Pietro Luciano Bordin

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
57

Rangée
15

First Line Inscription

Pietro Luciano Bordin

Nous étions cinq à faire le voyage et nous sommes partis à pied et à vélo de Trevignano à la gare de Signoressa, ce qui nous mènerait à Gênes, d’où le navire partait. Une vingtaine de personnes, amis et famille, nous ont accompagnés. On a décidé de s’arrêter au café de la ville boire un verre, trinquer et se dire au revoir parce qu’aucun d’entre nous ne savait quand on se reverrait, ni même si on allait se revoir un jour.

Le voyage en bateau n’avait rien à voir avec ce que j’avais pu imaginer ni avec ce à quoi j’aurais pu m’attendre. C’était excitant, même si je venais de quitter ma famille et mes amis. Quelle aventure ! Il y avait toujours beaucoup à manger : c’était formidable après avoir grandi avec si peu et été toujours en proie à la faim. On mangeait, puis on allait voir un film et puis on dansait tous les soirs. Tout ce que j’adorais faire ! Heureusement pour moi, je n’avais pas le mal de mer contrairement à beaucoup. C’était un voyage extraordinaire qui a duré huit jours

Quand on est arrivés au Quai 21, on nous a donné 20$ car cela faisait partie de ce qu’on avait payé pour traverser l’océan Atlantique. Je savais qu’il fallait que j’achète à manger pour les deux jours de train de Halifax à Niagara Falls, en Ontario (où habitaient mon frère et ma sœur). J’ai acheté un paquet de biscuits et une miche de pain. Je ne savais pas que le pain, au Canada, était mou et pâteux. Quand je suis monté dans le train et que j’en ai mangé, je n’en ai reconnu ni la texture ni le goût. J’ai cru qu’il était rassis, alors au lieu de le manger, je m’en suis servi comme oreiller ! Le trajet a été difficile. La vue que j’avais, à travers une petite vitre noircie de fumée de charbon, était celle d’une terre déserte, couverte de neige. Je partais pour une destination étrangère.

Quarante-trois ans ont passé et la vie m’a souri. J’ai une femme merveilleuse (Maria Soligo Bordin) avec qui je suis marié depuis 1967, un fils (Michael), sa femme (Heather Waters), une petite-fille (Emily), une fille (Susy) et son mari (Brian Elniski). Ma famille et mes amis ont comblé ma vie ici, au Canada. Tout en me construisant une nouvelle vie à Niagara Falls, au Canada, j’ai eu la chance de rentrer « à la maison » en Italie, à de nombreuses reprises et j’ai souvent levé un verre en l’honneur de mes amis et de ma famille là-bas.