Jozef, Maria Majocha et leur famille

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
66

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22

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Jozef, Maria Majocha and Family

Raisons de la venue au Canada :

La vie en Pologne était limitée pour ce qui était d'avoir une vie décente. Jusqu'à cette époque-là, il y avait deux classes de gens : les très riches et les très pauvres. Une personne dans cette dernière classe était exploitée par les riches. Cette situation n'offrait aucune possibilité, aucune perspective de changement et certainement aucun avenir. Il était difficile de continuer à vivre pauvre en Pologne. Alors aller vivre ailleurs semblait prometteur et le Canada offrait une vision d'avenir. Selon des renseignements reçus, une personne pouvait acheter un terrain de 160 acres pour 10,00 $. Ce terrain était couvert de boisés, ce qui était un attrait additionnel. Le Canada était un pays stable, jeune et en plein développement. Finalement, le 14 avril 1928, papa, son frère, son cousin et un ami ont embarqué à bord d'un petit navire à Gdansk pour traverser la Baltique et se rendre à Southampton, en Angleterre, où ils sont arrivés le 19 avril 1928. Ils sont montés à bord du paquebot Metagama pour la longue traversée de l'Atlantique et ils sont arrivés à Halifax en Nouvelle-Écosse. Puis, papa et les autres ont pris la route de l'Ouest, travaillant ici et là le long du chemin. Puis papa a acheté un lot de colonisation à Kinlock, en Saskatchewan.

Comment vous êtes-vous adaptés à la vie au Canada ?

Pour les immigrants, l'adaptation la plus importante était l'apprentissage de la langue. Papa parlait polonais, allemand, russe et ukrainien, mais il ne parlait pas anglais. Pour surmonter cet obstacle, les immigrants ont eu l'aide d'autres personnes qui parlaient leur langue et qui traduisaient ensuite en anglais. Cela fonctionnait bien à condition qu'il y ait une personne présente pour traduire. Avec le temps, papa a été capable de comprendre et d'apprendre assez d'anglais pour se débrouiller avec un dictionnaire polonais-anglais. En Pologne, les choses étaient bien différentes, les gens travaillaient moins, se rendaient visite souvent et n'avaient pas besoin d'un compte bancaire. Tout ça a été abandonné au Canada : on travaillait fort et on avait le désir d'être prospère. Il y avait un programme de secours durant les années 1928-1930 pour aider les gens dans le besoin. Le gouvernement de la Saskatchewan octroyait 15 dollars par mois à chaque famille pendant une courte période. L'argent reçu devait être remboursé en travaillant à la construction des routes. La GRC était là pour faire respecter le calendrier de remboursement et veiller à ce que quelqu’un se rapporte au travail. Pour se mêler à la société, papa a communiqué avec la commission d'immigration canadienne pour savoir comment s'habillaient les hommes, les femmes et les enfants. Grâce à ces renseignements, nous nous mêlions bien à la population. Pour ce qui est de la nourriture, c'était beaucoup mieux au Canada parce qu'à la ferme, nous avions un jardin, des poulets, des oies, des canards, du bétail et des cochons qui fournissaient beaucoup de nourriture pour la famille. C'est notre père. - Histoire de Joseph Majocha écrite par sa fille Joséphine. Papa est décédé le 12 mars 1987

