Filippo Scassa

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Filippo Scassa

Filippo est né en 1933 dans le centre de l’Italie, dans un petit village situé à près de 120 km de Rome. Ses parents sont Luigi et Adelina. Il y avait 10 enfants dans sa famille. Filippo dit que la vie n'était pas facile et qu’il y avait beaucoup de pauvreté. Beaucoup de gens ont quitté pour d’autres cieux qui semblaient prometteurs. Il dit que le fait d’émigrer semblait être la chose à faire. Les plus jeunes ont choisi le Canada, les États-Unis, l’Australie et la Belgique.

Filippo avait un frère qui avait émigré quatre ans auparavant, et c’est lui qui a parrainé Filippo. Il en savait un peu de la géographie du pays, mais pas beaucoup du Canada. Il savait toutefois que c’était un grand pays, dit-il, mais n'avait pas d’idée de combien grand pouvait être grand.

Filippo raconte qu’il a dû se soumettre à des examens médicaux. Au consulat de Rome, on l’a passé aux rayons X puis, on lui a dit qu’il y avait quelques traces sur son poumon et ça l’a bien inquiété. Mais on lui a dit qu’il n’y avait rien de médical et que cela devait être le résultat d’une pneumonie qui n’avait pas été traitée. Il a obtenu son visa et peu de temps après, il s’est embarqué pour le Canada.

Son frère lui a envoyé l’argent nécessaire, mais Filippo a réservé le passage lui-même. Il n’a pas emporté beaucoup de bagages avec lui : une simple petite valise. Il a quitté le 9 mars 1956 et est arrivé le 16. Il neigeait quand Filippo est arrivé et il se souvient qu’ils avaient installé une couverture entre le navire et le hangar et c’est tout ce qu’il a pu voir. Une fois qu’ils ont récupéré leurs valises, Filippo dit qu’ils ont été envoyés vers les trains. Il a pris la direction de Montréal, mais certains allaient jusqu’à Vancouver.

Le navire était le Saturnia. Il quitta Naples et puisque la mer était calme, les salles à manger étaient pleines. Lorsqu’ils ont atteint l’Atlantique, les salles à manger n’étaient plus aussi occupées. Filippo dit que cela ne l’affectait pas et en a profité pour s’empiffrer. Il s’est même offert une banane pour la première fois. La majorité des gens à bord du navire étaient Italiens.

Ils étaient six personnes dans la cabine et ils ont échangé noms et adresses, mais ne sont jamais entrés en contact. Filippo raconte que lorsqu’il regardait par la fenêtre du train, il pouvait voir de la neige, des petites maisons, des petits camions et encore de la neige, de la forêt et des terres. Il ajoute qu’en Italie, une ville ou un village apparaît tous les deux ou trois kilomètres mais ici, le train continuait son chemin et il n’y avait pas grand-chose à voir.

Filippo se disait que peut-être il viendrait, gagnerait de l’argent et retournerait ensuite en Italie, mais plus il est resté, plus il s’est mis à penser que ce n’était pas trop mal. Son frère l’a rencontré à la gare. Ils vécurent ensemble jusqu’à ce que Filippo se marie.

Filippo dit que quelqu’un lui a trouvé un travail dans l’entreprise qui embouteillait la boisson « Orange Crush ». Il dit que c’était tout une expérience pour lui – il était heureux d’avoir un emploi, mais affirme qu’on exigeait de lui un nombre énorme d’heures de travail. Après environ trois mois, Filippo ne se sentait pas bien. Son frère lui dit de rester à la maison et c’est ce qu’il a fait, mais Filippo ne savait pas comment téléphoner à son employeur pour lui dire qu’il était malade. Quand il est retourné au travail le lendemain, on l’a congédié.

Filippo dit que ça a été une sorte de bénédiction. Il est allé au bureau d’emploi et ils lui ont trouvé un travail à seulement 44 heures par semaine alors qu’avant, il travaillait plus de 60 heures par semaine. Il y resta un certain temps avant de trouver un nouvel emploi payé deux fois plus.

Filippo dit qu’il s’est efforcé de s’intégrer. Il savait qu’il devait apprendre la langue et dit qu’en moins de six mois, il parlait le français correctement. Puis, il a essayé d’apprendre l’anglais, mais il trouvait cela plus difficile. Plus tard, il a rencontré sa femme qui était originaire d’Angleterre, il a donc appris l’anglais. Il a rencontré sa femme en 1960 ou 1961. Ils eurent trois filles : Teresa, Christina et Marina.

Filippo dit que la première fois qu’il est retourné en Italie, c’était en 1963. Il est par la suite retourné à plusieurs reprises et affirme que les choses ont vraiment changé.

Filippo relate que cinq ans après être arrivé, il est devenu citoyen canadien. Il dit aussi que durant une certaine période, il a quitté le travail et est allé à l’université où il a obtenu un diplôme d’enseignement. Plus tard, il est retourné pour un baccalauréat, puis pour une maîtrise. Alors qu’il était au programme de maîtrise de l’Université de l’Alberta, il s’y est installé pour la durée de l’année académique et a laissé la famille. Filippo étudiait l’enseignement technique.

Filippo dit qu’il aimait enseigner. Il a pris sa retraite à l’âge de 60 ans, il y a environ 12 ans. Alors qu’il enseignait, il s’est beaucoup impliqué auprès des étudiants et dans les activités parascolaires.

Le frère de Filippo est retourné en Italie il y a environ 15 ans. Filippo dit qu’une de ses sœurs est arrivée au Canada vers 1964 ou 1965. Filippo dit qu’il ne pense pas retourner en Italie, sauf pour des visites. Il pense que s’il était resté en Italie, il aurait trouvé un emploi. Il a finalement conclu que les choses n’étaient pas trop mal au Canada.

Filippo raconte qu’il a trouvé la nourriture différente. Il dit que lorsque vous êtes habitué à quelque chose, vous vous attendez à ce que tout le monde fasse la même chose, à ce que tout soit semblable. Mais ça ne fonctionne pas comme cela, il faut s’adapter aux nouvelles choses. Quand ils se sont rendus au train et reçurent leurs sandwiches, Filippo dit que ça ne ressemblait pas à de la nourriture car le pain était si différent. Il dit que vous avez alors tendance à être critique envers les choses car il avait l’habitude de faire différemment.

Filippo raconte que d’aller au restaurant était difficile si vous ne saviez pas lire le menu. Ne sachant pas ce que signifiaient les descriptions, vous ne saviez pas ce que vous obtiendriez. Il évitait donc les restaurants et quand il y allait, il commandait un steak-frites parce que c’était facile à dire.

Filippo raconte qu’en Italie, il vivait dans les montagnes et que c’était plus froid qu’au Canada. Ils n’avaient pas de chauffage dans les maisons. La découverte de la cuisinière et du réfrigérateur ont été tout un changement.

Portrait d'un jeune homme.
Filippo Scassa comme un jeune homme.
Carte d'identité canadienne de l'immigration de Filippo Scassa.
Saturnia documentation
Jeune garçon et l'homme transportant branche d'arbre.
Filippo Scassa avec petit-enfant 2004