Leonard Palmer

Mur d'honneur de Sobey

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Leonard Palmer

La prime jeunesse

Leonard Palmer est né le 19 septembre 1913 en Angleterre. Il a été adopté par Maud Florence et David Livingstone Palmer. Il a reçu le nom de Leonard en l'honneur de Leonard Hodgkinson, 4e ingénieur principal du Titanic. Il a grandi à Hove, dans le Sussex, comté du sud de l'Angleterre, dans une maison de style victorien. Sa mère était à la fois très sévère et réservée, alors que son père était beaucoup plus facile à vivre et disponible pour l'enfant pendant sa croissance. À 15 ans, l'armée avait refusé de le prendre, car il avait été adopté, et aucune possibilité d'emploi ne s'ouvrait à lui. Dans de tels cas, on envoyait généralement les garçons dans les « colonies » pour leur permettre de gagner leur vie. À cette époque, le gouvernement canadien disposait d'un plan favorisant la venue de garçons britanniques au Canada pour apprendre la vie de ferme dans l'espoir qu'ils y resteraient et qu'ils achèteraient éventuellement leur propre ferme. Cela était devenu nécessaire suite à la Première Guerre mondiale pour remplacer tous ces Canadiens morts au combat si l'on voulait assurer l'avenir de l'agriculture canadienne. Leonard a donc été accepté dans le programme qui allait lui payer la traversée de l'Atlantique jusqu'au Canada et lui offrir un salaire de 10 dollars par mois ainsi que la pension complète.

Départ pour le Canada –
le voyage de Liverpool à Baddeck

« Mon père m'a amené à Liverpool le 20 avril 1929 pour voir partir un enfant de 15 ans et demi très anxieux à bord du R.M.S. Lancastria. Nous avons navigué sur la rivière Mersey, fait un arrêt le lendemain à Queenstown (Cobh), en Irlande, et nous sommes arrivés à Halifax le 27 avril 1929. »[1] Leonard est alors passé par le processus d'admission au Quai 21.

« Nous, les 12 passagers à bord du Lancastria, avons été amenés à l'école de l'agriculture de Truro, en Nouvelle-Écosse, où nous sommes restés pendant plusieurs jours le temps que tout soit réglé pour notre travail. » Le 2 mai 1929, ils ont tous pris le train vers le nord et sont descendus, un par un, à la gare de la ville qui leur avait été assignée. Leonard est descendu le dernier, à Iona. Il s'est ensuite rendu au quai où il a pris un bateau pour Baddeck, sa destination finale. Une fois arrivé, Leonard a appris de l'agent du quai de Baddeck que son patron ne pouvait pas venir aussi tard en ville, mais qu'il avait pris des dispositions et que l'agent allait l'amener à l'hôtel pour manger et y passer la nuit. Le lendemain, son patron est venu le chercher avec un cheval et une charrette pour l'amener à sa ferme.

La vie de ferme

Son patron, James H. MacIver, était Écossais. Il avait perdu son fils unique au cours de la Première Guerre mondiale et il n'avait depuis plus personne pour l'aider sur la ferme. C'est là que Leonard allait tout apprendre de l'agriculture. L'épouse de M. Maclver s'appelait Rosalie A. MacIver. « Elle était une vraie bonne chrétienne. Elle a été comme une mère pour moi. Nous nous sommes bien entendus dès le départ. …j'adorais sa compagnie, elle était comme la mère que je n'ai jamais vraiment eue. »

Après le décès de M. MacIver en 1930, son cousin a engagé Leonard pour travailler sur sa ferme non loin de là. Après deux ans de travail acharné sur cette ferme, Leonard a demandé au service de l'Agriculture d’Halifax s'il pouvait lui trouver un autre emploi, idéalement un peu plus payant. On lui a finalement trouvé un emploi dans la vallée d'Annapolis pour M. Peerman, un homme plutôt âgé originaire de Worcester, en Angleterre, qui possédait 50 hectares de pommiers, de poiriers et de cerisiers.

