Audrey R.F. Beasley-Waddy

Quitter une famille qui m’aime dans le comté de Surrey, en Angleterre, pour rejoindre mon mari canadien, militaire, en février 1946, était à la fois une grande joie et une grande tristesse car je réalisais que je n’allais peut-être pas rentrer avant des années.

C’est dans un convoi parti de Liverpool que mille cinq cents jeunes futures mariées comme moi ont voyagé vers une nouvelle vie, un nouveau chez soi, au Canada. J’avais un mal de mer épouvantable et je n’ai donc pas apprécié la traversée de l’océan, qui a duré onze jours car nous avons dû faire face à beaucoup de brouillard et à un temps agité. Le Letitia n’était pas un grand navire, cela dit on nous a mis aussi à l’aise que possible durant notre voyage vers notre nouveau pays.

Mon premier souvenir de Halifax est d’avoir été soudainement soulevé de ma chaise, sur le pont, par des cris déchaînés : « Terre ! Terre ! On voit la terre ! » Quelle joie parfaite en entrant doucement dans le port de Halifax et quelle merveille de marcher sur la terre ferme. Après avoir fait la queue sur le quai pour prévenir nos proches au pays, par télégramme, que nous étions bien arrivés, la première chose que j’ai vue était un immense étal de fruits et j’ai réalisé que tous ces beaux aliments nous avaient manqué à bord. Je n’ai pas pu résister à l’envie d’acheter un énorme sac de fruits délicieux, ce qu’on n’avait pas vu depuis des années. Le maire de Halifax nous a accueillis grandement, une expérience chaleureuse accompagnée de beaucoup de musique, puis nous sommes montés dans le train le plus long que j’aie jamais vu pour entamer la dernière partie de notre voyage jusqu’à la côte ouest.

Je n’ai pas vu le port de Halifax depuis que je suis montée dans ce train il y a cinquante-trois ans et je suis ravie de dire que mon mari et moi voyagerons pour l’ouverture officielle de ce merveilleux projet du millénium.

Merci de votre travail acharné et de votre dévouement pour mener à terme ce grand projet du Pavillon du Quai 21. Il représentera un hommage durable envers ceux d’entre nous qui ont traversé les océans pour s’établir au Canada.