Ausma Levalds Rowberry

Mur d'honneur de Sobey

Colonne
14

Rangée
18

First Line Inscription
Ausma Levalds Rowberry

Ausma Levalds a été la 50 000e personne déplacée à être accueillie au Canada après la Deuxième Guerre mondiale et a être envoyée ici par l'Organisation internationale pour les réfugiés. Elle est arrivée au Quai 21 en février 1949 à l'âge de 8 ans avec sa mère Karline Levalds et sa sœur Rasma. Son père, Janis Levalds, avait émigré au Canada un an plus tôt.

Voici l'histoire de Karline Levalds, racontée par sa fille Ausma.

Karline est née le 16 avril 1906 dans une famille trigénérationnnelle fort occupée à Nigrande, en Lettonie. Elle était la fille d'Anna (Meiers) et de Juris Vidners, et la sœur de Lize (1902), d'un frère décédé (1903) et de Paulite (1904). Anna, née en 1907, est morte de la diphtérie à l'âge de six ans. En 1909, à l'âge de trois ans, Karline a été envoyée chez ses grands-parents maternels à Gruntos pour un an. En 1910, elle est revenue vivre avec sa famille à Mezainos où elle est restée cinq ans. Durant la guerre, Karline a été de nouveau séparée, cette fois, pendant trois ans, de ses parents et de ses sœurs, Lize, Paulite et Velta, née en novembre 1915. Elle a été envoyée à Gruntos alors que les autres membres de sa famille ont été chassés de la ferme et envoyés à Vidzeme. En 1918, Karline est revenue vivre avec sa famille, mais brièvement, avant la mort de sa mère d'une méningite. La ferme de ses grands-parents maternels est alors devenue son foyer permanent.

Karline menait une vie solitaire auprès de ses grands-parents âgés. Le dimanche, elle était obligée de lire l'Ancien Testament à son grand-père. Dès qu'il sommeillait, elle lisait le Nouveau Testament, mais ce plaisir était de courte durée. La canne et la voix grondeuse de son grand-père la ramenaient rapidement à reprendre la lecture de l'Ancien Testament. Karline aimait soigner les animaux de la ferme. Cela lui donnait l'occasion d'apprivoiser les animaux et son environnement. Karline a fini l'école primaire à Vainode quand elle vivait chez ses grands-parents.

Les élèves de la campagne vivaient dans un grand grenier dans l'école du village et ils avaient des cours du lundi au samedi midi. Au début de la semaine, les enfants apportaient avec eux la nourriture que leurs parents ou leurs tuteurs pouvaient leur donner. Au début des années 1900, les élèves étaient exposés à l'allemand, au russe et au letton selon le pays qui occupait la Lettonie à ce moment-là. Karline, qui était physiquement petite et qui venait d'une ferme pauvre et reculée, a été victime des moqueries des élèves du village. Néanmoins, elle était contente d'avoir le privilège de fréquenter l'école et était une élève attentive. Elle aimait les nouveaux mondes qu'elle découvrait et l'évasion que la lecture lui procurait. Elle adorait le folklore letton et les chansons traditionnelles qui l'ont nourrie et qui lui ont inculqué le respect de la nature, le respect du travail et une fierté nationale qui l'ont soutenue tout au long de sa vie, tout comme sa foi.

Peu après le décès de sa femme, le père de Karline s'est remarié. En 1925, sa sœur Valija est née et son grand-père maternel, Otis Meiers, est décédé. Karline a retardé son mariage avec Janis Levalds quand son père est mort en mars 1927. Finalement, le 22 juin 1929, Karline Vidners et Janis Levalds se sont mariés. Ils ont mis ensemble toutes leurs ressources pour acheter la part de sa sœur dans Gruntos. Sa grand-mère, Lavize Meires (Turner), a continué de vivre à Gruntos jusqu'à sa mort en 1936.

