Mur d'honneur de Sobey
Colonne
188
Rangée
24
Fred Carter est né le 23 juillet 1900 dans la ville anglaise de Manchester. Il a immigré au Canada à bord du Tunisian et est arrivé à Québec le 27 mai 1912. Il est décédé le 15 décembre 1985 à Vancouver, en C.-B.
Fred a souvent parlé à sa famille du voyage qu’il a fait de Manchester vers Moose Jaw, en Saskatchewan, où il a rejoint son père. Il a été envoyé seul, à l’âge de 11 ans, car il était l’enfant aîné. L’un de ses frères avait une infection, si bien que sa mère et les autres membres de sa famille ont dû retarder leur traversée. Il disait qu’il « se sentait comme un grand » parce qu’il voyageait seul, bien qu’il ait compris par la suite à quel point il a dû être difficile pour sa mère de le laisser partir seul. Une épidémie de variole s’est déclarée à bord du navire avant que celui-ci n’ait atteint le Canada. Il a donc dû être placé en quarantaine au large des côtes de Grosse-Île, près de Québec, pendant une période de trois semaines (du 11 mai au 1er juin). Le navire a été fumigé et les pâtisseries que sa mère avait emballées dans une boîte de fer pour son voyage en train ont été ruinées. Lorsqu’il a quitté le navire, il se souvient qu’un homme de l’Armée du Salut l’a conduit jusqu’au train et lui a acheté de la nourriture pour son voyage en train vers l’Ouest.
Comme le père de Fred faisait de l’agriculture au sud de Moose Jaw, le jeune garçon devait se rendre à Moose Jaw pour y trouver M. Cooper, qui connaissait son père. Il s’est d’abord dirigé dans la mauvaise direction, puis il a fait marche arrière et est finalement arrivé à la bonne adresse. De là, un autre homme qui avait emprunté un cheval à son père l’a conduit à cheval jusqu’à la demeure de ce dernier. Fred a fait remarquer que de nombreuses coïncidences ont permis à son voyage à travers le pays d’aboutir.
La vie en Saskatchewan était dure. Fred s’occupait des animaux, faisait la cuisine, chargeait le foin et devait à l’occasion marcher quatre milles pour faire les courses. Il se souvient que des moustiques et des fourmis volantes l’attaquaient lorsqu’il travaillait dans les champs. Son père a demandé un terrain près de la deuxième gare de Moose Jaw (Buttress), mais il était si pauvre qu’il a dû accepter un travail d’ensemencement à 12 milles de là. Le père de Fred ne rentrait à la maison que les fins de semaine. Ils habitaient avec les animaux dans la grange qu’ils avaient bâtie.
Le père de Fred s’est engagé pour la guerre en 1915 et ce dernier s’est retrouvé responsable de la ferme pour l’hiver. L’hiver a été très rude et Fred marchait jusqu’au village afin de rapporter du bois de peuplier vert pour faire du feu. Il a entretenu une correspondance avec sa mère de 1912 à 1917, mais tant que son père ne recevait pas de salaire, le reste de la famille ne pouvait pas venir au Canada.
Sa mère, Louisa Mildred, et ses frères et sœurs, George William (15 ans), Sydney (11 ans) et Amy (7 ans) sont arrivés à Halifax le 21 juillet 1917 à bord de l’Olympic. Ils sont ensuite allés rejoindre les deux hommes en Saskatchewan.
De 1915 à 1917, Fred a travaillé dans différents ranchs et a travaillé en ville comme livreur. Plusieurs personnes de Shaunavon et de Swift Current se sont occupées de lui. Ces personnes ont à jamais gardé une place importante dans la mémoire de Fred. En 1917, Fred a menti sur son âge et s’est engagé dans l’armée. Il a souvent mentionné qu’il pensait que la propagande avait glorifié la guerre, qu’elle l’avait présentée comme une occasion d’aller visiter un pays étranger. Il a été envoyé en France, a été blessé par balle le 18 septembre 1918, puis a été fait prisonnier par les Allemands. Il a été gravement blessé et après l’Armistice, il a été conduit à Boulogne à bord d’un train-hôpital. Pendant un certain temps, on l’a empêché de partir vers l’Angleterre, car les médecins ne pensaient pas qu’il survivrait. Finalement, il a été transféré dans un hôpital de Londres pour une période de trois mois. De là, il a été transféré dans un hôpital canadien situé à Orpington (Londres), puis envoyé à Portland (Maine) par navire et finalement rapatrié à Winnipeg. En 1922, Fred s’est fait amputer la jambe juste en dessous du genou à cause de ses blessures de guerre. Il a subi des opérations au dos à la même époque, ce qui a davantage limité ses activités. Fred était cependant une personne déterminée et les gens des Prairies qui le connaissaient parlaient de lui comme d’un cowboy. Il aimait l’équitation et faisait des courses à cheval avec sa jambe artificielle qui restait raide. Fred a travaillé pour des fermes du sud de la Saskatchewan. Il faisait du bricolage électronique et aimait les communications radio. Il a également possédé l’une des premières voitures Modèle T de la région.
Fred a déménagé à Vancouver vers la fin des années 1930. Il suivait Florence Leupold, une institutrice de Bracken, en Saskatchewan. Ils se sont mariés à Vancouver le 30 décembre 1938 et ont habité brièvement à Olalla, dans la vallée de l’Okanagan, où Florence a enseigné. Ils sont retournés à Vancouver où Fred a travaillé comme opérateur d’ascenseur dans le bâtiment fédéral de Vancouver (maintenant le centre Sinclair). Il a occupé ce poste jusqu’à sa retraite, en 1967. Ce poste lui avait été offert par le ministère des Anciens Combattants, car il était amputé de guerre. Les blessures de guerre de Fred limitaient ses activités, mais il a cependant toujours possédé une voiture et les vacances en famille étaient importantes pour lui. Fred et Florence ont eu trois enfants, Karen, Richard (Dick) et Elaine, qui habitent maintenant tous dans la région de Vancouver avec leur famille.
En 1969, on a diagnostiqué que sa mauvaise santé était due à une infection située où il avait dû être amputé à la jambe pendant la Première Guerre mondiale. Les médecins de l’hôpital Shaughnessy de Vancouver ont été stupéfaits qu’une telle infection ait pu rester dormante si longtemps, pour se déclarer 50 ans plus tard. Fred a dû être amputé de nouveau, au-dessus du genou, et a dû apprendre à marcher avec une prothèse articulée.
Fred est demeuré actif au sein des Amputés de guerre du Canada tout au long de sa carrière, et après sa retraite. Il a reçu la récompense du service méritoire en 1973 pour le travail qu’il a accompli avec eux, ainsi que pour avoir aidé des amputés des deux guerres mondiales. Fred a vécu dans sa maison de Vancouver de 1944 jusqu’à quelques mois avant son décès, en 1985. Il a soutenu Florence pendant les années difficiles de son cancer et jusqu’à son décès en 1981. Toute sa vie, il a été un avide lecteur et a adoré le jardinage, tout particulièrement le jardinage des fleurs. Il est resté curieux et mentalement alerte jusqu’à la toute fin.
Il avait un regard positif sur sa vie et est demeuré très heureux d’être venu au Canada en 1912 et d’avoir eu toutes ces opportunités.
Le 1er septembre 2010, Postes Canada a émis un timbre reconnaissant les « Petits immigrés anglais », c’est-à-dire les enfants qui ont été envoyés du Royaume-Uni pour venir travailler dans les fermes du Canada. Le concepteur du timbre à l’arrière de l’enveloppe a utilisé une photo de Fred prise en 1912, juste avant son départ pour le Canada.