Irena et Maria Malinowska Wacyk

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
175

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3

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Irena and Maria Malinowska Wacyk

Histoire d'immigration

Maria Wacyk

Irena Wacyk – mère (décédée)

Maria Mandryk – grand-mère (décédée)

Iwanna Kosarchyn – tante (décédée)

Mon histoire d'immigration est une prolongation de l'histoire de ma famille, qui a fui sa mère patrie, c'est-à-dire la Galicie, en Pologne, de même que son installation, plus tard, au Canada.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, lorsque l'Allemagne a envahi la Pologne, la demeure de ma grand-mère, à Kalusz, en Pologne, a été réquisitionnée par des ingénieurs de l'armée allemande afin de maintenir et réparer le matériel sur roues de l'armée allemande. La famille a eu le droit de rester chez elle, en échange de l'hébergement et de repas préparés par ma grand-mère. Lorsque l'armée allemande a entamé sa retraite, en 1943, les ingénieurs allemands ont offert d'emmener notre famille avec eux, toujours en échange de repas préparés par ma grand-mère. La famille comprenait ma grand-mère, mon grand-père, ma tante, qui avait 20 ans, et ma mère, qui en avait 18. Mon grand-père, en sa qualité de comptable, a reçu la responsabilité de tenir les registres et les comptes, supposément pour justifier sa présence devant les autorités allemandes.

Alors, pendant 2 ans, ma famille a vécu dans des wagons de trains, suivant le front allemand à la retraite à travers l'Europe, en évitant les bombes et les balles. Ils ont fourragé pour trouver de la nourriture, et ma grand-mère a continué à nourrir les ingénieurs et notre famille avec ce qu'elle trouvait. Le long du chemin, ma mère a rencontré et épousé Wolodymir Malinowski, qui est devenu mon père. Le 22 avril 1945, le train a été abandonné, et ses occupants ont été forcés de fuir Berlin. Deux camions ont été pris pour évacuer tout le monde. Les hommes sont montés à bord d'un des camions, et les femmes dans l'autre. En raison d'un manque d'espace, mon grand-père est monté avec les femmes. Les camions ont été séparés, mais le camion où se trouvaient les hommes a été attaqué par des soldats russes, et tous les hommes, y compris mon père, ont été exécutés. Je n'étais pas encore née.

Ma famille a éventuellement fait son chemin vers la zone britannique, où elle a été placée dans un camp de personnes déplacées à Heidenau. Ma mère, qui était plurilingue, est devenue secrétaire du commandant du camp. Le 11 décembre 1945, je suis née dans le camp, sur une porte placée entre deux chaises. Ma mère a continué à fourrager dans le marché noir pour permettre de tous nous nourrir. Avec l'aide supplémentaire de l'Armée du Salut, nous avons été, pour la première fois depuis bien des années, nourris et logés.

Mais une tragédie de plus allait frapper notre famille. En 1947, ma mère et mon grand-père ont été frappés par un train alors qu'ils marchaient près du camp. Mon cher grand-père est mort, et ma mère a souffert plusieurs blessures. Nous sommes donc devenues un groupe familial de quatre femmes.

Après le Traité de Yalta, bon nombre d'Ukrainiens ont été victimes de la « réinstallation » dans une Pologne occupée par les Soviétiques. En fait, dans la majorité des cas, cela signifiait plutôt leur bannissement vers des camps de travail en Sibérie, ou l'exécution par les autorités soviétiques à leur arrivée. De désespoir, ma mère a commencé à chercher des membres de notre famille outremer, en vue d'obtenir un parrainage de réinstallation ailleurs.

Ma grand-mère avait un oncle lointain au Canada, mais n'avait aucune idée d'où il se trouvait ni comment reprendre contact avec lui. Ma mère, qui ne manquait pas d'idées et qui avait été une passionnée de cinéma, a écrit à John Hodiak, un acteur ukrainien à Hollywood (à l'adresse suivante : John Hodiak, Hollywood, U.S.A.), lui demandant son aide pour nous aider à trouver notre parent. Incroyablement, M. Hodiak a réagi en plaçant des publicités dans les journaux ukrainiens au Canada. Mon oncle a vu l'annonce et a communiqué avec nous par l'entremise de la Croix-Rouge. C'est ainsi qu'il a parrainé notre traversée et notre entrée au Canada.

Nous sommes arrivés à Halifax sur le SS Samaria, le 27 mars 1949. Parce que je n'avais que 4 ans, je ne me souviens que vaguement du voyage. Nous étions logés au bas du navire. Bon nombre des passagers avaient le mal de mer. Mais il y avait un espace de jeu fermé pour les enfants.

Lorsque nous sommes arrivés au Quai 21, nous n'avions pas le droit de quitter les lieux. Nous avons immédiatement été mis à bord d'un train à destination de Regina. Nous avions peu de bagages, mais ils comprenaient des photographies de ma grand-mère, prises à une époque plus prospère. Elle voulait que les Canadiens sachent que, en dépit de nos apparences débraillées, nous avions déjà été prospères et respectés dans notre communauté.

Le voyage en train a été long, très froid, inconfortable et morne, avec des milles et des milles de forêts et de prairies enneigées. Nous étions assis et nous dormions sur des bancs en bois qui étaient placés le long des murs des wagons. J'ai développé un saignement de nez prolongé qui a forcé un arrêt du train quelque part dans le nord de l'Ontario, où on m'a soignée.

