Tarcisio Filippelli

Mur d'honneur de Sobey

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Tarcisio Filippelli

L’histoire d’immigration de Tarcisio Filippelli (immigrant italien)
LE RÉCIT DE VOYAGE DE TARCISIO

Je suis né le 31 décembre 1953, mais mon certificat de naissance indique que je suis né le 1er janvier 1954, à Mendicino, dans la province italienne de Cosenza. Mon grand-père Antonio Conte (le père de ma mère) a travaillé et voyagé dans plusieurs pays alors qu’il cherchait une vie meilleure pour sa famille. Il a immigré au Canada en 1951. Il a été un pionnier, car en déménageant, il a encouragé d’autres membres de sa famille à immigrer au Canada, comme ma grand-mère Maria (Greco) Conte. Mon père Giuseppe (30 ans), ma mère Teresina (29 ans), ma sœur Tonina (2 ans) et moi (6 ans) avons été les derniers à faire la traversée à bord du Vulcania, en 1960.

Notre périple a commencé par un voyage de soirée en train qui nous a menés de Mendicino jusqu’au porto de Naples. Mon grand-oncle Vincenzo Madrigrano (le frère de mon grand-père Antonio) nous a accompagnés durant cette première partie de notre voyage et est resté avec nous toute la journée, jusqu’à ce que nous nous soyons familiarisés avec le porto. Nous avons fait nos adieux ce soir-là, après être montés à bord du Vulcania.

Comme je voyais le navire à travers les yeux d’un jeune enfant, sa taille m’était très intimidante. J’ai été saisi par la présence du navire lorsque nous sommes montés à son bord par un pont mouvant. Il semblait si imposant.

À l’intérieur du navire, tous les passagers se sont placés en file pour présenter leurs passeports et faire inspecter leurs documents. Les membres de ma famille sont montés sur le pont pour essayer d’apercevoir mon grand-oncle dans la foule avant le départ du navire. Je me souviens d’avoir été très intrigué par les membres d’équipage qui préparaient notre départ en levant l’ancre.

Bien que le voyage de 11 jours ait laissé sa marque sur la santé de ma famille, il n’a pas gâché mon premier aperçu du Canada. Nous avons reçu une formation d’intervention d’urgence avec un gilet de sauvetage. La majorité de nos repas étaient modestes, mais nous avons eu droit à une visite sur le pont où nous avons mangé un souper plus satisfaisant. Je me souviens que j’ai été fasciné par les vagues puissantes que le bateau créait dans son sillage. La proue du navire était de temps à autre éclaboussée par leur splendeur. Après son départ, à l’exception de quelques escales, le Vulcania a navigué directement jusqu’à Halifax. Lors d’un arrêt que nous avons fait dans l’obscurité de la nuit, mon père et moi avons brièvement débarqué avant de poursuivre notre route.

Le 30 janvier 1960 était une belle journée ensoleillée et la neige recouvrait le sol. Lorsque le navire est arrivé au Canada et que la terre était en vue, mon père m’a soulevé dans ses bras pour que je puisse aussi voir cette masse terrestre. J’ai tout de suite été étonné en voyant la couverture blanche qui couvrait tout ce que je voyais. Ce n’est que plus tard que j’ai appris que ce que j’avais vu était de la neige. C’était pour moi une découverte capitale que cette vaste étendue de blancheur avait un nom. Chez moi, à Mendicino, il était très rare de voir de la neige si épaisse, blanche et froide. Voir de la neige au Canada était très étrange, parce que lorsque ma famille a quitté Mendicino, 11 jours auparavant, il n’y en avait pas du tout.

Nous avons accosté et le capitaine a souhaité bonne chance aux passagers qui commençaient à débarquer. Nos documents ont une fois de plus été inspectés, puis nous avons obtenu le STATUT D’IMMIGRANT REÇU. À côté de l’aire de réception se trouvait une gare où nous avons trouvé un transport vers l’ouest.

Pendant ce voyage, nous nous sommes arrêtés à Montréal pour changer de train, puis nous avons continué notre route jusqu’à notre destination. En nous approchant de Sioux Lookout, je me souviens d’avoir vu mon père qui regardait le paysage, probablement en pleine réflexion sur la nouvelle vie qui l’attendait, lui et sa famille. Lorsque le train est arrivé à la gare, j’ai pu voir la famille de ma mère qui nous attendait pour nous accueillir. Ils étaient debout sur le quai dans le froid glacial de février.

Ce sont ces membres de notre famille qui nous ont accueillis chez eux, pour que nous ayons un endroit où vivre. Ils étaient venus au Canada avant nous et s’étaient installés dans le nord de l’Ontario. Heureusement, ils avaient une grande maison, car elle devait accueillir sept adultes et deux enfants.

L’une des premières choses culturelles que j’ai apprises est la grande popularité du patin sur glace. Seulement un jour après mon arrivée, mon oncle m’a pris à part pour me montrer à quoi ressemblaient des patins à glace. Il m’a fait des signes pour m’indiquer que je pourrais apprendre à patiner quand je serais plus vieux. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que le soccer, mes racines, le sport vital de l’Italie, n’avait pas encore été découvert ici. Comme j’étais au Canada, on m’a présenté le hockey et la culture qui l’entoure.

