Theodore et Maria Jacobs

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Theodore and Maria Jacobs

En route pour une bonne vie au Canada
Par Carla White

Lorsque Theodorus Jacobs (aussi connu comme Theo) a vu le navire qui les amènerait au Canada, lui et sa femme Maria, le 5 mars 1954, il s’est fait la réflexion, « Bienvenue à la maison ». Ce n’était pas la première fois que Theo faisait un voyage à partir des Pays-Bas sur le Groote Beer (Gros Ours), mais c’était la première fois que la promesse et l'espoir d'une nouvelle vie l'attendaient à l'autre bout.

Theo a, la première fois, monté à bord du Groote Beer avec de nombreux autres soldats néerlandais en février 1949 et a pris la mer vers l’Indonésie où ils ont été stationnés jusqu'en août 1950.

Bien qu'il n'ait jamais fréquenté l'école secondaire en raison du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Theo a suivi un cours de comptabilité pendant son temps libre en Indonésie et, à son retour, il est allé au collège agricole, trois jours par semaine (20 km à vélo à l’aller), lesquels s’avéreront utiles durant les années à venir.

Après la guerre, l'armée néerlandaise tentait de convaincre les soldats d'aller en Australie, au lieu de retourner à la maison. Mais les soldats savaient que les femmes d’Oz à l'époque n’aimaient pas les étrangers, de sorte qu'ils sont rentrés aux Pays-Bas pour trouver des épouses. Il aurait envisagé d'aller en Nouvelle-Zélande mais cela ne lui a pas été offert.

L'année où Theo est revenu, les Pays-Bas se sont retirés de l'Indonésie et la situation était désastreuse. Des gens ordinaires se sont fait tuer et les Néerlandais ont été blâmés. Lorsque les soldats néerlandais sont rentrés chez eux, ils n’ont pas été appréciés. En plus, souffrant du syndrome de stress post-traumatique, jusqu'à 30 pour cent de ceux qui sont revenus d'Indonésie ont de nouveau quitté les Pays-Bas.

Theo est resté pour un moment. À son retour, l'armée néerlandaise l'a envoyé à l'université à l'hiver 1951-1952, où il a rencontré le fils de l'agriculteur chez qui il allait travailler. Au cours des 18 mois suivants, il a appris à conduire les tracteurs ainsi que d’autres instruments agricoles mécanisés tels que les machines à traire.

Mais le gouvernement et l'église des Pays-Bas n'ont pas aidé à la situation alors qu’ils ont tous deux essayé d’inciter les résidents à quitter le pays. Les prêtres et les évêques auraient visité les écoles agricoles locales pour parler aux élèves d’immigration. C’est là que Theo a d’abord envisagé l'idée.

« J’ai vu le monde et j’ai travaillé sur une ferme pendant un certain temps; mais pour moi, l'émigration était un moyen de s’en sortir », explique Theo dont la mère lui avait dit que s’il voulait faire sa vie il devait sortir des Pays-Bas. "Vous pouviez voir que le monde était plus grand que juste là d’où vous veniez, » at-il ajouté.

Quand un évêque est venu parler au collège où Theo étudiait, Theo a demandé à l'évêque dans quel pays il choisirait d'émigrer et l'évêque lui a dit le Canada. C’était donc décidé là où Theo irait.

Il dit que la décision de quitter n'a pas été si difficile. Après la guerre, rien ne se passait dans les Pays-Bas. Les usines étaient fermées, les Pays-Bas voulaient que les gens quittent et son ami qui était parti au Canada l'année précédente écrivait des lettres sur l’expérience merveilleuse que cela était ce qui a renforcé la décision de Theo.

Theo n'est pas parti tout de suite, des préparatifs étaient nécessaires, des cours ont dû être pris et il a rencontré une femme qui devait d'abord devenir sa femme avant de pouvoir émigrer ensemble.

Theo a rencontré Maria à la danse du Nouvel An à laquelle il assistait avec un ami de collège qui se trouvait le cousin de Maria. Mais il n'a pas mentionné son désir d'aller au Canada jusqu'à ce qu'ils sortent ensemble depuis un an. Il n'en a pas fallu beaucoup pour la convaincre que l'émigration serait pour elle une façon de quitter sa famille dominatrice.