En 1935, après cinq ans au service de M. Peerman, Leonard avait fait quelques économies qui lui ont permis d'acheter une petite ferme à Hunter's Mountain, sur l'île du Cap-Breton. Il s'est marié le 16 août 1939 avec Hilda Loretta Ashe et, un an plus tard, le 12 août 1940, ils ont eu une petite fille, Florence Catherine Rosalie Palmer (Florence était le deuxième prénom de la mère de Leonard, Catherine, le nom d'une femme qui s'était occupé d'Hilda, et Rosalie était le prénom de Mme MacIver).

Service militaire

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Leonard a tenté de s'enrôler dans l'armée canadienne, mais sa demande a été refusée parce qu'il portait des lunettes. Plus tard, il est retourné à la vallée d'Annapolis pour aider M. Peerman avec la récolte de ses pommes. Sur le chemin du retour vers le Cap-Breton, il a fait escale à Halifax pour se rendre dans un bureau de recrutement. Il a finalement été accepté dans l'armée, à la condition qu'il soit placé dans une unité non combattante. Comme sa mère avait été infirmière, il a décidé de s'enrôler dans le Corps de santé royal canadien en avril 1943. Il avait alors 29 ans.

Après avoir été refusé par l'armée britannique en 1928, puis par l'armée canadienne quand la Deuxième Guerre mondiale a éclaté, la troisième fois aura été pour lui la bonne en étant admis dans l'Armée canadienne en 1943.

La découverte d'une vocation

Après trois mois de formation de base, Leonard a été affecté à l'hôpital militaire de la rue Cogswell à Halifax. (Note historique : l'hôpital a été construit avec de gros blocs de granit à l'époque où le père de la reine Victoria, le duc de Kent, était commandant en chef dans les forces armées à Halifax.) Leonard a d'abord commencé comme préposé aux soins et après quelques mois, il a été formé à la salle d'opération. Il a beaucoup aimé ce travail. Il allait réaliser plus tard au cours de sa vie à quel point il avait été bien formé.

Ça faisait un an que Leonard travaillait à l'hôpital quand il a appris que le Lady Nelson (le seul navire-hôpital au Canada à l'époque) avait besoin d'un technicien de salle d'opération le temps d'un voyage aller-retour pour l'Angleterre. Il a donc posé sa candidature pour le poste et a été accepté. Une fois le voyage terminé, il est retourné travailler à l'hôpital. Lors de son passage en Angleterre, il en a profité pour aller visiter ses parents qu'il n'avait pas vus depuis 10 ans. Le personnel du navire s'est assuré de donner à Leonard un gros sac suffisamment rempli de nourriture pour ses proches en Angleterre qui étaient rationnés à ce moment-là. Cette affectation à bord du Lady Nelson allait devenir la première d'une série d'affectations à suivre.

Après avoir passé plusieurs voyages à travailler dans la salle d'hôpital du Lady Nelson, ses supérieurs ont fini par réaliser qu'il avait été formé pour la salle d'opération, où ils l'ont transféré. Les deux membres du personnel qui s'y trouvaient (une infirmière militaire et un préposé aux soins) n'étaient pas très accommodants. Le lendemain, quand le médecin est arrivé dans la salle d'opération pour effectuer une intervention chirurgicale sur un patient, personne n'avait pris soin de préparer la salle ou le patient. Le médecin a alors réprimandé les deux membres du personnel avant de quitter la pièce. Leonard avait été épargné. Ayant reçu une formation complète, il avait fait ce qu'il fallait pour le médecin. Après la chirurgie, il a nettoyé et stérilisé la salle d'opération. Le lendemain, l'infirmière militaire et le préposé aux soins ont été transférés hors de la salle d'opération. Leonard s'est alors vu confié plus de responsabilités, a été promu au grade de caporal et allait désormais bénéficier d'un assistant.

Cet épisode dans le Corps de santé royal canadien allait devenir un tournant important dans la vie de Leonard. Cela allait être l'élément déclencheur d'une grande carrière qu'il embrassera quelques années plus tard.