La vie à Gruntos était difficile physiquement et financièrement. Il fallait améliorer le sol, acheter des animaux, construire de nouveaux bâtiments ainsi qu'une nouvelle maison. Il n'y avait pas de partage des tâches. Karline était partout : elle travaillait dans la grange, les champs, le jardin et le verger; elle cueillait des champignons et des bleuets dans la forêt nationale voisine en plus d'accomplir les tâches ménagères habituelles, soit faire le ménage, la cuisine, le pain, le beurre et le fromage, tisser le lin et faire des couvertures. Elle a planté des arbustes, des fleurs et des tulipes bien que le consultant en agriculture l'ait découragée de planter des tulipes, leur préférant les vivaces qui demandaient moins de soins. Toujours intéressée à apprendre les techniques et les méthodes les plus récentes, elle a suivi des cours en sciences domestiques appliquées offerts par l'État. Et au lieu de lire l'Ancien Testament, elle lisait le journal aux employés qui insistaient pour qu'elle s'assoie et qu'elle se repose quand le journal arrivait. En plus de tout cela, elle a mis au monde et élevé trois enfants : Ilmars (le 8 novembre 1929), Rasma (le 16 février 1933) et Ausma (le 28 avril 1940).

La guerre est venue encore une fois bouleverser sa vie. Karline et sa famille n'ont pas eu d'autre choix que d'abandonner leur ferme et de quitter leur pays vers la fin de décembre 1944 et de passer les quatre années suivantes en Allemagne dans des camps de personnes déplacées. En février 1949, Karline est partie avec ses filles rejoindre son mari et son fils qui avaient émigré au Canada l'année précédente. Sans aucune connaissance de l'anglais, Karline a vécu avec ses filles dans un hôtel de New Hamburg où elle a travaillé comme cuisinière et femme de ménage pendant un certain temps.

Vers la fin du printemps, elle a commencé à travailler chez Hahn Brass, à emballer de la quincaillerie. Elle a loué deux pièces au deuxième étage de la maison en rangée d'un jeune couple pour elle et ses filles. Il n'y avait pas d'eau, de toilette et de cuisinière. Il fallait traverser les pièces où vivait le jeune couple pour se rendre à leurs deux pièces. Il fallait monter et descendre plusieurs fois par jour parce que la pompe à eau manuelle et les toilettes étaient dans la cour arrière. Durant cette période, le mari et le fils de Karline remplissaient leurs obligations respectives de travail à la ferme.

En 1950, en mettant leurs économies en commun et avec un emprunt de 500 $, la famille a acheté un lot et tout le monde a aidé à construire la maison. Karline avait enfin un terrain et un foyer. Elle a planté avec joie un jardin potager et un verger, de même que des arbres, des arbustes et des fleurs. Même si Karline n'a jamais oublié les oiseaux chanteurs et les plantes de la Lettonie, elle a pris plaisir au chant des merles, au vol des colibris dans les fleurs et aux belles taches de couleur des cardinaux et des geais bleus. Elle s'est émerveillée de la beauté du trille et de l'ancolie. Karline a suivi des cours du soir pour apprendre l'anglais et l'histoire pour se préparer à devenir citoyenne canadienne.

En juin 1974, Karline et son mari ont déménagé à Peterborough où, avec Ausma, ils ont acheté une maison pour que Karline puisse s'occuper avec amour de son petit-fils, Andrew. En peu de temps, elle avait planté un jardin potager et un jardin de fleurs.

Sa foi lui a été d'un grand réconfort tout au long de sa vie, tout comme son amour et son respect de la nature, de la poésie et des chansons traditionnelles. Sa vie était centrée sur son foyer, sa famille et ses amies, partageant son amour et ses talents avec tous. Voici quelques photos d'Ausma Levalds.

Ausma, enfant, assise près d’une poupée et tenant un écriteau indiquant  50 000th Refugee.
Ausma acceptant une poupée et un écriteau indiquant qu’elle est la 50 000e réfugiée.
Documents de voyage montrant photographies d’Ausma, de sa sœur et de sa mère.
Ausma, plus âgée, et son fils et son petit-fils au Musée du Quai 21.
Ausma avec son fils et son petit-fils au Quai 21
Ausma en blanc, debout à l’extérieur avec une amie.
Ausma et une connaissance
Article de journal défraîchi sur Ausma et sa sœur quand elles étaient jeunes filles.
Ausma dans le journal avec sa sœur Rasma et son père Janis Levalds