Une quarantaine contre la varicelle qui a conduit une famille jusqu’au Canada

Le Canada aurait perdu Margarita Bruehler (née Sosnowsky) au profit du Paraguay si son frère n’avait pas attrapé la varicelle.

Les premiers souvenirs d’enfance de Margarita sont dominés par sa famille fuyant la Russie en 1943, et leur vie sur le champ de bataille qu’était l’Europe sous l’occupation allemande.

Elle se souvient que sa famille a traversé de nombreuses frontières et a trouvé refuge dans des trains de marchandises, des granges et des camps de réfugiés. Certains de ses souvenirs se sont estompés, mais elle n’oubliera jamais la jubilation de la fin de la guerre et, enfin, la traversée qu’elle a faite pour venir au Canada. Cette route vers le Canada s’avérerait cependant sinueuse.

« Le bonheur est arrivé sous la forme de colis de réconfort arrivant d’Amérique du Nord, a écrit Margarita. Ils contenaient des richesses inimaginables : des conserves, des vêtements, du café et même du chocolat. Grâce à la Croix-Rouge, ma mère a pu trouver une tante qui habitait à Chilliwack, en Colombie-Britannique.

« Le mot "Canada" évoquait un endroit magique. Cependant, à cette époque, le Canada n’acceptait pas d’immigrants. Nous n’avons plus entendu parler de nos proches... M. Peter Dueck, du comité humanitaire appelé Comité central mennonite, ou CCM, dirigeait de grands efforts visant à reloger les réfugiés mennonites dans un autre pays. Aucun pays ne voulait d’eux. Après la Seconde Guerre mondiale, tous les pays avaient le sentiment qu’ils avaient leur propre quota de difficultés.

« Le Paraguay, en Amérique du Sud, a finalement accepté de les prendre pour peupler la région inhospitalière du Chaco. Des dispositions ont été prises afin qu’un navire néerlandais, le Volendam, transporte 1000 réfugiés mennonites, ou personnes déplacées, vers le Paraguay. »

C’était le plan, du moins, c’est ce qu’ils pensaient.

« Nous nous sommes rendus dans un camp afin de nous préparer au voyage », écrit Margarita. Un événement qui a changé le destin s’est alors produit. « Mon frère Victor a attrapé la varicelle. Le même virus m’a donné un zona douloureux. Nous avons été mis en quarantaine et le navire est parti sans nous. »

« Entre temps, le Canada avait modifié sa réglementation en matière d’immigration et nos proches habitant au pays ont pu prendre des dispositions pour nous parrainer. De retour au camp à attendre. Le dernier camp que nous avons fréquenté se trouvait près de Bremerhaven. Nous sommes montés à bord de plusieurs trains, puis nous sommes arrivés aux quais et 750 d’entre nous ont embarqué à bord du SS Marine Tiger. Nous partions vers la terre promise, le Canada. »

Un jour de chance pour Rita et pour le Canada. Parfois, ce qui semble être un événement tragique peut révéler un résultat inattendu, et peut-être, si nous sommes vraiment chanceux, un résultat merveilleux.

Musée canadien de l’immigration du Quai 21 (S2017.267.1)

Une famille de cinq personnes. Ils sont assis ensemble, ont de doux sourires et portent des vêtements propres.
Margarita Bruehler avec sa famille en Russie, vers 1947.
Crédit : Musée canadien de l’immigration du Quai 21 (DI2017.267.3)
Author(s)

Carrie-Ann Smith

Carrie-Ann Smith est la Vice-présidente, responsable de la mobilisation du public du Musée canadien de l’immigration du Quai 21. Elle a joint la Société du Quai 21 durant l’été 1998 et a vu l’organisation se développer à partir d’une idée pour devenir d’abord un centre d’interprétation puis, un musée national. Bien qu’elle ait occupé plusieurs postes au Musée, la collecte et le partage d’histoires ont toujours été ce qu’elle aime le plus. Et c’est toujours vrai !