Maintenant, je vais vous rapporter quelques-uns des souvenirs que maman, moi et mes deux frères, Mayan et Bill, avons de notre voyage jusqu'au Canada. Nous sommes montés à bord du paquebot danois Fredrik VIII à partir de Gdansk, en Pologne. Sur le bateau, je me souviens d'avoir ouvert un hublot et d'avoir reçu au visage de l'eau d'une vague. Les cabines étaient petites et nous devions aller à la salle à manger pour nos repas. Là, je ramassais les emballages de biscuits qui étaient sur le plancher et sous les tables et je les rapportais dans la cabine. Maman me demandait ce que nous allions faire avec ça. Je lui répondais que je voulais découper les jolis vêtements qui étaient imprimés dessus. Aujourd'hui, j'aimerais bien en avoir quelques-uns comme souvenirs. Nous sommes arrivés à Halifax le 29 mai 1929. À Halifax, je me souviens avoir vu beaucoup de matelas sur le sol pour que les gens puissent se coucher et dormir. Il y avait aussi des panneaux montés sur des supports, placés en rangées et espacés pour qu'on puisse circuler entre eux. Je me promenais et je regardais les gros poissons peints sur ces panneaux : il y avait différents types de poissons. Ils semblaient tellement gros. Puis, de Halifax, nous avons pris un train pour nous rendre dans l'Ouest. Dans le train, les bancs étaient en bois et chaque fois que le train s'arrêtait, c'était très brusquement et chaque fois, je glissais de mon siège. La fois suivante, je m'arc-boutais, mais ça ne marchait pas et je me retrouvais de nouveau à terre. Nous nous sommes ensuite arrêtés dans une ville. Nous avons attendu dans la gare. J'ai vu une grosse poubelle devant une sorte de devanture de magasin. Chaque fois qu'une femme passait, elle mettait un chapeau dans la poubelle. Je me demandais pourquoi ces femmes jetaient leurs chapeaux et ça m'étonnait beaucoup. Puis, nous avons fait un long voyage en auto et tout ce qu'on voyait, c'était des champs, encore des champs et très peu d'arbres, juste quelques bosquets d'arbres ici et là. Nous sommes arrivés dans une ville appelée Kelvington, en Saskatchewan. Aujourd'hui, c'est la ville d’où viennent tous les bons joueurs de hockey. Nous sommes restés avec une famille hôte au nord de Kelvington pendant quelques semaines. Il s'agissait de M. et Mme Laythrope. Notre maison n'était pas tout à fait finie sur le lot de colonisation à Kinloch. Je ne sais pas comment maman s'arrangeait avec les étrangers. Ça devait être difficile sans connaître la langue. Finalement, nous sommes arrivés à la maison que papa avait construite. Je me souviens que la porte n'était pas installée. Les bois autour de la maison étaient très touffus, Maman nous disait de ne pas nous éloigner de la maison pour ne pas nous perdre. Papa a dégagé un espace autour de la maison et un petit endroit pour un jardin. Maman a planté quelques semences qu'elle avait apportées de Pologne. Puis, l'hiver est arrivé. Il faisait vraiment froid et il y avait beaucoup de neige. Le premier hiver, papa attrapait des lapins au collet pour leur chair. Avec les peaux, maman faisait des couvertures et des couvre-lits à partir de sacs de farine. Il y avait un magasin et un bureau de poste à environ 4 milles de la maison. Tout ce que maman possédait était ce qu'elle avait mis dans la grosse malle avant de quitter son pays, comme des vêtements, une batterie de cuisine, de la vaisselle et des ustensiles. Les finances étaient assez serrées pour maman et papa pendant un certain temps. Au moment de la récolte, papa allait travailler chez un gros fermier pendant quelques mois jusqu'à la fin de la saison. Quand il revenait, il apportait des pommes et des oranges, une friandise appelée « Crakerjacks », du maïs soufflé et d'autres gâteries. Pour nous les enfants, c'était la fête parce que les gâteries étaient très rares. Je me souviens encore aujourd'hui du goût de ces pommes et de ces oranges. Quand papa était à la maison, il travaillait pour d'autres gens, à défricher la terre pour 25 cents par jour. À la fin de la journée, il était tellement fatigué et fourbu qu'il ne pouvait pas dormir de la nuit. C'était le début des années trente, qu'on a appelées les « dirty thirties ». Puis, les choses ont commencé à aller mieux. Quatre autres enfants sont nés au Canada, Stefany, Anton, Alexander et Edward. Nous sommes tous éparpillés au Canada. Maman est morte le 18 mai 1998 à l'âge de 96 ans.

Réflexions sur le fait d'être un Canadien :

À l'époque, papa souhaitait être un fier Canadien et nous, les enfants, nous le voulions aussi. Nous avions un objectif : nos parents voulaient penser, parler et agir comme les gens d'ici. Ils savaient qu'il y avait des lois qui nous protégeaient et auxquelles il fallait obéir, que nous étions libres de posséder notre propre terre et que nous ne serions plus exploités. Papa avait le besoin pressant d'accepter tout symbole de l'identité canadienne. Quand il a choisi son nouveau pays, c'était en sachant qu'il choisissait un avenir meilleur pour sa famille. Bien sûr, nous savions que notre première langue était le polonais, et que cela resterait toujours avec nous. Papa a travaillé dur pour obtenir sa citoyenneté canadienne et il a accepté la culture de son nouveau pays pour avoir une vie paisible. Nous sommes fiers d'être canadiens.

Il n'y a pas de meilleur pays que le Canada.

Josephine (Majocha) Hancock