Ainsi, en 1953, ils ont commencé à planifier en suivant des cours sur l'émigration, en apprenant l’anglais et en passant des test de santé physiques. Un cours semblable comprenait un week-end de trois jours organisé par un groupe catholique où Theo et Maria ont reçu toutes les informations dont ils avaient besoin pour émigrer, en particulier des informations qui ne semblaient pas être connues de tous, du public en général et des autres émigrants. Theo se souvient en particulier de la règle d'or : « Au Canada, ils n’aiment pas discuter beaucoup, donc ne parlez pas de politique et de religion en public et vous serez ok. »

Ils ont appris sur la culture canadienne et que, si vous pouvez compter, vous pouvez faire des affaires. C'est où la connaissance et l'expérience de la comptabilité de Theo sont devenues bien pratiques.

Theo a demandé au père de Maria s’il pouvait l'emmener au Canada et il a dit « oui, mais tu dois l'épouser ». Donc, une semaine (10 jours en fait) avant leur départ sur le Groote Beer, Theo et Maria célébrait leur mariage pendant deux jours.

Une semaine plus tard, certains des membres de leur famille les ont vus se diriger vers la gare. La mère de Theo était convaincue qu'elle ne le reverrait jamais mais il est retourné aux Pays-Bas à plusieurs reprises au cours des années pour les visiter. Et à chaque fois, sa mère disait : « Ce sera la dernière fois ». Elle a eu finalement raison.

Les émigrants devaient payer leur propre passage sur le navire et cela coûtait environ 1 800 florins pour chambre et pension et pour l'expédition de ses effets personnels. Ils étaient autorisés à apporter une somme limitée d’argent en dehors des Pays-Bas et les articles ménagers qu'ils pouvaient apporter au Canada étaient limités à 2 500 florins.

Ils sont arrivés avec 20 $ en poche et 370 $ en chèques de voyage (environ 100 florins). Alors Theo et Maria ont emballé une table et des chaises de cuisine, le mobilier de chambre à coucher, des vêtements et la literie qui ont été ramassés à la maison et qui sont arrivés au Canada trois semaines après eux.

Theo ne savait pas, jusqu'à ce qu'il arrive au port pour prendre le bateau vers le Canada que c’était le même que celui qui l'avait emmené en Indonésie et l’avait ramené. Bien que la météo pour aller au Canada fût plus misérable que celle pour aller en Indonésie, il dit que les installations pour dormir étaient meilleures cette fois-ci. Les hamacs avaient été remplacés par des lits, avec les hommes et les femmes dans des dortoirs séparés.

Le temps a été démonté tout au long de leur voyage faisant en sorte que le trajet a pris neuf jours et demi au lieu de huit et que beaucoup de gens ont eu le mal de mer, y compris Maria. Theo dit que la nourriture était très bien et que les passagers devaient s’assurer de boire beaucoup même s’ils avaient le mal de mer. Les dortoirs étaient de grandes salles avec environ 100 lits dans chacune, empilés cinq de haut. « Pour moi, c’était une grande surprise que c’était mieux », dit Theo alors qu’il compare ses deux voyages sur le Groote Beer. Maria se demandait dans quoi elle s’était embarquée.

TIl n'y avait pas beaucoup à faire sur le navire, autre que d’étudier plus et de parler avec d'autres émigrés. Theo se souvient de la première fois qu'il a vu la terre, le Groenland de loin avec beaucoup de rochers, et puis encore plus de rochers alors qu'ils approchaient de Terre-Neuve. Alors qu’ils naviguaient, il s’est demandé : « Est-ce qu’il y a de la terre dans ce pays », parce que tout ce qu'il pouvait voir était des rochers.

Ils sont arrivés au Quai 21, à Halifax, le 14 mars 1954, jour de l'anniversaire de Theo, mais, il n’a reçu le sol canadien comme cadeau que le lendemain. Il était trop tard pour descendre du bateau cette nuit-là. Ils ont donc passé une autre nuit sur le Groote Beer, le long du rivage rocheux de Halifax, au Quai 21.

Theo et Maria pouvaient parler mieux anglais que la plupart des autres émigrants, de sorte qu'ils ont traversé rapidement l'immigration, dans le bâtiment qui est aujourd'hui le musée. Ils ont été invités à acheter quelques produits d'épicerie avant de prendre le train vers leur destination finale parce qu’il faudrait trois jours pour aller de Halifax à London, en Ontario.

