Antonia Michele Leonardo

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
30

Rangée
6

First Line Inscription
Antonia Michele Leonardo
Second line inscription
De Pinto

Le départ de Naples, en Italie, était assez plaisant, y compris l’escale en Sicile, mais après Gibraltar, on aurait dit un cauchemar. Il était environ minuit quand on est entrés dans les eaux atlantiques. C’est là que, comme un cheval sauvage débridé, laissé à lui-même, tapant du pied et soufflant, le navire de 29 000 tonnes a commencé à s’agiter, piquer du nez, se soulever et retomber, osciller d’avant en arrière et de droite à gauche, comme si les vagues faisaient un mauvais numéro de jonglage et que c’était avec les passagers qu’on jouait. Mon frère de 4 ans et moi étions excités, mais ma mère était terrifiée, tout comme le reste des passagers adultes de la classe économique, qui était dans le fond du bateau. La traversée de l’Atlantique en ce mois d’hiver était rude, les matelots passaient leur temps à nettoyer ce qui ne restait pas dans les estomacs. En arrivant au port de Halifax, on a été accueillis par un ciel gris-noir, des vents violents, une pluie battante. Ma mère a dit « Mon Dieu, mais où est-ce que votre père nous a amenés ? » Vous voyez, mon père nous attendait à Toronto où il était arrivé deux ans plus tôt pour économiser ce qu’il fallait pour nous faire venir, ma mère, mon frère et moi. 58 années se sont passées depuis ce jour mouvementé à Halifax. Mon père nous a quittés, ma mère également et mon frère aussi. S’ils me permettaient de parler en leur nom, ils diraient « Le Canada n’est pas l’Italie, mais on est très contents d’y être venus, d’y avoir vécu, travaillé, prospéré et on a beaucoup, beaucoup aimé être ici. Merci au Canada. » Et bien sûr cela vaut pour moi aussi. Je suis toujours là !