Mur d'honneur de Sobey
Colonne
100
Rangée
5
Alexandros Dimitreos Sourtzis
Alexandros Dimitreos Sourtzis est né le 2 avril 1928 de parents paysans dans le petit village de Frantzi dans la région de Fthiothide en Grèce. Il était le troisième d’une famille de quatre enfants. Il a vécu des moments difficiles, particulièrement pendant la Seconde Guerre mondiale lorsque les Allemands et les Italiens ont occupé son pays et son village. Pendant sa jeunesse, il s’est adonné à ses passions qui consistaient à enfourcher sa moto tôt le matin et à partir pêcher et chasser. Il aimait aussi participer aux fêtes et aux festivals de musique de son village. Il était très heureux lorsqu’il avait l’occasion de chanter et de danser jusqu’au petit matin. Il était également fortement impliqué et influencé par les enseignements de l’Église. Il en a gardé de solides valeurs morales.
Alors qu’il avait 16 ans, son père est décédé d’un coup qu’un soldat italien lui avait porté à la tête pendant la guerre. Alex a donc dû s’occuper de sa mère et de sa petite sœur. Après avoir exploité la ferme familiale pendant quelques années, il a compris que ce n’était pas ce qu’il voulait faire de sa vie. Il souhaitait apprendre un métier. C’est ainsi qu’à 19 ans, il a choisi de devenir mécanicien automobile et qu’il a rejoint un garage en tant qu’apprenti. En 1955, avec 7 ans d’expérience, il a ouvert un garage avec un ami.
Un jour, le hasard a fait qu’un client avec lequel il discutait lui a parlé du Canada et des opportunités qu’on y trouvait. Cet homme avait le projet de partir au Canada et a demandé à mon père s’il voulait partir aussi. Il pourrait avoir un emploi immédiatement grâce à sa connaissance des voitures européennes. Mon père y a vu la possibilité d’avoir une vie meilleure. Il allait donc saisir cette chance de partir en Amérique, chance que son père avait laissé passer.
Et c’est ainsi qu’après avoir mené sa propre entreprise pendant 9 ans, il a tout arrêté et que le 11 juillet 1964, Alex, à l’âge de 36 ans, a quitté son pays et est arrivé à Moncton au Nouveau-Brunswick. Pendant les quelques années suivantes, il a travaillé dans une station-service qui appartenait à un ami et où il changeait les pneus et réparait les voitures. Lorsque son ami a décidé de repartir pour la Grèce, la station-service a fermé et Alex s’est retrouvé sans travail. Mais il a eu de la chance et en 1967 il a été embauché pour travailler chez un concessionnaire automobile local appelé « City Chrysler ». Il a entrepris de s’établir à Moncton et a décidé de demander officiellement la nationalité canadienne en 1971.
Après la mort de sa mère en 1973, il est retourné en Grèce pour ses funérailles et sur les conseils de sa famille, il s’est dit que sa mère n’étant plus là, il était temps pour lui de se marier. Il avait reçu un congé d’un an de son employeur et pendant cette année, en mars 1974, il s’est fiancé avec ma mère, Eleftheria Karavasilis. Un mois plus tard, ils se sont mariés et sont partis ensemble pour le Canada pour y commencer une nouvelle vie. Au cours des cinq années suivantes, ils ont eu trois enfants : 2 filles, Drosou et Eleni, et un fils Dimitri. Il était le seul à avoir un salaire dans la famille et il travaillait dur et dépensait peu pour pouvoir subvenir aux besoins de nous tous.
Après 46 ans de travail comme mécanicien automobile, il a pris sa retraite en 1993. Trois ans plus tard, la tristesse s’est abattue sur la famille lorsqu’il a perdu une de ses filles, Eleni, dans un malheureux accident.
Il a aujourd’hui 78 ans et se satisfait d’une vie simple. Mon père avait dit qu’il envisageait de mener une vie agréable dans ses vieux jours et je pense que son souhait s’est réalisé. Après 42 ans au Canada, il n’a jamais regretté sa décision d’immigrer. Avec son voyage vers un pays étranger et tout ce qu’il a enduré, il m’a appris que quand on travaille dur, peu importe l’âge, il n’est jamais trop tard pour changer de vie.