Le train a fait une brève escale à Toronto, à l'Armée du Salut, où ils ont reçu du café et des beignes. C’était la première fois que Theo avait des beignes et c’était sa première impression du Canada, quelque chose qu'il n'a jamais oublié.

Il a neigé tout le long du trajet de Halifax à London et Theo était consterné de voir qu'ils n’avaient pas laissé la neige derrière eux aux Pays-Bas même s’ils étaient arrivés presqu’au printemps.

Les formulaires d'immigration de Theo précisaient que son métier était l'agriculture, de sorte que le ministère de l'Immigration s’est organisé pour qu’il travaille sur une ferme, ce qui explique pourquoi il a émigré au printemps, au moment où les agriculteurs ont le plus besoin d'aide.

A London, Theo et Maria ont été pris en charge par un fonctionnaire local de l'immigration et qui les a emmenés à Stratford puisque c’est là qu’il vivait. Ils ont passé leur première nuit dans un hôtel avant que le fermier pour qui il travaillait vienne les prendre. Chaque fois qu'il voit cet hôtel, il se rappelle l'endroit où il avait passé sa première bonne nuit de sommeil au Canada.

La ferme laitière de Stratford où Theo travaillait quand il est arrivé au Canada avait également un autre néerlandais qui avait travaillé tout l'hiver, ce qui a aidé Theo et Maria à faire la transition vers la vie canadienne. Theo a également acheté une radio et ils ont mieux appris l'anglais en écoutant Lloyd Robertson annoncer les nouvelles, à la station de radio locale.

Theo a été laissé à lui-même pour traire les vaches après seulement une journée d'apprentissage et Maria devait aider à la maison. C’était également le temps des sucres, une nouvelle expérience pour Theo comme les Pays-Bas ne lui avaient pas enseigné cette tradition canadienne.

Quand le printemps est arrivé et les semences ont été faites, la vie de l'agriculture n'était pas très différente de celle des Pays-Bas. Maria a travaillé à temps partiel pour un autre couple de Hollandais avant de devenir enceinte de leur premier de cinq enfants. À l'époque, ils vivaient dans un ancien hangar à bois qui avait été converti en hébergement, sans plomberie. Theo dit qu’il faisait très froid dans la chambre, même le pot de chambre gelait.

Cet automne-là, le producteur laitier a amené Theo à son premier (d’une longue liste) concours international de labour, à Breslau. Le lendemain, l'ouragan Hazel s’est déchainé et ils n’ont pas pu avoir accès au champ pendant deux semaines, le temps que sèche la terre. « Cela a été dur pour les nerfs d'un fermier », se souvient-il.

Bien que le fermier ne retire pas toujours un salaire décent de son travail, les voisins étaient très bons pour Theo et Maria. L’un d’eux a même conduit Theo à l'hôpital lorsque leur premier fils est né alors que Theo n'avait pas sa propre voiture.

Après deux ans à la ferme laitière de Stratford, Theo a décidé qu'il était temps de quitter le fermier qui ne le payait pas assez. Il est allé travailler sur une autre ferme laitière, mais il vivait sur une ferme d’élevage de visons où l’hébergement au-dessus de la ferme n’était pas idéal, mais il était payé deux fois plus cher, 120 $ par mois. Lors de son troisième emploi, à St. Mary, Theo faisait 180 $ par mois. Lui et Maria étaient capables de partager une moitié de maison avec deux sœurs célibataires âgées qui gardaient les enfants de leur famille grandissante qui comprenait maintenant quatre enfants.

Avec plus d'enfants, une maison plus grande était nécessaire et avec plus d'argent, cela était possible. En 1960, Theo achetait 100 acres de terre à Ayton, avec une maison et une grange, pour 5 500 $ à une vente aux enchères. C’est à Ayton que leur cinquième enfant est né.

Leur deuxième ferme est apparue en 1965 et une troisième en 1976. « Je suis bon en comptabilité, je pense que c’est la seule raison pour laquelle j’avais de l'argent et les autres pas", a déclaré Theo sur sa capacité à acheter ses propres fermes.

Maria a approuvé les deux premières fermes, mais était fâchée quand Theo a acheté la troisième. Il affirme que c’était là leur régime de retraite. Malheureusement, ce plan n'est jamais complètement venu à maturité alors que Maria est décédée en mars 1992.