Après la guerre

Leonard a été libéré de ses fonctions en 1946. Il a vendu la ferme, puis a accepté un emploi dans la salle d'opération d'un hôpital d'anciens combattants auprès de patients atteints de tuberculose à Deep Brook, dans le comté d'Annapolis en Nouvelle-Écosse. En 1947, ils ont décidé de retourner vivre sur les terres d'origine de son épouse, au Cap-Breton. Ils ont acheté une ferme sur l'île Boularderie. Elle se trouvait sur une route principale, bien située par rapport à la petite école. Il s'agissait d'une école avec une seule classe pour 8 à 10 élèves de la première à la sixième année. Leonard était le secrétaire de l'école. Il s'occupait des entrevues avec les candidats au poste d'enseignant, tenait les livres financiers et, en hiver, allumait le brasero chaque matin afin que l'école soit déjà bien chaude quand l'enseignant et les élèves y entraient.

Boston et le Massachusetts General Hospital

Un jour, l'épouse de Leonard décida d'aller passer l'hiver à Boston avec une amie et y trouva du travail. Elle voyait Boston comme une ville profitable pour eux et pour l'éducation de leur fille. Leonard a donc vendu la ferme en 1954 pour immigrer avec sa fille aux États-Unis. Ils ont travaillé pour le compte du président de la plus grande banque de Boston pendant plusieurs années. Durant l'hiver de 1957, Leonard a retrouvé sa « vieille passion » en allant travailler à temps partiel dans la salle d'opération de l'Hôpital général du Massachusetts (Mass General). Cela allait par la suite devenir son travail à temps plein.

Après un an et demi de travail en salle d'opération, le chef du département d'anesthésie a convaincu Leonard de rejoindre son département. Il s'agissait pour lui de nouvelles fonctions qu'il allait devoir apprendre et définir au fur et à mesure. Les résultats de son travail ont été un tel succès que bientôt, les autres médecins le voulaient eux aussi.

Le travail consistait à garder tous les appareils d'anesthésie propres, stériles et en bon état de fonctionnement, à assurer l'approvisionnement des salles d'induction et des tables d'anesthésie de la salle d'opération, et à commander tout le matériel dont les médecins pourraient avoir besoin. Il a modifié de nombreuses procédures pour les rendre plus efficaces. Finalement, les trois bâtiments de l'hôpital suivront les procédures mises en place par Leonard. Il a conçu un chariot d'anesthésie qui permettait de transporter efficacement tout ce qui était nécessaire dans la salle d'opération. Lorsqu'un nouveau bâtiment comportant 12 salles d'opération a vu le jour, Leonard a reçu le mandat de s'en occuper également. Lorsque les Shriners ont fait construire un institut pour enfant brûlés, c'est Leonard qui a été chargé de l'acquisition de l'ensemble du matériel destiné à la salle d'opération de ce bâtiment. Un des chirurgiens qui appréciait beaucoup le travail de Leonard, le Dr White, a été l'un des premiers chirurgiens à effectuer des transplantations cardiaques.

La retraite

Leonard a quitté ses fonctions du Mass General en 1975 et a passé sa retraite à voyager, à faire des croisières en Angleterre et dans différents coins du globe, à rendre visite à sa fille et à ses trois petits-enfants, et à passer du temps avec ses amis à Boston. Il est décédé en 1995. Ses cendres ont été ramenées en Angleterre à bord de son bateau préféré, le Queen Elizabeth 2, et ont été enterrées dans le cimetière de la St. Helen’s Church de Hove, dans le Sussex, en Angleterre.

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Photo en noir et blanc du jeune homme.
Leonard Palmer à 13 ans en 1926
Portrait d’un navire en mouvement.
Le R.M.S. Lancastria qui a conduit Leonard de Liverpool à Halifax en 1929
Portrait d’un bel homme.
Leonard Palmer dans son uniforme du Corps de santé royal canadien.
Bel homme portant un uniforme militaire debout avec un petit enfant devant le caddie.
Leonard Palmer et sa fille, Florence, sur leur ferme à Hunter’s Mountain, au Cap-Breton, en Nouvelle- Écosse.
Bel homme bien habillé sur le pont du navire.
Leonard Palmer en voyage à sa retraite – Alaska

  1. [1] Les citations sont tirées des mémoires de Leonard Palmer (avec les notes de sa fille Florence C. Falter)