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(Traduit d'anglais)
Je ne savais pas comment ce serait froid au Canada, jusqu’à notre arrivée, durant l’hiver 2007. En ce mois de décembre, nous avons eu des tempêtes de neige presque à chaque semaine ; les gens portaient de lourdes bottes et des manteaux épais, la neige était entassée sur le bord des rues, comme des murs gris. Arrivant de Taïwan, où nous avons six mois d’été, je me suis demandé comment nous pourrions survivre à un tel hiver dur et froid, pendant le prochain mois ou même plus encore. En même temps, j’étais déterminée à rester forte pour mes enfants : nous apitoyer sur notre sort n’a jamais fait partie de notre projet d’immigrer.
Quelque chose m’avait changée à ce moment. Ayant fait du bénévolat à la bibliothèque publique du centre comme tutrice en langue pour une famille indienne de nouveaux arrivants, je me rappelle clairement comment cette famille m’a traitée, avec gentillesse et douceur, tout comme du dévouement du personnel et autres bénévoles qui travaillaient dans cette bibliothèque chaleureuse et confortable, malgré que je connaissais à peine quelques-uns d’entre eux. Je savais que c’était très froid là-bas, mais quand j’étais dans la bibliothèque, j’étais enveloppée par la chaleur venant du cœur des gens qui communiquaient avec moi. À partir de ce moment-là, j’ai réalisé que j’avais besoin de tendre les bras et de me connecter au monde autour de moi. Je lis souvent ces mots sur mon téléphone portable afin de m’en souvenir tous les jours : « Be up and front. » (Sois franche.)
Quand j’étais petite, à Taiwan, je n’ai jamais ressenti que j’avais besoin de me connecter ou de tendre la main aux gens… Nous partagions tous les mêmes dialectes locaux, les mêmes origines culturelles et les mêmes intérêts.
Ma vie a pris une tournure inattendue. Le 21 août 2007, ma famille de quatre personnes est arrivée à Charlottetown. Au tout début, nous étions heureux d’aborder les expériences que la vie canadienne offrait : la première promenade dans un champ de citrouilles, les jeux dans la neige et le ski… J’ai même fait un tour d’auto dans la campagne, un soir de clair de lune, toute seule !
Mon mari nous a quittés pour être avec ses parents qui prennent de l’âge. Depuis, j’ai de la misère à dormir. Je me réveille bien souvent en pleine nuit à me demander où je suis. C’est difficile de me rappeler que nous étions autrefois une famille tout entière. Une nuit, ma communication Skype avec mon mari s’est brusquement arrêtée et nous ne pouvions que nous envoyer des textos. Plus tard, j’ai réalisé que c’était parce qu’il pleurait tellement qu’il n’était plus capable de répondre en conversation-vidéo.
Heureusement, nous avons le soutien de l’église et un voisinage bienveillant, mais je sais que je dois faire plus d’efforts pour tendre la main et me connecter à ma communauté. Par le bénévolat, ma participation aux activités des écoles et des marchés, l’écoute et le partage… En étant enseignante canadienne, je deviens plus critique dans la recherche d’un sens à notre aventure d’immigration. Qu’est-ce que cela signifie pour nous, en tant que Canadiens ? — Je commence mon exploration en me connectant aux personnes, ici et maintenant.