La famille David Gordon Pettifer

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The David Gordon Pettifer Family

Histoire familiale écrite par leur fille Jane

David Gordon Pettifer, son épouse Sheila Doreen (Bradwell) et leurs trois enfants, Jane (5 ans), Anna (4 ans) et Bob (3 ans) ont pris le train de Québec à Peterborough en Ontario pour habiter dans un chalet à Bewdley, sur les rives du lac Rice, en attendant de pouvoir réaliser le rêve de David (mon père) qui était d’acheter une ferme. Les grand-parents, William Alwyn Bradwell et Frances Helen (Clarke) Bradwell, ont suivi la famille en janvier 1954.

En mai 1954, nous avons emménagé dans une ferme à proximité de Selwyn dans la zone de Lakefield / Bridgenorth dans les Kawarthas. Mes parents avaient tous deux été dans l’armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale et n’ont jamais regretté de s’être installés ici. Ils sont devenus de fiers citoyens canadiens et ont élevé leurs enfants dans cet esprit. Notre famille vit toujours dans la ferme qui est exploitée par Dave, notre frère cadet. Bob et une troisième sœur, Nita, vivent toujours dans la région de Peterborough et nos parents et grands-parents y sont enterrés, au cimetière de Lakefield.

MÉMOIRES écrites par Sheila D. Bradwell (Pettifer) en 1994

Le cinquantième anniversaire du débarquement en Normandie a réveillé chez moi des souvenirs. Non, je n’ai pas participé au débarquement lui-même, mais j’ai pris part à l’effort de guerre.

Il y a cinquante-deux ans, j’ai été convoquée pour rejoindre l’Auxiliary Territorial Service (ATS). J’ai demandé à y travailler comme aide-soignante, mais après avoir passé des tests, j’ai été affectée à une opération expérimentale en tant qu’assistante d’essais dans l’artillerie. Nous formions un petit camp établi sur une zone de la côte galloise comprenant l’estuaire de la rivière Dovey. Toutes les munitions testées étaient expérimentales, mais les plus intéressantes d’entre elles étaient les fusées. Nous savions que des barges équipées de salves de fusées étaient nécessaires pour le débarquement en Europe, mais nous ne savions évidemment pas quand celui-ci aurait lieu. Quinze membres de l’ATS étaient responsables des mesures de hauteur et de distance de la trajectoire des fusées, réalisées à l’aide de théodolites. Ensuite, à marée basse, les hommes récupéraient les fusées et nos supérieurs vérifiaient si les essais avaient été concluants.

Nous avons vécu un grand moment d’enthousiasme collectif lorsqu’un jour, l’officier Whittle est venu faire tester sa fusée. Il s’agissait d’un modèle précurseur des fusées utilisées aujourd’hui dans le programme spatial. M. Whittle a depuis reçu la distinction de Chevalier commandeur et vit actuellement aux États-Unis. Comme beaucoup de scientifiques civils de plusieurs pays alliés venaient nous voir, on nous rappelait constamment que « les murs avaient des oreilles ».

Notre camp était petit et tout le monde se connaissait. C’était difficile pour les cuisiniers et les assistants car les tirs dépendaient des marées, ce qui désorganisait les horaires des repas. Ils s’en tiraient cependant très bien. Après les débarquements en Europe, nous avons dû nous concentrer sur les fusées spécialisées contre les bunkers japonais et les munitions utilisées pour les combats dans la jungle. Pourtant, cette phase de la guerre nous semblait irréelle, même si plusieurs filles parmi nous avaient vu leur fiancé ou leur frère envoyé sur ce front-là.

Ma récompense la plus gratifiante pendant mes quatre années passées à l’ATS est d’avoir été sélectionnée pour défiler à la Parade de la victoire. Nous nous sommes entraînés et préparés pendant trois semaines, aux côtés des nations qui avaient participé à la guerre. Il y avait les Ghurkas, ces fiers petits combattants venus d’Inde, les Sikhs avec leurs turbans colorés, les Grecs dans leur costume national, les Français libres, les Polonais, les Canadiens avec leur armée de terre, de l’air et leur marine : je n’oublierai jamais ce spectacle.

Je me suis fait beaucoup d’amis d’horizons divers et je maintiens un contact depuis plus de cinquante ans avec les filles avec lesquelles j’habitais. Je n’aurais renoncé pour rien au monde à cette période passée à l’ATS. Je comprends les vétérans du débarquement en Normandie qui souhaitent être présents au cinquantième anniversaire. C’est pour eux l’occasion de raviver leurs souvenirs de jeunesse et de se rapprocher des nombreux amis qu’ils ont perdus.