Mur d'honneur de Sobey
Colonne
90
Rangée
11
Martin, Katharina and Karl Filipps
Nous avions quitté Lübeck pour nous installer à Brême, qui était une zone de préparation aux examens médicaux et à l’immigration, pour nous préparer enfin à quitter l’Allemagne. Pendant notre séjour, nous avons fait prendre une dernière photo dans le réfectoire pendant le dîner, en souvenir.
C’était un mercredi morne, nuageux et humide, le 8 décembre 1954. C’était le dernier jour en Allemagne avant de partir pour le Canada. Nous avons quitté Brême, qui était notre zone d’attente pour Bremerhafen, où nous avons embarqué sur le TSS « Olympia » de la Greek Line. L’excitation était incroyable lorsque nous avons mis les pieds sur la jetée en regardant l’« Olympia ». J’ai compris sa grandeur alors que mes yeux parcouraient sa longueur et sa taille. Cette observation a été rapidement anéantie, car l’USS « United States » était amarré derrière l’« Olympia ». Le navire était deux fois plus grand. Quelle émotion de voir le navire de passagers le plus rapide jamais vu dans un voyage transatlantique, un record qu’il détient toujours aujourd’hui.
Notre famille est montée à bord de l’« Olympia » avec de nombreuses autres familles à la recherche d’opportunités dans un nouveau pays, le Canada. Une fois installés dans notre cabine, au plus profond des entrailles du navire, comme nous n’avions ni fenêtre ni hublot, nous avons appris que l’« Olympia » n’était en service que depuis un an. Il avait encore cette odeur de nouvelle voiture. J’ai exploré le navire et j’ai réalisé que ce n’était pas seulement un luxueux paquebot, mais que c’était un endroit idéal pour passer les prochains jours, car il disposait de toutes les commodités les plus récentes.
C’est ce soir-là que nous avons finalement pris la mer. La nuit est tombée alors que nous traversions la Manche en direction de Southampton, en Angleterre. La Manche était exceptionnellement agitée et de nombreux passagers qui n’étaient jamais allés en mer ont eu le mal de mer. Il ne se sont pas vraiment remis avant que nous ayons touché terre à Halifax. Le port de Southampton était très achalandé, et j’ai pris plusieurs photos. Nous avons pris la photo d’autres familles et du personnel militaire canadien. Nous avons passé la majeure partie de la journée à Southampton avant de reprendre la mer.
Notre voyage s’est déroulé sans incident. Nous n’avons croisé qu’un seul cargo pendant les nombreuses heures que j’ai passées sur le pont, et les poissons volants m’ont échappé pendant tout le voyage. Je me suis fait plusieurs amis et j’ai pris quelques photos.
Le sixième jour, nous avons vu à l’horizon le faible contour de la côte de Terre-Neuve.
Notre arrivée au Quai 21, le 15 décembre 1954, a été chaotique. Tous les passagers, avec leurs bagages, sont descendus par la passerelle. Nous avons été séparés de ceux qui rentraient au Canada, car nous y entrions pour la première fois. L’attente pour passer aux examens médicaux et aux douanes a été longue. Tout le monde était très serviable et la barrière de la langue a été rapidement surmontée. Ce fut une expérience longue et fatigante, car il a fallu presque une journée pour traiter tout le monde. Nous étions heureux de passer enfin du bâtiment des douanes à la gare, car nous étions enfin en route. Sortir du bâtiment était ma première expérience du froid hivernal canadien. Je n’avais jamais connu une neige aussi épaisse ni des températures aussi froides. Une fois installés dans le train, c’était agréable de laisser la suite du voyage commencer. Il faisait nuit et nous étions tous fatigués en montant dans le train et en nous installant dans nos sièges. Notre voyage a duré deux jours. Nous sommes passés par Montréal et Toronto pour arriver enfin à Windsor. Nous avons rapidement pris conscience de l’étendue du pays. Des heures interminables de rien se sont enfilées, avec juste des forêts et des paysages ponctués uniquement de quelques villes et villages. C’était agréable d’être accueilli par les membres de notre famille à Windsor le 18 décembre 1954. Nous savions que c’était le début d’une nouvelle vie et que la barrière de la langue serait également surmontée.
Après avoir vécu à de nombreux endroits au Canada, je me suis de nouveau installé à Halifax en 1992, là où se trouvaient le seuil et le début de mon expérience canadienne.