bhoutanais de Goldhap avait été détruit par un incendie. À ce moment-là, je n’avais aucune technologie moderne pour contacter ma famille. Je suis revenu le jour suivant et j’ai vu que ma maison avait été rasée.
Nous avons obtenu une tente pour nous abriter et un peu de nourriture, et ils ont commencé à reconstruire les maisons. J’ai parlé à mes parents de la tragédie dans notre vie… que nous avions encore tout perdu, pour une deuxième fois. Ils ont été d’accord pour se réinstaller dans un pays occidental.
Il y a un an et demi, je suis venu au Canada avec ma famille… et des emprunts énormes. Le gouvernement du Canada paie pour les frais médicaux et le billet d’avion, mais il faut rembourser. Aujourd’hui, je rembourse le prêt à chaque mois. C’est difficile de rembourser, mais des opportunités se présentent à moi. J’ai accès à la technologie moderne et j’assiste à des cours gratuits pour améliorer mon anglais. Parfois, je me sens seul parce que je m’ennuie de tous mes amis et parents. J’ai grandi dans une région très peuplée, mais nous étions tous ensemble. Maintenant, nous sommes partout dans le monde.