Theo s’est remarié en 1995 et dit que c’était comme émigrer parce que tout était encore nouveau, en particulier ayant ses beaux-parents si près. « Je n’avais jamais eu ça », dit-il. « Avant, ils venaient des Pays-Bas pour nous visiter et puis ils repartaient. »

Bien qu'il ait été heureux de vivre au Canada, Theo s’est toujours demandé s’il avait fait le bon choix. Il a donc fait un voyage en Nouvelle-Zélande et en Australie, en 1999, juste pour être sûr. Il dit que, bien qu'il aurait pu vivre en Nouvelle-Zélande, comme c’était semblable aux Pays-Bas pour ce qui est des terres et des moutons, l'Australie était trop sèche et chaude.

Mais avec sa terre et la richesse de la famille et de la famille élargie ici, au Canada, Theo dit qu'il est heureux avec son choix. Lorsque son frère est décédé en 2012, en haut de sa nécrologie se trouvait : « J’ai eu une bonne vie ». « Je pense que je pourrais dire la même chose », dit Theo, avec un sourire.

(Note : Malheureusement, il n'y a pas eu de photos lorsqu’ils ont débarqué à Halifax. Tout avait été emballé, y compris la caméra, en attendant de quitter le navire le 14 mars 1954 (26e anniversaire de Theo). Cependant, il était tard dans la journée lorsque le navire s’est amarré et l'immigration était fermée. Ils ont dû rester une nuit de plus à bord et ont été autorisés à débarquer le 15 mars.)

Couple en robe de mariée debout devant le mur tenant des fleurs à la main.
Theodore et Maria le jour de leur mariage (à l'église), le 23 février 1954. Ils se sont mariés à Sint Jacobuskerk, Hunsel, Limburg
Couple se tient sur le quai du navire pour la photo.
Moment pour les derniers adieux alors que Theo et Maria sont prêts à monter à bord du navire.
Gros bateau avec drapeau sur le devant et Groote écrit dessus.
Port de Rotterdam. Theo et Maria montent à bord du navire
Imaginez les gens sur le pont.
Theo et Maria à bord du navire prêts à prendre le large vers une nouvelle vie. Il pleuvait à ce moment-là.
Vieille photo de bateau pendant le jour de pluie.
Theo et Maria à bord du navire prêts à prendre le large vers une nouvelle vie. Il pleuvait à ce moment-là.
Groupe d’hommes et de femmes en gilet de sauvetage.
Formation près des canots de sauvetage dès la première heure.
Le pont du navire.
Le pont du navire.
Pont supérieur du navire.
Il y avait un abri sur le pont supérieur qui offrait une certaine protection contre le vent. Maria est blottie dans le coi
Pont supérieur du navire.
Il y avait un abri sur le pont supérieur qui offrait une certaine protection contre le vent. Maria est blottie dans le coin.
Déplacement de la photo du navire en vagues.
Croisant un navire de même classe, le Noordam, sur son voyage de retour aux Pays-Bas
Peu de gens sont assis sur le pont supérieur du navire.
La mer était très agitée. Il y avait donc très peu de gens sur le pont. La plupart avaient le mal de mer aux niveaux inférieurs.
L’homme est debout sur le pont supérieur du navire, tenant son manteau.
Maria prend l'air frais sur le pont. En dépit du mal de mer, elle est montée sur le pont à chaque jour pour prendre l’air dans l'espoir de mieux se sentir.
Deux personnes sont debout et deux assis sur le banc pour la lumière du soleil.
Theo et Maria sur le pont. Il y avait des jours ensoleillés mais froids et venteux pendant la traversée.
Photo du navire en noir et blanc avec le titre sur le navire isGroote Beer.
Carte postale du navire (probablement parce qu'elle était gratuite) envoyée le jour où Theo et Maria sont arrivés à Halifax aux parent de Maria aux Pays-Bas pour les informer de leur arrivée en toute sécurité au Canada.
Ancienne carte postale avec deux timbres-billets et timbre Halifax NS.
Carte postale du navire (probablement parce qu'elle était gratuite) envoyée le jour où Theo et Maria sont arrivés à Halifax aux parent de Maria aux Pays-Bas pour les informer de leur arrivée en toute sécurité au Canada.
Couverture de livre de la liste des passagers de bateau.
La liste des passagers de bateau.