Marjorie Barbara MacBurnie

Mur d'honneur de Sobey

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Marjorie Barbara MacBurnie

Note de l’éditeur : ce compte-rendu est apparu initialement dans « Betty Jean Barnhill’s Canadian Studies 4400 project » intitule : « The Stories of four English War Brides Who Adapted to Canada: How the war Bride Society Helped Them to Adapt ». Sa reproduction est autorisée avec la permission de Mme Barnhill.

M. et Mme George MacBurnie :

Mme Marjorie Barbara MacBurnie (née Poole), veuve de guerre, a été interviewée un vendredi après-midi, le 25 janvier 2002. Elle est née le 21 août 1921 et a grandi à Sherwood, à Nottingham, lieu du château de Nottingham et de la légende de Robin des Bois. Lors de la Seconde Guerre mondiale, elle travaillait pour la compagnie de cigarettes Players à Nottingham. En 1940, elle est alors devenue membre de l’armée de terre, où elle a travaillé sur une ferme pour cultiver la terre. En 1942, lors d’une soirée de danse, elle a rencontré son futur mari, George Robert MacBurnie. Tout comme de nombreux Canadiens, George MacBurnie est resté en Angleterre jusqu’au jour J du débarquement le 6 juin 1944. Il était membre du Canadian Ordnance Corp. et conduisait les camions durant la guerre. Barbara disait que George était resté jusqu’au jour du débarquement et jusqu’à ce que les troupes soient suffisamment avancées à l’intérieur des terres. Il est également allé sur le continent et est descendu jusqu’en Italie à la fin de la guerre. Durant cette période, Barbara recevait des lettres de lui mais il ne faisait jamais mention de la guerre.

Quoi qu’il en soit, les formulaires requis étaient remplis et les arrangements avaient été faits pour que le mariage ait lieu à l’église anglicane de Nottingham, le 29 août 1945. Elle avait utilisé ses coupons de rationnement pour se procurer sa robe de mariée et la réception allait se dérouler chez ses parents.

À la fin de la guerre, George MacBurnie avait été rapatrié avant elle. Par conséquent, Barbara avait dû se rendre à Londres pour remplir seule les formulaires qui la déclaraient épouse de guerre.

Son père et son grand-père l’avait accompagnée en train jusqu’à Southampton et ils étaient restés avec elle jusqu’à ce qu’elle embarque pour le Canada à bord du Queen Mary. Elle a décrit la traversée comme étant rapide puisque cela n’avait duré que 5 jours mais a précisé qu’elle avait été trop malade pour apprécier le voyage. Elle se souvient, toutefois, d’avoir apprécié les petits pains blancs servis sur le bateau ainsi que le discours de M. M. Coolidge s’adressant aux épouses de guerre. Elle se souvient de ne pas avoir été très impressionnée par l’individu. Lorsqu’interviewée sur ses premières impressions en arrivant au Canada, elle se souvient d’avoir aperçu de très petits villages isolés en passant le long de la côte de Terre-Neuve et ne souhaitait pas se retrouver dans un endroit aussi loin de tout. En approchant du port de Halifax, elle espérait que quelqu’un vienne à sa rencontre car elle commençait à se sentir mal à l’aise face à tant de nouveautés et à se demander quel genre de vie l’attendait. Elle a eu tout un choc culturel lorsqu’elle a rendu visite à sa belle-famille. Elle était scandalisée d’être dans l’obligation de passer à travers un lit d’orties pour se rendre aux toilettes ! Elle s’était sentie si mal à l’aise durant les milles et les milles de forêt qu’elle avait dû longer en voyageant sur des chemins de terre afin de se rendre à la maison de ses beaux-parents. Par la suite, George a trouvé une chambre à Truro, sur la rue Arthur et cela lui a permis de se sentir plus à l’aise parce que plus près du confort qu’elle avait connu en Angleterre. Elle a continué en expliquant qu’elle a assisté à quelques réunions de l’association des épouses de guerre mais qu’elle n’a tout simplement plus eu le temps lorsqu’elle a commencé à fonder une famille.

