Joan May Brister Caswill

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Joan May Brister Caswill

Voici ce dont je me souviens de mon déménagement au Canada comme épouse de guerre et de mon arrivée par le Quai 21. Bien que le temps ait effacé ou embrumé beaucoup des choses que j'ai vécus il y a quelque 57 ans, d'autres sont claires comme si je les avais vécues hier. Je suis contente de les partager de cette manière, mon fils ayant maintenant déménagé à Halifax et mon mari bien-aimé, Robert Charles Caswill, que j'avais épousé en Angleterre le 7 avril 1945 et que j'allais rejoindre au Canada par ce voyage, ayant quitté ce monde en octobre dernier à l'âge de 87 ans.

J'ai quitté l'Angleterre par Southampton le 25 février 1946 sur l'Aquitania. Je me souviens très clairement du trajet vers Southampton et de m'être retournée vers Westminster Abbey et Big Ben en me disant que je m'en rappellerais toujours avec une grande tendresse - j'avais évidemment raison.

Je pense qu'il y avait 1300 épouses de guerre à bord et je crois qu'on nous a dit que nous formions le groupe le plus important jamais parti jusque-là. Nous sommes arrivées au Quai 21 le 2 ou 3 mars. Nous partions toutes pour l'ouest du Canada, où nous allions rejoindre nos nouveaux maris. La dernière fois que j'avais vu Bob, c'était presque 10 mois auparavant, le 8 mai 1945 (qui était bien sûr le jour de la victoire), et un mois seulement après notre mariage.

Je me souviens que le navire était encore équipé pour le transport des troupes, avec environ 8 couchettes par cabine. À 8 par cabine, et toutes dans des états différents concernant notre avenir dans un nouveau pays, nous avions peu de possibilité d'intimité ou de loisir pour nous soucier de ce qui nous attendait ! Je ne me souviens plus de la manière dont nous avions été réparties dans ces cabines, mais certaines de celles qui partageaient la-mienne avaient, entre autres, des bébés.

Le capitaine nous a dit que notre voyage était jusque-là l'un des plus tranquilles de l'année, alors qu’à ce moment-là l'Atlantique Nord pouvait être particulièrement agité. Ses affirmations n'ont pas beaucoup aidé celles dont l'estomac ne supportait pas la mer. Bien que beaucoup aient été malades durant le voyage, j'ai eu de la chance et j'ai été capable d'aider les moins fortunées. Quelle expérience pour une personne de 21 ans qui n'a jamais quitté Londres !

Durant le voyage, celles d'entre nous qui n'avaient pas le mal de mer se tenaient sur le pont, se réjouissant à l'avance de leur nouvelle vie. Arriver à Halifax et au Quai 21, puis monter dans des trains pour retrouver nos maris ou notre nouvelle belle-famille! C'était un trajet long mais passionnant, peuplé de plaisir anticipé. Pour certaines, l'adaptation allait être sérieuse - je me souviens du train s'arrêtant au milieu de la nuit dans le Nord-Ouest de l'Ontario dans une gare isolée où la nouvelle famille d'une des filles était à cheval, prête à rencontrer la nouvelle épouse de leur fils !

Dans le train, j'ai rencontré plusieurs femmes qui, comme moi, allaient à Winnipeg. Nous avons partagé avec excitation les renseignements que nous avions glanés concernant notre nouvelle ville - je me souviens que nous avons discuté de Del's Ice Cream Parlor, à St. James, qui était l'endroit à ne pas manquer !

Je reste encore en contact avec deux de mes compagnes de voyage d'il y a plus de 56 ans. Nous avons trouvé que le Canada était une patrie nouvelle et merveilleuse, à laquelle même le « Guide to The New Canadian Housewife » (Guide à l'intention des nouvelles Canadiennes) ne pouvait pas nous préparer suffisamment (j'ai encore ce livre et je ris des conseils qui, en ce temps-là, étaient appropriés mais qui seraient maintenant considérés pour la plupart complètement déplacés !). Bien qu'il y ait eu de longues périodes pendant lesquelles nous ne nous sommes pas vues car nous étions prises par nos nouveaux maris et commencions et élevions nos familles, notre expérience commune d'épouse de guerre arrivant à Halifax par le Quai 21 nous rapprochera toujours.

En 2003, j'ai rendu visite à mon fils et à sa femme à Halifax et, une après-midi, j'ai visité le musée. Le déluge de souvenirs était presque trop intense pour que je le supporte et je me suis promis de revenir pour en faire l'expérience de nouveau en plus petites doses. C'est un endroit merveilleux, chargé de souvenirs pour tous ceux qui y sont arrivés il y a si longtemps.