Ineke Felderhof-Graham

Mur d'honneur de Sobey

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17

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Ineke Felderhof-Graham

Nous sommes arrivés à Halifax le 19 avril 1954, à bord du Nuiderbrun: père, mère et dix enfants. Deux de mes frères (John et Clarence qui avaient 12 et 13 ans) ont continué leur voyage jusqu’à Sutton, en Ontario, où le frère de mon père, qui était fermier, et sa femme, Thante Thea, allaient s’occuper d’eux pendant un an, comme ils n’avaient pas d’enfant. On avait arrangé cela pour alléger la charge de ma mère et de mon père durant la première année qui allait être difficile dans cet environnement entièrement nouveau, loin de la famille et des amis qu’ils avaient laissés derrière eux en Hollande.

Mon père était docteur et avait pratiqué la médecine pendant vingt ans en Hollande. Il l’avait pratiquée à Rotterdam durant les neuf ans qui avaient précédé notre émigration. Ni mon père ni ma mère n’aimaient vivre en ville : ils avaient très envie de plus d’espace et de liberté. Inspirés par leurs amis proches qui étaient partis l’année précédente, mes parents, à l’âge de 47 ans, ont décidé de s’offrir, à eux-mêmes et à leurs dix enfants, un nouvel avenir au Canada.

Mon père caressait aussi le rêve d’être, un jour, propriétaire d’une ferme, car il était proche de la terre. En fait, mes parents aimaient tous les deux la campagne, la nature, l’espace. Au-delà de cela, ils voyaient dans ce pays une terre de grandes opportunités pour leurs dix enfants.

Mes parents avaient en fait douze enfants. Mon frère aîné était à l’époque en Afrique du Sud mais il est venu au Canada un an plus tard. Mon deuxième frère le plus âgé étudiait la physique à l’Université de Gouda en Hollande et voulait terminer ses études là-bas.

Moi, j’avais 17 ans à ce moment-là et j’avais des sentiments contradictoires quant à la décision d’émigrer de mes parents. Même si j’adorais l’aventure, les perspectives d’avenir au Canada, j’avais dû me séparer de mes amis, qui à l’âge tendre de 17 ans m’étaient bien plus chers.

La première année que nous avons vécue au Canada a été dure pour nous tous. Mon père, qui travaillait comme interne à l’hôpital d’Aberdeen à New Glasgow pour un an, devait repasser ses examens de médecine, à l’âge de 47 ans, en langue anglaise ! Ma mère, imprégnée de sa riche culture hollandaise, a dû faire des ajustements. Mes parents, pourtant, ont tous les deux entièrement épousé leur nouvelle vie et se sont vite intégrés au mode de vie canadien. Le jour de notre arrivée au Quai 21 a fini par être gris, maussade et terne, mais nous avons vite découvert que le pays des rêves de mon père est vraiment devenu une réalité.

Inke Felderhof-Graham