Après la naissance du 3e enfant, la famille s’est installée à Port Credit en Ontario qu’elle a décrit comme un joli petit village tranquille pour élever les enfants. À la suite de la naissance de leur 9e enfant, ils sont retournés à Truro en Nouvelle-Écosse. Comme elle le soulignait elle-même : « Vous savez ce que les gens disent à propos des gens des maritimes.» Par la suite, ils ont eu deux autres enfants. Dès que ceux-ci ont été un peu plus grands, George a adhéré à la Légion. Alors, George et Barbara ont commencé à sortir un peu plus souvent. En 1969, George est devenu le président de la Légion et Barbara est retournée aux rencontres de l’association des épouses de guerre. Contrairement à beaucoup d’épouses de guerre, elle n’est retournée en Angleterre que 25 ans plus tard. Ainsi, l’association était pour elle le seul endroit qui la rapprochait du divertissement et de la camaraderie anglaise. Elle expliqua que Vera Lynn était de son époque et qu’ainsi elle pouvait revisiter sa jeunesse en écoutant ses chansons. Bien que ses parents n’aient jamais traversé l’Océan, son père lui écrivait et la famille envoyait des biscuits et des friandises. Ils adoraient recevoir ces colis.

Alors que son épouse, ses onze enfants, ses 41 petits-enfants et ses sept arrière-petits-enfants ont survécu à George, Barbara MacBurnie s’est sentie bénie par sa famille et a apprécié être membre de l’association des épouses de guerre qui se rencontraient deux fois par an.

En regardant les dessins qui sont accrochés sur la porte de sa chambre et sur celle de son frigo et qui sont faits par les arrière-petits-enfants pour leur Grand-maman, George et Barbara doivent bien sentir à quel point ils sont aimés de tous. Leur histoire est enregistrée pour leurs enfants, leurs petits-enfants et leurs arrière-petits-enfants et aussi pour les générations futures intéressées à l’écouter au Quai 21.

Chanson de Vera Lynn dédiée au mari de Barbara :

Les Falaises Blanches de Douves

Il y aura des merles bleus au-dessus des falaises blanches de Douves

Il y aura de l’amour, des rires, de la paix pour toujours,

Demain, lorsque le monde sera libre

Le berger veillera sur ses moutons, la vallée fleurira à nouveau

Jimmy s’endormira dans sa chambre à nouveau

Il y aura des merles bleus au-dessus des falaises blanches de Douves

Demain, attends et regarde.

En conclusion, j’espère avoir bien illustré la façon dont les épouses de guerre se sont adaptées au Canada et ont contribué à notre société part leur amour, leur fidélité à leur pays ainsi qu’à l’association des épouses de guerre. J’ai grandi à Belmont dans le comté de Colchester en Nouvelle-Écosse, à quelques milles de la base militaire de Debert, endroit stratégique durant la Seconde Guerre mondiale. Je m’appelle Betty Jean Barnhill et voici leurs histoires. J’espère que ces récits ont su vous intéresser et vous éclairer tout comme ils m’ont intéressée et éclairée.

Madame George MacBurnie

Le récit d’une épouse de guerre anglaise

London's News Flash:

3 septembre 1939 : La guerre est déclarée !

Marjorie Barbara Pool venait tout juste de souligner son 18e anniversaire lorsque la guerre a été déclarée le 21 août. Elle est née à Nottingham en Angleterre et a grandi avec ses parents : M. et Mme Robert Poole. Malgré le fait qu’elle venait de commencer un travail à l’Empire Players Tabacco à Nottingham à l’âge de 16 ans, elle s’est enrôlée dans l’Armée de terre peu après le début de la guerre. « Chacun devait faire sa part, vous savez. »

Lorsque nous avons parlé des années de guerre, Barbara m’a dit : « C’était terrible d’entendre dire que les navires avaient été coulés par le Bismarck. Tous ces soldats canadiens tués en voulant apporter de la nourriture et des provisions de l’autre côté de l’océan. Une chanson jouait à l’époque qui disait : ‘Nous devions couler le Bismack’. Je me suis portée volontaire dans l’Armée de terre alors j’ai fait ma part en labourant et en faisant des plantations dans les champs afin de produire beaucoup de nourriture. »

1942-1944 : La rencontre avec George et le grand amour

Lorsque je lui ai demandé quand et comment elle avait rencontré Georges, elle m’a répondu : « J’ai rencontré Georges lors d’une soirée dansante en 1942. Nous étions tous jeunes à l’époque et tout le monde fréquentait les soirées de danse. Nous faisions de la danse de salon et du fox trot et non de la danse country comme aujourd’hui. »

Elle a poursuivi : « George était dans la division administrative de l’Armée canadienne. Il conduisait les camions chargés de munitions et de matériel. Il était né à Belmont en Nouvelle-Écosse et ses parents étaient Robert et Ellen (Nellie) MacBurnie. »

