Vincenzo Caccioppoli

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
12

Rangée
27

First Line Inscription
Vincenzo Caccioppoli
Second line inscription
Rita Caiazzo

Arrivant à titre de : immigrant
Pays d'origine : Italie
Nom du navire : Argentina
Port d'entrée : Halifax
Date d'arrivée : 24 août 1951
Âge à l'arrivée : 30 ans

Voici une histoire écrite par la fille de Vincenzo et Rita, Lucianna Caccioppoli-Marskell, qui a été publiée dans un livre local au sujet des immigrants : « In Search Of A Better Life... » (« À la recherche d’une vie meilleure... »)

À quoi pensait-il en ce jour d’été de 1951, alors qu’il regardait, immobile, la baie de Naples avec les notes chaudes et passionnées d’« O Sole Mio » pour le guider vers la passerelle et le pont du grand navire « Argentina »? Était-il nerveux alors qu’il saluait « arrivaderci » à son saint Vésuve et à sa famille, qui s’était réunie sur la rive pour dire au revoir à un brave fils et soldat? Avait-il peur de s’aventurer vers le Nouveau Monde, comme l’avait fait Christophe Colomb, fils natif, ou craignait-il de rester dans une Italie d’après-guerre appauvrie, sans futur à l’horizon? En regardant la côte, a-t-il mémorisé chaque expression sur les visages de ses chers Napolitani, ce peuple plein d’amour, de soif de vivre, de passion pour le chant?

Alors que le navire est sorti de la baie de Naples et que le Vésuve s’est estompé à l’horizon, a-t-il douté de sa décision de partir et d’abandonner sa chère patrie, la « Bella Napoli »? A-t-il regardé la mer et entamé une chanson, une chanson d’amour napolitaine classique, pleine d’émotion, de désir pour son pays, « Italia Mia », et « la bella vita » lui a-t-elle manqué? Peut-être qu’il pensait aux arbres d’Amérique, à ceux sur lesquels poussait l’argent, comme le croyaient les vieux de sa ville, Castellamare Di Stabia.

Les réponses à ces questions nous aident à comprendre l’essence même du dilemme auquel les immigrants italiens faisaient face en décidant de quitter leur patrie pour entamer le long voyage vers un monde où les rues étaient pavées d’or. Le 15 août 1951, Vincenzo Caccioppoli est arrivé à une toute petite gare à New Hamburg, en Ontario, après un voyage de 14 jours pour traverser l’Atlantique. Toutes ses possessions matérielles étaient dans sa petite valise. Sa sœur Emilia, ainsi que George, son mari, qui avaient immigré l’année auparavant dans le cadre d’un recrutement d’immigrants d’après-guerre, l’ont accueilli avec joie dans un monde d’après-guerre florissant. Rita se joindrait à eux un an plus tard.

À son arrivée au Canada, son monde de chanson, de soleil et de famille serait bientôt remplacé par de longs et durs hivers et des sentiments de solitude. Cela aurait créé un choc culturel pour n’importe qui. Les premières années ont été difficiles, mêlant des problèmes de langue à la difficulté de s’adapter au mode de vie canadien et l’interrogation perpétuelle pour déterminer s’ils avaient ou non pris la bonne décision. Vincenzo Caccioppoli a travaillé de longues heures pendant ces premières années au Canada, travaillant à l’usine le jour et dans les chauds champs de tabac les soirs et fins de semaine. Mais il a toujours cherché une vie meilleure! Après s’être installé dans une communauté agricole, il a décidé d’acheter une petite ferme et de tenter sa chance en agriculture. Il a rapidement réalisé que ce n’était pas pour lui, et il a vendu la ferme en 1962.

L’inspiration...

Un autre problème, au milieu des années 1950, était de trouver de la nourriture italienne authentique. Le seul endroit, dans toute la région du comté de Waterloo, était le magasin italien à Kitchener : Forte’s Grocery Store. Pendant dix ans, mes parents se rendaient jusqu’à ce magasin où, aux côtés d’autres immigrants italiens nostalgiques, ils achetaient des aliments italiens. C’était l’endroit où ils pouvaient rencontrer d’autres personnes de leur patrie, socialiser et se souvenir de leur Italie. C’est pendant ces visites au magasin que l’idée d’ouvrir, peut-être un jour, son propre magasin a germé dans l’esprit de mon père. En 1963, mon père s’est vu offrir une opportunité de rentrer dans sa ville natale en Italie. On lui avait promis un poste de directeur à Castellamare di Stabia. Maintenant qu’il connaissait un peu d’anglais, cette occasion d’emploi semblait si parfaite que mes parents ont emmené leurs quatre jeunes enfants, ont vendu toutes leurs possessions, et qu’ils sont rentrés en Italie. Jour après jour, mon père a patienté, et cet emploi parfait ne s’est jamais matérialisé. L’argent commençait à manquer, et mon père a bientôt décidé qu’il ne pouvait plus attendre. Encore une fois, il a emmené toute sa famille, et il est rentré au Canada.

Les années à Bridgeport...

