Mur de Service
Colonne
13
Rangée
10
R.C.A.F.
Un hommage à la médaille décernée à Knowles Crosby, D.F.M. (Médaille du service distingué dans l'aviation - Distinguished Flying Medal), pour son action le 16 juin 1942. À cette époque, Knowles était un opérateur radio et pilote-mitrailleur âgé de 22 ans. Il a mérité cette médaille pour le rôle qu'il a joué quand son équipage a réussi à rentrer au bercail en Angleterre sur un appareil endommagé 'Wimpy', un bombardier léger bimoteur. Tout le bas de leur appareil était en proie aux flammes et le pilote, le Sergent Swanson, originaire d’Edmonton, bataillait pour essayer de maintenir l'avion en vol. Crosby et le sergent Brichta, de Toronto, ont écrasé les flammes avec leurs pieds, en se cramponnant aux arceaux de la carlingue. Ils ont réussi à se débarrasser du matériel en flamme par la trappe ouverte de largage des bombes et Crosby a prodigué les premiers soins au deuxième pilote qui était grièvement blessé.
Crosby est retourné à son poste radio, endommagé par des tirs, et a entrepris d'émettre un appel S.O.S. Même si son instrument ne pouvait plus fonctionner en réception, un signal S.O.S a effectivement été émis, puisque des équipes au sol en Angleterre l'ont capté et ont tenté en vain de lui communiquer une place d'atterrissage. Swanson a finalement réussi un atterrissage de fortune dans un champ d'orge et l'équipage s'en est sorti indemne à l'exception du second pilote.
Crosby est allé à l'école secondaire à Port Maitland, puis y a trouvé un emploi dans une compagnie forestière. En 1940 il était employé dans un entrepôt dans la vallée d'Annapolis quand il a présenté sa candidature pour s'enrôler dans les R.C.A.F. et en septembre, il a été envoyé à Brandon, dans le Manitoba, à Manning Depot. Il a ensuite été envoyé dans l'école d'entraînement initial, à Regina, l'école de transmission radio à Calgary, et il a fini son entraînement à Fingal, en Ontario, dans l'école de bombardement et de tir. Il est arrivé en Angleterre en juin 1941, où il est d'abord allé dans une unité d'entraînement avancée dans les transmissions radio, et plus tard dans une unité d'entraînement opérationnel.
En janvier 1942, il a été stationné avec l'escadrille Moose, commandée par Jon (Moose) Fulton, D.F.C., qui avait aussi gagné la Croix des forces aériennes en tant que pilote d'essai et qui avait reçu l'ordre des services distingués à un moment proche de sa mort, lors d'un raid au début août 1942, après que Knowles a eu fini son propre "Tour", un tour consistant en au moins 30 sorties opérationnelles en vol (Ops). Knowles a volé lors du premier voyage opérationnel de l'escadrille. Au bout de deux voyages, il a rejoint Swanson et ils ont complété ensemble 28 "ops".
Crosby a participé à des raids sur Cologne, Paris, Rostock et à 8 raids dans la vallée de la Ruhr. Leur appareil était un avion à deux-moteurs, très robuste, le "Wellington" surnommé le "Wimpy" d'après J. Wellington Wimpy, le personnage de la bande dessinée "Popeye", célèbre parasite et consommateur de hamburgers. C'est fantastique de penser que cette bande dessinée inoffensive de "Popeye" a donné le nom d'un de ses personnages à un appareil de la Seconde Guerre mondiale. Popeye avait aussi un petit animal de compagnie, de pedigree inconnu, 'Eugene the Jeep'. Le mot "jeep" a été utilisé pour désigner une petite unité de transport motorisé passe-partout, et ce terme subsiste encore aujourd'hui.
Le "Wimpy" avait un équipage de six hommes. Pendant toute la fin de l'hiver et au printemps, les attaques se portaient sur des cibles dans la zone occupée de la France, Hamburg, Brême, Wilhelmshaven. L'attaque contre Lubeck la nuit du 28 mars a rencontré une farouche opposition de la part des chasseurs allemands. Le 28 avril, Fulton a mené une large flotte contre Kiel, attaque pour laquelle il a gagné la D.S.O. (l'ordre des services distingués). Canadien enrôlé dans la R.A.F., il s'était engagé en 1934. En mai, l'escadrille s’est lancée dans des opérations de largage de mines et le 30 mai, le premier raid à "mille avions" a attaqué Cologne.
Vers le 16 juin 1942, Knowles approchait de la fin de sa mission et avait déjà goûté à assez de poussées d'adrénaline pour plusieurs vies. Cette nuit-là, les bombardiers étaient sur le chemin du retour, de leur vallée préférée, la Ruhr, et les appareils rencontrèrent une opposition considérable, à la fois près de leur cible et sur le long chemin du retour. Le Wimpy de nos amis a commencé à avoir des soucis vers Essen, quand un obus de la défense anti-aérienne a touché la partie arrière du fuselage et a forcé le pilote Swanson à se débarrasser de ses bombes avant d'atteindre sa cible. L'appareil a essuyé encore des tirs au- dessus de Dusseldorf et encore une fois au sud de cette ville.
Boitant cahin-caha vers le bercail, le Wimpy fut encore atteint au-dessus d'Anvers et le dessous du fuselage prit feu, de la tourelle de mitrailleuse avant jusqu'à la table de navigation. Et pour empirer encore le cauchemar, un chasseur de nuit bimoteur de la Luftwaffe a choisi ce moment pour achever l'appareil déjà en flammes et pendant son attaque, a blessé le second pilote et le mitrailleur avant ; la trappe des bombes s'est ouverte ; les roues sont descendues et l'appareil, après avoir calé, est descendu d'une hauteur de 15000 pieds à une hauteur de 200 pieds avant que Swanson puisse rétablir le contrôle. Brichta, le navigateur, et Knowles Crosby, l'opérateur radio, ont réussi à éteindre le feu en piétinant les débris en flammes, après quoi Crosby a apporté de l'aide au second pilote, tandis que Swanson, aidé par les talents de navigateur de Brichta, est parvenu à ramener le bombardier fortement endommage à sa base, en Angleterre, dans un état où il n'était pas grand-chose de plus qu'une piteuse masse d'acier et de caoutchouc.
Chacun des trois sergents pilotes a reçu la médaille du service distingué dans l'aviation (Distinguished Flying Medal) pour leur action cette nuit-là. S'ils avaient eu le rang d'officier, ils auraient reçu la Croix de service distingué dans l'aviation (D.F.C.). Knowles est retourné à l'escadrille "Moose" mi-juillet après une permission de dix jours, puis il a appris la nouvelle de sa médaille.
« Je ne sais pas pourquoi ils me l'ont donné », a-t-il déclaré, modestement. Quand on lui a demandé plus d'information sur ce voyage, il a fait le commentaire suivant : « Je n'ai pas trouvé ce dernier voyage dans la Ruhr si excitant pour moi parce qu'on était sacrément trop occupés tout le temps.»