Ingeborg Dietrich Ruohoniemi

Arrivant à titre de : Immigrant
Pays d'origine : Allemagne
Nom du navire : Seven Seas
Date d'arrivée : 11 mars 1957

Je suis née le 15 décembre 1937 à Schwenningen/Neckar, dans le sud de l’Allemagne, la troisième de quatre filles. Au printemps 1956, mon amie planifiait d’immigrer au Canada. J’ai décidé de me joindre à elle, mais j’étais mineure et j’avais donc peur de le dire à ma mère. Mon amie et moi avons rempli tous les papiers nécessaires pour les présenter au consulat du Canada à Karlsruhe. Deux semaines avant notre départ pour Karlsruhe, mon amie s’est retirée du projet. De mon côté, j’ai décidé d’aller de l’avant, mais je devais maintenant l’annoncer à ma mère. Dans un premier temps, elle a été choquée que je veuille me lancer dans une telle entreprise, mais après beaucoup de réflexion, elle m’a donné sa permission en me disant que si les choses ne fonctionnaient pas, nous trouverions l’argent nécessaire pour me ramener à la maison. Je suis donc allée au consulat en novembre 1956 et me suis embarquée à Bremerhafen sur le navire Seven Seas, le 28 février 1957, à l’âge de 19 ans, une valise à la main et 50 dollars en poche, pour arriver à Halifax le 11 mars 1957.

Je me souviens que ce fut une traversée difficile et quand je me suis mise à avoir le mal de mer pendant deux jours, oh que c’était terrible, j’ai pensé que j’allais mourir. Nous sommes enfin arrivés à Halifax en fin de soirée. Alors que nous approchions du port, nous étions tous tellement heureux de voir les lumières de la ville. Parce qu’il était si tard, nous avons dû passer une nuit de plus à bord. Le lendemain matin, nous avons été accueillis par les responsables de l’immigration et avons enfin pu compléter les procédures d’entrée. Étant donné que notre train en direction de Montréal ne quittait que vers 18 heures, certains d’entre nous sommes allés nous promener dans la ville d’Halifax. Le lendemain matin, après un trajet de train plutôt inconfortable, assis bien droit sur des bancs de bois toute la nuit, nous étions heureux d’être rendus à Montréal où nous avons été séparés et interviewés individuellement par les agents d’immigration. Je n’ai jamais revu mes nouveaux amis. On m’a placée à la caserne d’immigration pour la nuit. Le matin venu, et maintenant toute seule, on m’a fait monter sur le train, en direction de Winnipeg.

Étant donné que je ne parlais pas anglais, c’était très effrayant. Surtout parce qu’à presque tous les arrêts, un certain nombre d’hommes très ivres montaient à bord du train. Cependant, j’étais heureuse d’avoir découvert qu’il y avait un monsieur parlant allemand qui travaillait dans le wagon-restaurant et qui a eu la gentillesse de m’aider à choisir mes repas. Je suis certaine que tout le monde pouvait voir que j’étais une nouvelle arrivante, et je cachais l’étiquette d’identification que je devais porter autour de mon cou pour toute la durée du voyage. À mon arrivée à Winnipeg, j’ai été accueillie par madame Reid, qui m’a interrogée à son tour et m’a amenée à mon nouveau domicile et lieu de travail. Les adultes de la maison parlaient un allemand cassé, mais les trois enfants ne le parlaient pas, et cela pouvait parfois présenter un problème.

À la fin du mois d’avril, j’ai rencontré un très beau jeune officier de l’aviation. Nous sommes tombés amoureux et nous sommes mariés en octobre suivant. À ce moment, le gouvernement du Canada m’a versé une somme de 255 $ pour défrayer mon voyage de Bremerhafen à Winnipeg. C’était beaucoup d’argent à l’époque. Mon pauvre mari, avec son maigre salaire, finit par payer pour moi. Je pense souvent qu’il m’a achetée du gouvernement ! Depuis, j’ai parcouru ce merveilleux pays qu’est le Canada. Je n’ai aucun regret d’avoir pris cette décision il y a si longtemps.