À Regina, un cousin de ma grand-mère nous a rencontrées, et nous avons habité dans sa modeste demeure pendant environ 3 ans. Ma mère a obtenu un emploi comme laveuse de vaisselle dans un restaurant chinois, mais avec l'aide de l'Honorable Tommy Douglas, qui était ami de mon oncle, elle est devenue femme de ménage à l'hôpital des Sœurs grises, où elle est rapidement devenue aide-infirmière. Mon oncle avait emprunté de l'argent d'un ami pour payer notre traversée, et ma mère a été très fière lorsqu'elle a finalement été en mesure de le rembourser. Elle avait dû abandonner son rêve d'être chirurgienne, mais elle a eu une longue carrière comme infirmière, a joué un rôle central pour obtenir l'égalité salariale pour les femmes de son hôpital, et a été honorée par ses collègues lorsqu'elle a pris sa retraite. Bien qu'elle ne parlait pas l'anglais à son arrivée, elle a très rapidement appris ce qu'il fallait pour se débrouiller. Avec le temps, elle a développé sa propre version unique de la langue, qu'elle a apprise par elle-même en lisant des bandes dessinées dans les journaux.

Ma tante s'est mariée et a déménagé à Sudbury, où elle a eu un fils. Elle a continué à faire de magnifiques broderies ukrainiennes et elle a activement contribué à la communauté ukrainienne de Sudbury.

Ma mère s'est remariée, et en 1952, elle a donné naissance à ma demi-sœur, Tatiana, qui, heureusement, n'a aucun souvenir de la guerre, et est une avocate accomplie et prospère.

En 1953, nous avons déménagé à Prince Albert et nous avons acheté une vieille maison en face de la rotonde des trains du CN, et à un coin de rue des entrepôts. Ce n'était pas un coin attrayant, mais la cour était grande, et grand-maman y a planté un jardin, pour qu'elle puisse continuer à cuisiner pour la famille. Nos voisins se méfiaient beaucoup de nous. Ils étaient perplexes face au chou-rave, à l'aneth et aux pavots que cultivait ma grand-mère (pour son gâteau aux graines de pavot), ce qui a entraîné l'arrivée de la police locale, qui lui a appris que la culture du pavot était illégale. Les voisins étaient absolument alarmés et confus lorsqu'ils ont commencé à voir sortir de la fumée de notre garage, et de sentir la viande fumée. Mon beau-père avait converti le garage en fumoir pour que la famille puisse se faire une bonne kielbasa à l'européenne traditionnelle! Avec le temps, l'épicerie fine du coin a compris l'opportunité d'affaires et a commencé à vendre des produits que nos palais d'Europe de l'Est connaissaient bien. En plus, ma grand-mère a appris comment faire des classiques canadiens, comme les fish and chips, des hamburgers, des hot-dogs, et elle a découvert le plaisir du beurre d'arachides et d'autres mets canadiens.

Ma grand-mère, qui est arrivée alors qu'elle était plus vieille, n'a jamais maîtrisé l'anglais. C'était à nous de jouer les interprètes pour lui raconter les nouvelles quotidiennes. Il a fallu bien des années avant qu'elle soit à l'aise. La première fois qu'elle a vu une aurore boréale, elle croyait que les Russes attaquaient! Elle prenait la politique canadienne très au sérieux. Elle aimait passionnément ce pays et a participé à chaque élection.

Lorsque j'ai commencé l'école, je ne parlais pas du tout l'anglais, mais j'ai rapidement appris. Mon enfance était un mélange d'apprentissage de nouvelles coutumes et d'une nouvelle langue, combiné à la préservation de la langue et des coutumes ukrainiennes, principalement à l'aide de l'Église catholique ukrainienne. J'ai été diplômée de l'Université de la Saskatchewan en 1967, et j'ai eu des postes supérieurs au sein des gouvernements du Canada, de l'Ontario et du Nunavut, ainsi qu'à l'Université York à Toronto.

J'ai énormément voyagé partout au pays. J'ai habité à Regina, à Moose Jaw, à Calgary, à Winnipeg, à Iqaluit, et, principalement, à Toronto. Je continue à m'émerveiller de la beauté de ce pays et de la diversité des cultures et des langues qui s'y trouvent et qui sont néanmoins toutes canadiennes.

Mon mari depuis 40 ans, Frank Polan, un Canadien de deuxième génération, de descendance irlandaise/anglaise, en sait probablement bien plus au sujet de ma tendre enfance qu'il ne le souhaite. Il a effectivement entendu les histoires familiales très souvent à travers les années.

Dès le départ, ma mère m'a inculqué un fort patriotisme envers le Canada et a souligné l'importance d'exercer son droit de vote. Encore aujourd'hui, je considère ma citoyenneté canadienne avec fierté et gratitude envers les opportunités que ce pays nous a offertes, à moi et à ma famille.

Il y a de cela environ 15 ans, nous avons emmené ma mère à Halifax, pour visiter le Quai 21. Rien ne lui semblait familier, jusqu'à ce qu'elle voie le chemin de fer, et la façade de l'édifice qui fait face à la mer. Puis, elle s'est exclamée : « C'est ici! C'est là que nous sommes arrivées! »