En septembre 1960, j’ai dû quitter ma famille pour aller à l’Ontario School for the Deaf (l’École des Sourds de l’Ontario), située dans la ville ontarienne de Belleville. Notre immigration au Canada a été en grande partie motivée par le fait que mes parents voulaient que je reçoive une éducation.

IMa famille a décidé de déménager à Toronto en 1964 afin d’être près de Belleville. Pendant plusieurs années, je rendais régulièrement visite à ma famille lorsque j’étais en vacances de l’école des sourds. Ma famille a ensuite décidé de déménager à Winnipeg, au mois de juin 1968, afin d’être proche de la famille de ma mère. J’ai ensuite étudié à la Manitoba School for the Deaf (l’École des Sourds du Manitoba) pour parfaire mon éducation. Toutes les familles qui avaient partagé une maison à Sioux Lookout avaient maintenant leur propre demeure à Winnipeg. Nous étions tous heureux, même si l’Italie nous manquait, même si nous avions hâte d’y retourner le temps d’une visite. Depuis notre arrivée au Canada, je suis rentré en Italie huit fois, ma mère trois fois et mon père quatre fois. Bien des membres de ma famille et plusieurs de mes amis sont en Italie. Je pense qu’il est vrai que le cœur de bien des immigrants est partagé entre deux mondes.

Mes parents voulaient une vie meilleure pour leurs enfants. Je pense que la décision qu’ils ont prise les a rendus heureux, mais je sais que leurs cœurs sont toujours en Italie. Je conserve toujours des liens forts avec Mendicino, de la province italienne de Cosenza.

Je suis très fier d’être un ancien du Quai 21. J’ai acheté quatre briques du Mur d’honneur de Sobey afin de rendre hommage non seulement à moi (Tarcisio Filippelli), mais aussi à mes parents (Giuseppe et Teresa Filippelli), à mes grands-parents (Antonio et Maria Conte) et à ma sœur (Tonina Filippelli Fiorentino).

Je n’oublierai jamais ce conférencier invité qui a fait une présentation lors de la cérémonie d’ouverture du nouveau centre Centro Caboto de Winnipeg, en 1998. Il a dit, et je suis tout à fait d’accord avec lui, que nous, les enfants des générations précédentes, devrions remercier et respecter ces pionniers qui sont venus au Canada pour enrichir leur vie et celle des générations à venir.

La raison pour laquelle ma date d’anniversaire est le 1er janvier

IJe suis né le 31 décembre 1953, mais mon certificat de naissance indique que je suis né le 1er janvier 1954. J’ai demandé à ma mère pourquoi c’était le cas et elle m’a expliqué ceci : « Nous ne voulions pas que tu aies un an quand tu n’avais que quelques heures. En Italie, les jeunes hommes doivent se joindre à l’armée et nous ne voulions pas que tu y ailles un an plus tôt que nécessaire. » J’ai demandé à ma mère comment elle avait convaincu un médecin de signer les papiers avec la date de naissance modifiée. Elle m’a expliqué que j’ai été mis au monde par une sage-femme qui s’est fait un plaisir de répondre à cette demande. Ma date de naissance est donc le 1er janvier.

La raison pour laquelle ma mère m’a appelé Tarcisio

« Quand j’avais 14 ans, lorsque j’étais à l’église, le prêtre a raconté l’histoire d’un certain Saint-Tarcisio. J’ai été tellement impressionnée par cette histoire que je me suis dit que lorsque je serai plus vieille, je me marierais, j’aurais un garçon, et je l’appellerais Tarcisio.

L’histoire raconte que ce garçon, âgé d’une dizaine d’années, est descendu dans des catacombes pour récupérer des hosties de communion pour un service religieux. Les hosties devaient être cachées dans les catacombes, car des militants non catholiques tentaient de réprimer les services religieux célébrés par les catholiques. En se rendant des catacombes à l’église, Tarcisio a été attaqué et lapidé. Des gens ont tenté de le sauver, mais en vain. Tarcisio est décédé, mais les hosties de communion ont pu être récupérées et amenées à l’église pour la sainte communion. Les gestes posés par Saint-Tarcisio n’ont pas été en vain et on se souviendra toujours de son dévouement. »

Page de la photographie d’un passeport italien montrant une femme avec un petit garçon et une fille encore bébé.
La photo d’identité de Tarcisio avec sa mère Teresina et sa sœur Tonina
Agrandissement d’une image de passeport montrant une femme, un petit garçon et une fille encore bébé.
La photo d’identité de Tarcisio avec sa mère Teresina et sa sœur Tonina
Vue aérienne d’une magnifique ville dans les collines en Italie.
La ville natale de Tarcisio: Mendicino Consenza (Italie)
Ville en Italie sous un manteau de neige.
La ville où réside Tarcisio, Noël 2007
Tarcisio debout à côté de sa plaque d'argent sur le mur de briques de l'entrée du musée.
Tarcisio avec sa brique sur le Mur d’honneur Sobey au Quai 21.