1944-1945 : Rester en contact

Elle disait : « George avait été envoyé outre-mer en Afrique, en Italie et ensuite en Allemagne à la suite du Débarquement en Normandie. »

Elle n’avait pratiquement aucune nouvelle de lui car il fallait faire très attention de ne divulguer aucune information : « Lorsque je recevais des lettres, elles n’étaient pas censurées puisque George ne faisait jamais allusion à l’effort de guerre. Par conséquent, je ne savais jamais où il était. »

1945 : Fin de la guerre et mariage

Le jour du mariage

Le 29 août 1945, une fois la guerre terminée, ils se sont mariés dans une Église d’Angleterre à Nottingham. Elle a dit : « Le ciel était couvert le jour de mon mariage. Nous avons eu un mariage intime. Mon amie, Li Shelton, était la dame d’honneur, et Bill, un ami de George, était le garçon d’honneur. J’avais utilisé mes coupons de rationnement pour acheter ma robe de mariée et la réception s’est déroulée chez mes parents à Nottingham, en Angleterre. »

1946 : Son mari s’embarque pour le Canada mais Barbara le rejoindra plus tard :

Une fois mariés, Barbara et Georges sont restés à Nottingham jusqu’à ce que George parte pour le Canada. Pendant ce temps, Barbara a dû remplir et envoyer des formulaires au gouvernement Britannique décrivant son nouveau statut d’épouse de guerre. Elle est restée en Angleterre jusqu’à ce que les démarches soient terminées. Elle continue en disant : « Mon père et mon grand-père m’ont accompagnée en train jusqu’à Southampton et ils sont restés avec moi jusqu’à ce que j’embarque pour le Canada à bord du H.M.C.S. Queen Mary. »

Je n’ai jamais aimé les bateaux et j’ai eu le mal de mer durant le voyage. Par contre, nous avons tous appréciés les petits pains blancs et la délicieuse nourriture à bord du navire. Le voyage était rapide car la traversée n’a duré que 5 jours. Il y avait des activités organisées tous les soirs et le Premier Ministre Mackenzie King et son entourage étaient également à bord du navire. Il a donné une allocution à toutes les épouses de guerre mais il ne m’a pas impressionnée.

1946 : Arrivée et réalité

Lorsque je lui ai demandé ce qu’elle avait remarqué en arrivant au Canada, elle m’a dit : « Je me souviens qu’en passant le long de la côte de Terre-Neuve, je voyais de très petits villages isolés et j’espérais ne pas devoir vivre dans un endroit aussi éloigné. Toutefois, je me souviens avoir espéré que quelqu’un m’accueille en entrant dans le port d’Halifax. Je commençais à me sentir mal à l’aise et je m’inquiétais de ce qui allait m’arriver. »

Lorsque Barbara décrit son nouvel environnement, elle dit : « C’était un choc culturel incroyable pour moi. J’étais habituée aux villes et aux villages anglais. Je n’étais aucunement préparée pour ce genre de vie. Ça alors, tous ces milles d’espace boisé que nous avons longé en conduisant sur un chemin de terre qui nous menait à la maison de ma belle-famille. Je me sentais profondément perturbée par tout ce que je voyais. Chez mes beaux-parents, qui ont été très gentils avec moi, je devais même traverser un nid d’orties pour me rendre aux toilettes extérieures ! Même en Angleterre, je n’avais jamais vu de toilettes extérieures ! »

1946-1950 : Ajustement à un nouvel environnement et la guerre

Association des épouses de guerre :

George nous a trouvé une chambre à Truro, sur la rue Arthur, et cela m’a aidé à me sentir moins éloignée du confort que j’avais connu en Angleterre. L’association des épouses de guerre venait tout juste d’être créée et j’avais assisté à quelques rencontres. Peu de temps après, nous avons fondé notre famille et je n’ai plus eu de temps à consacrer aux réunions.

