Ivy R. Woods Kelly, Isabel G. Kelly

Mur d'honneur de Sobey

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34

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Ivy R. Woods Kelly, Isabel G. Kelly

Ma mère, Ivy (Woods) Kelly était une épouse de guerre et nous sommes arrivées au Quai 21 à Halifax le 7 mars 1946 au beau milieu d’une grosse tempête de neige. Nous avons eu un dur voyage sur le Mauretania car je souffrais beaucoup du mal de mer et elle n’a jamais pu me laisser seule.

Quand nous sommes arrivées au Quai 21, maman tentait à la fois de me tenir, de porter les bagages et la grande poupée que j’avais avec moi. J’ai finalement dû laisser ma poupée parce que ma mère ne pouvait pas la transporter et moi, j’étais fatiguée et affaiblie d’avoir été si malade. C’est curieux car je n’ai jamais oublié cette poupée et je me demande encore qui l’a ramassée.

Maman avait 21 ans et j’en avais deux. Elle a quitté une belle maison de classe moyenne située dans un joli village d’Angleterre appelé Shoreham-by-Sea, dans la région du Sussex, avec une vue sur la Manche. Comme la plupart des épouses de guerre, elle n’avait aucune idée d’où elle s’en allait. Certaines de ses amies sont retournées en Angleterre peu après leur arrivée.

Quand nous sommes finalement arrivées à Newcastle, au Nouveau-Brunswick, mon père était là, avec une voiture, pour nous emmener à environ 60 km au Nord, dans un petit village appelé Burnt Church. En arrivant à la route menant jusqu’au village, un cheval et un traîneau nous attendaient pour faire le reste du trajet car il y avait tellement de neige.

En arrivant à la maison de mes grands-parents, elle a rencontré quelques membres de la famille qui y vivaient encore. Ils formaient une famille de 11 enfants et ils étaient un peu rudes sur les bords, pour ainsi dire.

La maison n’était pas bien grande et pas très bien construite : il n’y avait pas de toilettes à l’intérieur, une pompe à eau, un poêle à bois, et ils lavaient leurs vêtements dans la rivière Church avec une barre de savon et une planche à laver.

Comme m’a dit ma mère, je voulais retourner en Angleterre, c’était tellement dur, mais ma grand-mère était une femme bonne et faisait tout en son pouvoir pour que ma mère se sente comme chez elle.

Ma mère raconte qu’elle avait achetée en Angleterre un beau pyjama de soie juste avant son départ. Et parce qu’il n’y avait pas de budget pour les vêtements, elle portait le pyjama en guise de pantalon propre lors des événements sociaux. Personne ne faisait la différence et elle se faisait même souvent complimenter à ce sujet. Elle trouve cela bien amusant.

Nous avons ensuite déménagé à Toronto, car la ville était en plein essor et mon père n’arrivait plus à joindre les deux bouts. Nous avons vécu à Toronto pendant de nombreuses années et je suis allée à l’école là-bas. Quand j’ai décidé de déménager en Nouvelle-Écosse, après la retraite de mes parents, ceux-ci ont fait la même chose.

Mon père est mort aujourd’hui, mais ma mère est encore en bonne santé car elle a bien pris soin d’elle au fil des ans. Elle est une mère merveilleuse et une femme très forte. Je l’admire beaucoup pour tout ce qu’elle a dû traverser.