H.F. Leuteritz

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
189

Rangée
9

First Line Inscription
H.F. Leuteritz
Second line inscription
J. Huber Family

Voici un récit personnel qui accompagne l’histoire d’immigration (et d’autres documents, un enregistrement audio et des photos) des familles Leuteritz (1951) et Huber (1952) (immigrants allemands), que l’on trouve sur le site Web du Musée canadien de l’immigration du Quai 21.

Récit d’immigration au Canada en 1951 de Herman Leuteritz (1920-2008)

Les opportunités professionnelles étant limitées, nous avons décidé d’immigrer et sommes partis en octobre 1951 après avoir vendu 2 klubsessel à notre ami Wally Dusswald et le reste à d’autres personnes. Nous sommes partis pour Brême. De tous mes amis qui avaient étudié avec moi à Munich, George Eberel est venu à la gare centrale de Munich (Hauptbahnhof) pour me dire au revoir. Il a même porté les bagages jusqu’à notre compartiment. Nous avons pris le Anna Salén au départ de Bremerhaven avec une escale au Havre, en France. Au début novembre, après un voyage d’une semaine, nous sommes arrivés à Halifax sans accident (un marin m’a assuré qu’un navire jumeau de l’Anna Salén s’était brisé en deux dans l’océan Pacifique).

Mme Plummer, qui avait travaillé avec moi au ministère américain de la Justice (elle était réviseure et corrigeait les erreurs dans nos traductions, ce qui était rarement nécessaire), s’était arrangée pour échanger et envoyer 75 dollars canadiens à une banque d’Halifax. Lorsque nous avons fait le suivi, la banque n’a pas trouvé l’argent (elle l’a trouvé quatre semaines plus tard et me l’a transféré à Windsor).

Je n’avais donc à mon arrivée que 5 dollars - gagnés à bord du navire en tant qu’interprète. Notre billet de train pour Windsor avait été payé à l’avance avant notre départ d’Allemagne. Pourquoi avais-je choisi Windsor? L’agent d’immigration de Karlsruhe, où nous avions déposé notre demande d’admission au Canada en tant qu’immigrants reçus, m’a demandé où je voulais aller. Ma réponse : « Quelque part près de Détroit. » Sa réponse : « Allez à Windsor, c’est juste en face, du côté canadien de la rivière Détroit. » La sœur d’Annemarie, Ursula, vivait alors à Detroit.

La première question était maintenant où allions-nous loger? J’ai pris une chambre dans une maison de tourisme sur l’avenue Ouellette. Coût : 5 $! Ursula et Haak voulaient nous accueillir chez eux, mais nous n’étions pas autorisés à franchir la frontière internationale (il a fallu attendre DEUX ans pour cela).

Le lendemain, un lundi, je me suis présenté à M. Cannon au bureau de l’immigration. Il m’a orienté vers le pasteur Storm qui nous a emmenés dans la maison paroissiale où nous avons trouvé une chambre avec des matelas pour dormir. Il s’est occupé de trouver quelque chose à manger. Ursula et Haak sont venus avec une oie - miraculeusement, il y avait de quoi manger, non seulement pour nous, mais aussi pour les autres arrivants que le pasteur Storm avait accueillis. Je me souviens d’une Mme Peterson avec deux enfants en bas âge (qui utilisaient tous la même salle de bain en se relayant : Peterson - toujours Peterson!).

M. Cannon m’a donné un certain nombre d’adresses d’entreprises offrant des emplois. J’en ai visité au moins huit jusqu’à ce qu’un certain M. Oliver, un ingénieur de Coventry, en Angleterre, me dise qu’il pourrait commencer dans deux semaines en tant qu’employé technique, lorsque M. Harrison, qui devait me remplacer, partirait pour une autre entreprise. Qui aurait pu être plus heureux que moi? Jusqu’à ce moment-là, je m’étais senti déprimé, mais une jeune enseignante rencontrée à la bibliothèque Carnegie sur l’avenue Victoria m’a consolée et m’a dit :  « Vous trouverez bientôt du travail. Vous parlez anglais. » Ce à quoi j’ai répondu : « Oui, comme les 14 millions d’autres personnes présentes ici. »

Nous sommes restés avec le pasteur Storm pendant quelques semaines, puis j’ai cherché dans le Windsor Star un appartement à louer (60 $ par mois en moyenne). Au premier endroit où je suis allé, la sonnette ne fonctionnait pas. J’ai frappé et un homme âgé m’a ouvert. Il m’a dit que l’appartement devait être nettoyé et que je pourrais y emménager plus tard. Moi : « Votre sonnette ne fonctionne pas. » Lui : « Oui, je dois trouver quelqu’un pour la réparer. » Moi : « Avez-vous un tireur de vis (Schraubenzieher - traduction littérale en allemand)? » Il m’en a apporté un. J’ai enlevé le couvercle et j’ai trouvé un fil détaché. Lorsqu’il a constaté que la sonnette fonctionnait à nouveau, il a dit : « Êtes-vous ingénieur? » Moi : « Non, mais je peux réparer les choses. » Il m’a embauché sur-le-champ pour 5 $ par jour et, pendant que je nettoyais la maison et que j’abattais un arbre, j’apprenais des mots comme “dortoir”. Il était un bon enseignant et j’étais bon élève. 5,00 $ m’ont permis d’acheter un grand sac rempli de produits d’épicerie. Je suis resté chez ce cheminot à la retraite pendant deux semaines, jusqu’à ce que je puisse commencer à travailler chez Standard Machine.

Image granuleuse d’un jeune couple assis sur les chaises longues d’un bateau.
Traversée de l’Atlantique en 1951 : Annemarie & Herman Leuteritz sur l’Anna Salén
Photo en noir et blanc d’un pont de navire avec un canot de sauvetage à gauche.
Photo du pont de l’Anna Salén avec le canot de sauvetage
Photo en noir et blanc d’un pont de navire avec l’inscription Life Boat Station 10 sur le mur.
Photo du pont du poste de sauvetage 10 sur l’Anna Salén
Photo en noir et blanc du pont d’un navire.
Photo sur le pont de l’Anna Salén