Les années 50 et 60 : Déménagement à Port Credit et vie en Ontario

Barbara continue en disant : « Après la naissance de notre 3e gamin, nous avons déménagé à Port Credit en Ontario. »

Lorsque je lui ai demandé comment était la vie à Port Credit, elle m’a décrit son nouvel environnement comme suit : « Nous adorions Port Credit. Lorsque nous sommes arrivés, c’était un tout petit village. Les taxes municipales correspondaient à celles d’un petit village. Pas comme aujourd’hui. Ça alors ! Aujourd’hui, ce village fait partie du Grand Toronto, vous savez. George a obtenu un travail dans le domaine de la construction et nous avons eu 6 autres gamins. Nous aimions beaucoup vivre à Port Credit mais vous savez ce que les gens disent à propos des personnes des Maritimes. »

Les années 60 : Retour aux provinces maritimes

Barbara continue en disant : « Nous sommes revenus à Truro en Nouvelle-Écosse en 1967. Par la suite, nous avons eu deux autres gamins. Il semble que nous n’arrivions pas à fermer le robinet un fois qu’il était ouvert. »

Lorsque je lui ai demandé comment était la vie à Truro en Nouvelle-Écosse, elle m’a répondu : « Nous ne sortions pas souvent. Comment pouvions-nous sortir ? Qui allait prendre soin de tous les gamins ? De plus, je n’arrivais pas à m’habituer aux hivers. Nous n’avions pas de neige en Angleterre alors je ne savais pas comment jouer dans la neige, comment patiner et faire toutes ces activités hivernales.

Lorsque je lui ai demandé de me parler du contact avec ses parents, elle m’a décrit la situation comme suit : « Mon père entretenait presque toute la correspondance. Nous nous écrivions assez souvent. Nous recevions des colis d’Angleterre, tout particulièrement durant les Fêtes de Noël. Nous recevions ces jolies boites en fer remplies de biscuits. C’était ces Peak Freans, en provenance direct d’Angleterre. On a pu en trouver ici mais seulement des années plus tard. Ah ! Comme nous les aimions ces biscuits. Et toutes les sucreries qu’ils envoyaient aux enfants. Ils les adoraient. Il était tout simplement impossible de trouver les mêmes friandises ici. Ils n’avaient pas le même goût sucré.»

Les années 70 et 80 : Le temps des associations

Barbara a dit : « Lorsque les plus âgés des enfants sont devenus assez grands pour s’occuper des plus petits, George et moi sommes allés danser à la Légion. George est devenu le Président de la légion en 1969 et nous sommes sortis davantage à la suite de sa nomination. En 1982, alors que ma fille aînée se mariait, George et moi avons fait prendre une photo de nous deux.»

De 1985 à aujourd’hui

Je vais à la rencontre de l’association des épouses de guerre ici à Truro et j’ai beaucoup de plaisir à me réunir avec toutes les autres femmes. Vera Lynn nous divertit. Elle est de notre époque et elle nous fait revivre notre jeunesse. Après la mort de George, je suis allée rencontrer des femmes à différents endroits. J’aimais me réunir avec les femmes de l’association deux fois par an.

Lorsque je lui ai demandé de me parler de sa vie en tant que Canadienne, de ses enfants et de son avenir, elle m’a dit : « George et moi avons eu 11 enfants, 41 petits-enfants et nous avons maintenant 7 arrière-petits-enfants. Ils vivent tous aux alentours de Truro à l’exception de trois d’entre eux : un de mes fils vit dans l’Ouest, un autre en Ontario et ma fille vit à Windsor en Nouvelle-Écosse. »

En jetant un coup d’œil à sa cuisine et à son séjour, j’ai remarqué plusieurs dessins collés sur la porte du frigo et sur les portes des chambres. Lorsque j’en ai fait mention à Barbara, elle m’a dit : « Oh, oui ! Ils adorent dessiner et offrir leurs dessins à leur arrière- grand-maman. Je les colle un peu partout dans la maison. »

Nous remercions Barbara de nous avoir consacré ce temps et d’avoir partagé son histoire. J’ai quitté la rencontre en me sentant enrichi de leur vie, de leur famille, de l’amour qui les unit et de leur héritage.

Photographie de George en tenue militaire et béret.
Photo de la Seconde Guerre mondiale, George
Le jeune George et trois enfants assis sur le pare-choc arrière d’une voiture.
« Papa » George et les trois plus vieux « gamins »
Le jeune George debout à côté d’une voiture.
1956 - George à Port Credit, Ontario
Le jeune George et un autre homme devant l’entrepôt.
1948 - George à l’œuvre à Port Credit
Coupure de journal effacée montrant Barbara et quatre autres épouses de guerre.
Coupure de presse de la réunion des épouses de guerre de 1996 à Sydney, au Cap-Breton
Barbara et une autre femme assistant à une réception pour War Brides.
Barbara et une amie à la réunion des épouses de guerre
Photographie couleur de Barbara et de George plus âgés, bien habillés et fleurs à la boutonnière.
Barbara et George, son époux