Réalisant que le Canada était désormais leur véritable demeure, Vincenzo et Rita ont commencé à s’attaquer à leur vrai rêve. En 1967, il a acheté une maison sur la route Bridgeport à Waterloo et a mis une affiche qui disait « Aliments italo-canadiens ». Le salon a été converti en magasin, et il n’y avait plus beaucoup de place pour une famille de 7 personnes. Rita gérait le magasin de jour, avec un nouveau bébé, Carmine, à côté de la caisse enregistreuse. Vincenzo continuait à travailler à l’usine le jour. Ils ont fait bien des sacrifices, mais Vincenzo a toujours insisté qu’un jour, tout ce travail finirait par rapporter.

Lentement, les Italiens ont commencé à faire leurs visites hebdomadaires dans ce petit coin de rassemblement culturel. Vincenzo était au faîte de sa gloire, parce qu’il pouvait maintenant offrir à ses clients de meilleurs prix et une meilleure sélection de nourriture italienne.

1968 – Rita et Vincenzo

Vincenzo a commencé à faire des visites hebdomadaires à Toronto, à la recherche des fruits et légumes méditerranéens les plus frais. Nous avons même fait venir du poisson frais de Boston à Noël, et des œufs en chocolat de Pâques de l’Italie.

Il a rapidement établi un système de crédit très simple pour aider les familles dans le besoin. Il notait tout simplement leur nom, leur donnait leur épicerie, et leur demandait de payer ce qu’elles pouvaient quand elles le pouvaient. Pendant plus de 25 ans, ce système a fonctionné, et mon père n’a jamais perdu un sou. Il a travaillé de très longues heures, et le magasin était toujours ouvert. Si vous deviez demander à n’importe quel client ce dont il ou elle se souvient le mieux de cette époque, c’est la tranche de mortadelle que Vincenzo donnait aux enfants qui attendaient patiemment que la machine à trancher fasse son œuvre.

Dès le début des années 1990, le petit magasin italien était en croissance, et les affaires allaient bien! La petite maison en brique n’était pas adéquate pour héberger une entreprise de pâtes fraîches et une épicerie bourdonnante. Alors, en 1990, des plans ont commencé à être formulés pour déménager vers une propriété plus grande, où ses deux fils, Tony et Carmine, prendraient les rênes de l’entreprise. Le dur labeur de Vincenzo avait porté fruit. C’était maintenant le temps pour lui de se reposer et de profiter de la vie.

Rita, Lucy (sa fille) et Vincenzo au magasin de Bridgeport

En 1992, le 13 mai, Vincenzo est décédé après une lutte contre le cancer. Peu avant sa mort, Tony et Carmine l’ont emmené dans sa chaise dans le nouvel emplacement plus grand, qui avait été renommé le magasin VINCENZO’s, en son honneur. Le magasin est resté là jusqu’en janvier 2010.

Aujourd’hui – rue Caroline

Si vous visitez VINCENZO’s aujourd’hui, vous serez bien souvent accueillis par ses fils, ses filles, ses petites-filles et d’autres membres de la famille qui vous aideront autant que possible. Carmine, qui a passé ses plus jeunes années derrière le comptoir avec sa mère, gère aujourd’hui le magasin avec son frère et copropriétaire, Tony. Notre mère, Rita, a pris sa retraite, mais appelait néanmoins le magasin plusieurs fois par jour pour garder l’œil sur l’entreprise familiale. (Tristement, Rita est décédée en mai 2011.) Si vous entrez dans le magasin, vous verrez une photo de Vincenzo et Rita Caccioppoli qui sourient à leur magasin.

Façade du magasin Vincenzo’s - aujourd’hui

Aujourd’hui, VINCENZO’s a un mur de cartes postales de Naples, en Italie, ainsi que plusieurs articles de journaux des 4 dernières décennies et plus. Ce mur sert à nous rappeler nos racines, qui ont été transplantées au Canada il y a plus de 50 ans. À côté de ces cartes postales, il y a une grande photographie de mon père, Vincenzo Caccioppoli. Alors que son visage bienveillant sourit à la deuxième génération qui gère l’entreprise familiale, ce pauvre immigrant aurait été fier de savoir que son rêve continue à ce jour, et que ses racines continuent à croître et porter fruit ici, avec sa famille.

Ils ont lancé la petite entreprise en 1967. En septembre 2017, le magasin comptait plus de 80 employés.

Vincenzo et Rita ont eu 5 enfants (Italia, Lucianna, Umberto, Antonio et Carmine); 7 petits-enfants (Carla, Calina, Vincenzo-Cassandra, Kyra, Victoria, Vincenzo (Enzo) et Eve), et 3 arrière-petits-enfants : Mila et Gia (Carla et Chris DaSilva) et Jaxon (Calina et Patrick Lobsinger)

Sa fille, Lucianna, a écrit une biographie qui se trouve sur le site Web du magasin.

Un homme et une femme se tiennent devant des étagères pleines de nourriture en conserve.
Voici une photo de Vincenzo et Rita Caccioppoli à leur petit magasin italien à Waterloo, en Ontario